À l’occasion de la sortie de « Sect of Vile Divinities » nous avons interviewé Chuck Sherwood et John McEntee, retour sur 30 ans de carrière et un album puissamment inspiré.

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Salut John et Chuck ! Comment allez-vous ? Comment s’en tire le groupe avec cette situation un peu particulière du Covid-19 ? Est-ce inspirant dans un certain sens ? Avez-vous développé de nouvelles façons de communiquer avec vos fans ?

Chuck: Salut ! Nous passons le temps en étant essentiellement productifs alors que le monde est en confinement. Nous nous concentrons davantage sur l’écriture et la réalisation de vidéos jusqu’à ce que l’épidémie cesse et que nous puissions reprendre la route. Les visioconférences via Zoom pour des sessions “Questions/réponses” ont été un très bon moyen pour rester en contact avec nos fans.

 

Pourriez-vous nous en dire plus sur votre processus de création en tant que groupe ? Change-t-il d’album en album ? Comment s’est-il déroulé pour “Sect of Vile Divinities” ?

Chuck: Notre processus est principalement le même d’un album à l’autre, nous y contribuons tous. Que ça soit pour un riff, un enchainement de riffs ou même des morceaux complets, nous y contribuons tous individuellement dans un premier temps. Ensuite, nous retravaillons l’ensemble pour qu’il corresponde aux goûts de chacun afin d’avoir un rendu plus cohérent qu’une simple succession des différentes parties déjà composées. L’ego n’a ici aucune place ce qui explique pourquoi on se retrouve avec autant de matière. C’est comme ça que ça se passe concernant la musique, pour ce qui est des paroles, quand l’inspiration est là, je peux écrire des albums entiers. Ensuite, John, Kyle et moi-même nous arrangeons la cadence et la syncope en fonction de la musique. Nous sommes dans un flot constant d’idées c’est pourquoi nous gardons les “retouches” pour la fin. Nous avons travaillé de la même façon avec “Sect” que nous avions déjà pratiquement terminé il y a deux ans. Si on réécoute un morceau et qu’il nous semble trop long c’est qu’on peut encore l’améliorer.

 

L’album “Sect of Vile Divinities” a-t-il un concept en particulier ? Où avez-vous puisé votre inspiration cette fois ?

Chuck: Conceptuellement parlant, les entités et les déités mentionnées dans l’album sont assemblées dans un temple oublié comme une sorte de secte, comme le représente la pochette. Elles partagent toutes une nature “vile” contre les religions opposées (ou les éthiques religieuses opposées) et les erreurs de l’humanité. Pour cet album en particulier, j’ai puisé dans mes muses habituelles mais j’ai aussi ajouté des sujets qui me sont moins familiers. Une façon de me plonger dans de nouveaux intérêts et d’explorer mon subconscient avec le Death Metal comme catalyseur. On y retrouve du folklore, de la mythologie, de l’histoire, de l’occultisme et mes rêves, comme dans ce que j’ai apporté en matière de paroles dans nos 4 derniers albums.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur le clip de “Entrails of the Hag Queen”, qui est sorti la semaine dernière ? Comment s’est passée la collaboration avec Nader Sadek comme réalisateur ? Comment s’est construit le scenario ?

Chuck: “Entrails of the Hag Queen” est inspiré d’une légende balinaise/hindoue qui raconte que durant le règne de Airlangga, à la fin du 10ème siècle, la fille d’une sorcière ne pouvait être mariée, sa mère faisant mauvais usage de la sorcellerie. La sorcière, depuis qu’elle était devenue veuve, détruisait les récoltes, causant la maladie et des inondations. Indignée qu’aucun ne veuille épouser sa fille, elle sacrifia un enfant au “temple de la mort” à la démone Rangda, qui dévorait les enfants et qui se trouvait à la tête d’une armée de Leyaks qu’elle dressa alors contre Barong (le dieu protecteur). Les Leyaks ont une apparence humaine durant la journée, mais la nuit leur tête se décolle et leurs entrailles sortent de leur corps cherchant à sucer le sang des bébés ou à dévorer les nouveau-nés qui sont encore dans l’utérus de leur mère. Je ne sais pas si vous avez déjà vu le film “Mystics in Bali” ? Il s’inspire grosso modo de la même histoire.

