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C’est sous une météo grisonnante que je prends la route ce samedi 24 octobre en fin de matinée, direction Paris, pour assister à la release party du tout premier opus d’Orkhys : « Awakening ». Le concert était initialement prévu deux jours plus tôt, mais l’instauration soudaine d’un couvre-feu à 21 heures sur une partie du territoire français a bouleversé l’organisation de nombreux événements. Certains ont été reportés ou tout simplement annulés, mais Orkhys et Remember the Light, qui partagent l’affiche, montrent une véritable volonté de se battre et de maintenir l’événement coûte que coûte. Rien que pour cela, je tire mon chapeau à ces deux formations.

Le rendez-vous est fixé pour 16 heures à la péniche Antipode, sur les quais de Seine. Malheureusement, quelques incidents techniques surviennent durant les balances et nous montons à bord du bateau avec près de 45 minutes de retard. Je me résigne alors : il faudra inévitablement quitter la salle avant la fin du concert pour être rentrée avant le couvre-feu, également d’actualité dans le Nord-Pas-de-Calais. Tristesse …

Péniche Antipode
affiche Orkhys RTL

Malgré le changement de date et l’horaire précoce, le public est au rendez-vous. Les soixante places disponibles ont été réservées, l’événement est sold-out dès le début de la semaine.

À peine entrée, j’esquisse un sourire en voyant la superbe batterie installée aux petits oignons sous les projecteurs. Un détail, me direz-vous ? Pas si sûre, la batterie fait partie intégrante de l’esthétique globale du show et là pour le coup, ça brille, ça attire l’œil et ça habille parfaitement le fond de scène dénué de backdrop et de roll-up.

Remember the Light

C’est devant une audience assise et masquée que Remember the Light entre en scène. Découvert pour ma part l’année dernière lors de leur unique date dans le Nord de la France, je suis ravie de les retrouver pour l’occasion. Le set débute avec « Blooming », dont le clip est sorti en 2019, puis vient « The Outcome ». J’apprécie particulièrement ce titre avec un thème jazzy magnifiquement interprété par Olivier au clavier.

Remember the Light
Stayn, Cécile, Grégoire, Bertrand

Les six musiciens affichent une bonne présence dès les premières notes. Pas de préchauffage, ça envoie tout de suite dans tous les sens en dépit de quelques soucis de son qui ne les déstabiliseront pas. Il s’agit du premier concert avec Axel à la batterie et Bertrand à la basse et growls. Malgré un changement de line-up récent, on devine une complicité grandissante entre les membres du groupe. Ils sont nombreux, mais chacun trouve sa place sur la scène qui pourtant n’est pas excessivement grande. Pas de timide chez Remember the Light, le partage de l’espace est équilibré et les interactions entre musiciens fréquentes. Les deux guitaristes charismatiques encadrent la scène et assurent le spectacle avec aisance, même sur les parties plus techniques, et on pourra compter sur la chanteuse et le bassiste pour le headbang. En fond de scène, batteur et claviériste expressifs, bien que cloués derrière leurs instruments, ne passent pas inaperçus non plus.

Remember the Light
Olivier
Remember the Light
Axel

La playlist comporte l’intégralité de l’EP « The Outcome » (2019), « I will Disappear », extrait de la première démo « Exilés » (2016), ainsi qu’un nouveau titre. En milieu de set, on nous propose une pause douceur avec une reprise de « Priscilla’s Song », tirée de la BO du jeu vidéo The Witcher, interprétée ici avec brio par Cécile et Stayn en duo voix/guitare acoustique.

À noter aussi, la participation de deux invités : Charlene Morgan (Priest of Steel, 22 Acacia Avenue) donne la réplique à Cécile sur « Stand Up For What You Are »; et Julien, ancien bassiste/growler du groupe sur « Heroes ». L’un comme l’autre marqueront les esprits par leur prestation parfaitement intégrée au reste du show.

