SETH, groupe de black metal français, fête les 20 ans de son album « Les Blessures de l’Âme ». A cette occasion, le groupe a sorti une édition live de cet album appelée « Les Blessures de L’Âme – XX ans de Blasphème » sous le label Les Acteurs de l’ombre. Je vous emmène dans leur univers avec une interview de Heimoth, un des membres fondateurs du groupe.

Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ? Qui êtes-vous et quel est votre rôle dans SETH ?

Heimoth, membre originel, guitares.

En quelques mots, qu’est-ce que SETH ? Quelle est l’histoire du groupe ?

En quelques mots ? Un peu difficile de résumer une carrière de 25 ans. On a débuté dans le sud-ouest de la France à répéter du black metal, chose que peu de monde connaissait en 1995. Il y avait des groupes qui se distinguaient tels que Marduk ou Emperor. C’était très motivant de naître dans une époque où les groupes dans le style pouvaient encore se manifester authentiquement sans être trop éclipsés par la quantité de formations environnantes.

Après une démo nous avons été approchés par Season of Mist, parmi ses premiers groupes, pour arriver sur Osmose lors de notre deuxième album en 2000. On a eu pas mal de reconnaissance dès les premières années du groupe car je pense qu’on se distinguait des autres Français grâce à un BM très intense, rapide dont les mélodies restaient très assumées. Notre chant en français a su également s’établir comme pierre angulaire du style dès 1998.

En d’autres termes, on est sorti naturellement de l’underground quand certains groupes de l’époque critiquaient ouvertement nos interviews sollicitées par de gros magazines. Par la suite, tous les groupes ont suivi ces mêmes traces. Aujourd’hui, certains parlent de nous comme les pionniers français.

Pourquoi avoir choisi de rendre honneur à cet album en particulier, 20 ans après sa sortie ?

Le groupe a sorti des albums très différents les uns des autres à travers toutes ces années. Après vingt ans, il nous a semblé naturel de rendre hommage à ce qui constituait la source vivante de notre périple, en ravivant les racines de notre entité, en célébrant un anniversaire entièrement fidèle à l’essence de l’esprit de l’époque. Une époque trop souvent caricaturée qu’on a souhaité faire revivre de manière assumée. C’est un plaisir pour nous de pouvoir proposer ce spectacle.

A l’occasion de cet anniversaire tout particulier, vous avez décidé de sortir une édition live des « Blessures de l’Âme » appelée « Les Blessures de L’Âme – XX ans de Blasphème ». Pourquoi avoir choisi d’enregistrer l’album aux Feux De Beltane (mai 2019) ?

On ne l’a pas prémédité c’est en fait une idée de LADLO. Suite à notre prestation, on nous a fait écouter un enregistrement, Gérald du label nous a proposé de lui-même de sortir ceci sous version CD par son label. On a gardé notre ingé son live pour remixer les bandes et nous avons été séduits par la qualité de l’enregistrement.

Aujourd’hui nous pouvons enfin présenter cet album sous une version différente, bien loin du son très compressé du CD originel. C’est très enthousiasmant de pouvoir proposer un nouveau son à ces morceaux, légèrement plus actuels et bien meilleur à mon goût.

En 1998, « Les Blessures de l’Âme » était sorti chez Season of Mist. Pourquoi avoir choisi le label Les Acteurs de l’ombre pour l’édition live de 2019 ?

Comme je l’ai dit plus haut, c’est un concours de circonstances, une idée des Acteurs à la base. Gérald a contacté Season par la suite et il n’y a eu aucun souci.

En 2012, Season of Mist a sorti une réédition de l’album. Était-ce suite à votre demande ou à celle du label ? Pourquoi avoir remasterisé l’album ?

Nous avions fait un break de quelques années avant de 2012. On avait prévu de revenir sur Season qui a proposé de rééditer cet album car je crois savoir qu’il n’était plus disponible. Par la suite, on a sorti notre cinquième album, « The Howling Spirit ».

Certains groupes me disent parfois qu’ils se lassent de jouer tel ou tel morceau de leur set mais qu’ils continuent de le faire pour satisfaire leur public. Et vous, y-a-t-il un morceau (ou plusieurs) dont vous vous lassez mais que vous jouez malgré tout ?

Pas vraiment car on ne fait pas partie des groupes qui sont toujours sur la route. On joue assez occasionnellement donc on ne se sent pas forcément las de jouer tel ou tel titre.

Comment fait-on pour faire garder cette même fraîcheur, cette même puissance émotionnelle à un album qui a 20 ans ?

On a réfléchi quelque peu à la meilleure des manières de magnifier l’esprit représenté par cet album. On a privilégié la sobriété avec quelques cierges et un backdrop rappelant directement la pochette. Il n’était pas de notre souhait d’apporter une quelconque touche de modernité – pas de kakemonos ni d’artifices trop récents. Tout ceci s’est fait naturellement grâce entre autres au charisme de notre chanteur Saint Vincent. Certains de nos membres récents ont aussi en effet poussé à raviver la flamme des « Blessures ».

Lors de l’écoute d’un album, il nous arrive souvent d’avoir notre petit morceau préféré, cette petite pépite qui nous fait voyager encore plus loin que les autres. Qu’en est-il pour vous ? Y-a-t-il un morceau en particulier sur « Les Blessures de l’Âme » qui vous fait plus vibrer que les autres et pourquoi ?

« A la mémoire de nos frères » ne me laisse bien sûr pas indifférent car c’est celui qui avait été mis en avant en 1998. C’est pour beaucoup un titre incontournable de la scène BM française et ça se ressent lorsque nous sommes sur scène.

Vous avez déjà pas mal de belles dates à votre actif, une certaine expérience aussi… Est-ce qu’il vous reste tout de même des rêves à réaliser, des objectifs à atteindre avec SETH ? (Concert ultime, label de vos rêves, groupe(s) avec qui vous rêveriez de jouer, …)

C’est toujours sympa de pouvoir faire de bons festivals sans perdre de vue l’aspect intimiste des petites salles. Cette année on nous propose le Hellfest pour faire « Les Blessures de l’Âme » et c’est franchement un certain aboutissement que de pouvoir présenter cet album devant des dizaines de milliers de personnes sur le sol français. Vivement ! Il n’y a pas de label ultime, il n’y a que des maisons de disque qui soient motivés à sortir un groupe spécifiquement. C’est ça qu’on recherche, un label dont la motivation se ressent.

Je vous laisse le dernier mot de cette interview afin de vous permettre de la clore comme bon vous semble et en vous laissant l’opportunité de délivrer un message qui vous tient à cœur.

Cet anniversaire de l’album se finit cette année, ne manquez pas nos dernières prestations pour faire vivre à jamais « Les Blessures de l’Âme » !

Je clos cette interview avec une vidéo du live donné par SETH au Tyrant Fest en 2019.


Photo par © Thomas Mazerolles

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