Travailler avec Nader a été une super expérience, nous étions sur la même longueur d’onde. Nous étions tout aussi inspirés et enthousiastes à l’idée de sortir la vidéo. Après une courte introduction par visioconférence sur Zoom, il s’est mis au travail sans relâche pour créer le script. Le laps de temps très court dont nous disposions a créé quelques inquiétudes et problèmes, ce qui ne l’a pas empêché de persévérer pour notre plus grande gratitude. On retrouve les signes distinctifs de son travail ainsi que chaque aspect de l’histoire susmentionnée. À nos yeux, le résultat est fantastique, nous aimerions travailler encore avec lui dans le futur.

 

Avez-vous déjà de nouvelles compositions ou idées pour un prochain album ? Ou des compositions que vous n’avez pas utilisées sur cet album qui sortiraient dans le futur ?

En effet, on a déjà presque 10 nouvelles compositions. Certaines sont déjà complètes alors que d’autres ont juste une structure et nous devons encore nous pencher dessus. Les paroles sont déjà complètement écrites et elles doivent maintenant être arrangées en fonction de la matière. Mais certaines sont déjà achevées à ce stade. Nous avons épuisé la plupart de notre stock de compo inutilisées. N’en gardant qu’une qui va être retouchée dans le futur.

Incantation a gagné une place majeure dans la scène underground depuis déjà plusieurs années. Après 30 ans de carrière, comment expliquez-vous l’attachement que vous portent les fans des premières heures et les nouveaux fans plus récents ? Vous avez acquis un statut culte avec « Onward to Golgotha » cependant vous donnez l’impression de ne jamais vous reposer sur vos lauriers, je me trompe ?

Chuck: Il est pour le moins impossible de prédire les hauts et les bas de la scène ou de la fan base. Bien que j’aie pu remarquer qu’il y avait trois périodes distinctes qui suscitent l’intérêt des gens, qui peuvent alors être exclusifs ou les aimer toutes. Cela dit, ces dix dernières années, ça a été un honneur pour nous de constater que nous suscitions un nouvel intérêt chez les plus jeunes. Mais tous nous font preuve d’une fervente admiration qui n’est jamais ignorée.

 

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Avez-vous l’impression qu’Incantation est devenu quelque chose de plus gros depuis que vous avez signé à nouveau avec Relapse Record en 2016 ?

Chuck: Il est difficile de parler de “sa” popularité sans tomber dans l’égocentrisme. Nous avons connu un soutien considérable ces dernières années mais l’attribuer à un seul facteur ne serait pas correct. Nous sommes reconnaissants d’avoir le soutien de Relapse. C’est génial, autant pour leur communication, ils nous tiennent au courant de chaque étape, que la volonté de nous aider et la compréhension dont ils font preuve quand nous ne sommes pas tout à fait sur la même longueur d’onde. Nous sommes vraiment chanceux, c’est le moins qu’on puisse dire.

Pour revenir sur votre carrière musicale, quelle a été votre plus grande réussite après toutes ces années ?

John: Franchement, juste le fait d’être toujours là après 30 ans. Nous avons beaucoup de choses dont nous pouvons être fiers, mais la plus importante c’est notre détermination pour notre style et la volonté de transcender toutes les tendances dans le metal.

 

Que pensez-vous de la scène underground actuelle ? Quels seraient vos conseils pour les nouveaux groupes qui tentent d’émerger ?

Chuck : Je suis toujours impressionné de voir que la scène perdure malgré les changements de goûts, les variantes qui apparaissent dans le style ou même les pandémies. Beaucoup de groupes remarquables sont apparus ces dernières années, on peut donc envisager un futur stable pour la scène.

Pour les nouveaux groupes, je dirais de rester inspirés, de se concentrer sur les choses que vous aimez vraiment. Jusqu’à ressentir l’envie de toujours apprendre et d’aller de l’avant afin de ne pas stagner. La quantité de tablatures qui sont mises à notre disposition de nos jours est impressionnante. Cultivez et nourrissez votre talent et peu importe si cela vient rapidement ou plus lentement. Il y aura toujours quelqu’un de meilleur si on compare. Simplement, aime ton art et fais-le.

Voudriez-vous ajouter quelque chose ?

Chuck: Merci beaucoup pour l’interview, on espère vous croiser sur la tournée de “Sect of Vile Divinities”, le plus tôt possible espérons-le. “Crush souls with sorcery, crush skulls with death metal” (ndl: on vous le laisse en anglais). À la prochaine !

Merci à vous ! On vous souhaite le meilleur et on espère vous voir bien vite sur scène au Mass Deathtruction en Novembre

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