Remember the Light
Julien
Remember the Light
Charlene

Musicalement, la recette Remember the Light est rodée : un metal mélodique travaillé qui laisse paraître les influences classiques du/des compositeur(s), des mélodies qu’on ne peut s’empêcher de fredonner plus tard combinées à des passages plus techniques, un chant tantôt lyrique, tantôt clair flirtant adroitement avec les aigus et pimenté de growls, le tout plongé dans un univers sombre. Les deux guitares gardent constamment l’équilibre, les soli se font entendre, c’est agréable ! On perd malheureusement la basse sur une partie du set suite à un problème matériel et on ne l’entend que trop peu le reste du temps. La batterie, dynamique et cohérente avec les autres instruments, se montre parfois très chargée et peu contrastée. Les orchestrations menées par le clavieriste surplombent subtilement le tout. Globalement le groupe s’en sort haut la main durant les 50 minutes de show qui passent vite, bien trop vite.

Le changement de plateau s’éternise un peu. Je vois l’heure tourner et Orkhys démarre finalement à l’heure où j’avais initialement prévu de partir pour être rentrée avant le couvre-feu. Je tire un peu sur ma marge « embouteillages » en croisant les doigts, j’ai vraiment trop hâte de découvrir ce tout nouveau projet sur scène.

Orkhys

Quoi de mieux pour lancer le set que le premier single du groupe, « The End Of Lies« , dont le clip a été dévoilé fin septembre ? Un titre pêchu aux sonorités heavy dont le refrain vous reste en tête au moins jusqu’au lendemain.
Le groupe n’ayant sorti pour le moment qu’un EP 3 titres, nous nous attendons à beaucoup d’inédits sur la setlist. Pour ma part, c’est uniquement sur les 20 premières minutes de la prestation que je devrai me faire un avis.

L’une des particularités d’Orkhys est l’introduction de parties de harpe, jouée par la chanteuse Laurene, sur certains titres. C’est le cas de « Guardians Of Our Lives« , également présent sur l’EP « Awakening » et interprété ici en début de set. Laurene est typiquement le genre de musicienne qui me captive. Je la vois prendre une grande respiration avant de commencer le morceau et puis c’est parti : les notes défilent avec une fluidité et une émotion déconcertantes, elle est concentrée mais semble détendue, parfaitement en phase avec son instrument. Instant magique.

Orkhys
Brice
Orkhys
Laurene

À la batterie, Jean Yves assure un jeu nuancé, ça tabasse aux blasts et tapis de double mais il sait se mettre en retrait sur les parties plus cool. Brice est le seul guitariste du groupe (mais aux multiples guitares !) ce qui laisse suffisamment de place à Julien pour se permettre quelques instants mélodiques à la basse. Le chant est principalement lyrique, parfois poussé à l’extrême, ponctué par des parties de voix claire. On aime ou pas, le rendu est cohérent, voire impressionnant.

Le jeu de scène se fait plus discret chez Orkhys, notamment guitare et basse, mais reste très prometteur pour les prestations futures.

Ce qui est plaisant avec Orkhys, c’est l’aisance avec laquelle ils mélangent les styles. C’est ainsi que pendant une partie de blast tu te dis : « Hey mais il y a 10 secondes on était sur un duo guitare acoustique/harpe, WTF ? ». On retrouve régulièrement une ambiance celte/médiévale comme le laisse deviner le logo du groupe, mais les amateurs de gros riffs agressifs et énergiques y trouvent également leur compte. En résumé, c’est varié et surprenant.

Orkhys
Julien
Orkhys
Jean-Yves

Tout au long du concert, je constate un public attentif et réceptif. Les conditions particulières ne laissent que trop peu de temps pour échanger vraiment avec les groupes et le fait de devoir surveiller l’heure et partir avant la fin me laisse un léger sentiment de frustration. Pour autant, je n’ai aucun regret d’avoir fait le trajet jusqu’à Paris pour ce show avec deux groupes de qualité dotés d’une motivation à toute épreuve.

Bien entendu, je repars avec quelques souvenirs.

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