Grâce au collectif Shattered Booking nous avons pu réaliser l’interview du groupe de « sludge progressif » belge Cottrell. Lisez cette interview pour en apprendre plus sur eux.


Le « à propos » de votre page Facebook m’a beaucoup intriguée, pourriez-vous m’expliquer ceci « Les métaux purs ne sont pas forcément les plus durs. Certaines impuretés, sous forme de nuage de Cottrell, peuvent les rendre plus résistants. » ?

Le nom du groupe nous a été apporté par notre ancien bassiste qui était chimiste de formation.

On l’a vu comme un clin d’œil à notre musique.

L’idée derrière, c’est que ce n’est pas parce que tous les membres d’un groupe jouent des parties lourdes ou « méchantes » ou même agressives en même temps que le rendu final le sera forcément (lourd-méchant-agressif).
C’est même le contraire.

L’homogénéité dans le côté agressif donne une impression de monotonie à nos oreilles.

En ce qui nous concerne, certaines « impuretés » comme par exemple un chant qui va un peu à contre-courant de ce qu’on pourrait attendre dans un genre musical bien défini ou un passage plus planant au milieu d’un déluge de sons distordus ou encore quelques imperfections dans le jeu, apportent ce relief indispensable.

Bref on met plein d’impuretés dans notre nuage musical et c’est ce qui le rend plus solide. C’est pour ça qu’on fait même exprès des fausses notes en live pour que ça fasse encore plus solide…


Du coup, Cottrell en quelques mots, qu’est-ce que c’est ?

Pour nous Cottrell c’est une musique métal plutôt dure, plutôt sombre, parfois oppressante d’un prime abord mais nuancée, contrastée à travers un chant majoritairement clair, voire des harmonies vocales.


Toujours selon votre page Facebook vous faites du « sludge progressif », pourriez-vous nous détailler un peu plus cela ? C’est quoi du sludge progressif ?

Pour être franc, on ne savait pas ce qu’était le sludge avant que des gens nous disent qu’on en faisait.

Donc on s’est renseignés et on s’est dit : oui un peu. Ce qu’on joue est effectivement lourd, poisseux, dégoulinant et downtuné si c’est ce qu’on met derrière le mot « sludge ».

On nous a aussi dit qu’on était stoner.

Effectivement aussi. Il y a bien un côté répétitif, avec du morceau long sur un son bien gras.

Peut-être le côté drogue dans le désert qui fait voir des licornes du stoner en moins.

On nous a parfois parlé de progressif pour le côté morceaux à tiroirs, un peu longs et pour le fait qu’on ne rentrait pas à 100% dans un style bien codifié.

C’est pas faux non plus. Effectivement on ne s’interdit pas d’accoler un passage plus thrash ou plus death après du riff lourd et poisseux ou une ligne claire, le tout pendant 7 minutes 30.

Nous, on aurait juste dit « métal » mais comme on n’est pas contrariants, va pour le sludge progressif.

En plus ça fait groupe qui a l’air de savoir ce qu’il fait comme musique.


Parlez moi de votre EP, que pouvez-vous nous dire là-dessus ? Que doit-on savoir avant de l’écouter ?

On avait déjà enregistré une démo en 2015 avec les moyens du bord.

Là il s’agissait de notre premier passage dans un vrai studio derrière une vraie vitre.

On a choisi le Noise Factory de Gérald Jans car pas mal de groupes qu’on connait (des amateurs comme des pros) ont enregistré là et on n’entendait que des choses positives sur le travail de Gérald tant d’un point de vue musical que pour ses qualités humaines.

On n’a aucune action chez lui (pas encore, on va peut-être négocier un truc après cette interview), mais sa réputation n’est pas usurpée.

Compte tenu de notre inexpérience dans le domaine, Gérald nous a super bien guidés, conseillés et mis à l’aise.
Il a fait un super taff sur le mix et la prod. C’est unanimement salué par ceux qui ont eu l’EP entre les oreilles.

Sans s’auto-congratuler, on doit quand même avouer qu’on n’est pas peu fiers du rendu final, surtout pour les amateurs (éclairés mais amateurs quand même) que nous sommes.

Et le plus important à nos yeux, c’est qu’on ne regrette rien.

Pour l’aspect technique de la chose, le tout a été enregistré en 3 jours. Il s’agissait de prises live pour la batterie et les guitares.

Puis la basse bassait seule.

Puis les chants chantaient seuls.

Pendant et après l’enregistrement Gérald a fait son taff d’éditing à la vitesse de l’éclair et il a été à l’écoute de nos remarques sur le mix. Il a même proposé des éléments de prod que nous avons gardés car ils ajoutaient quelque chose de vraiment sympa aux compos (par exemple les doubles voix sur les couplets de Silicone Instinct dans un registre panteresque ou encore le délai sur l’intro de The Messiah).

En ce qui concerne les morceaux, comme ils sont assez longs et que notre budget était limité, nous avons opté pour 3 titres et pour les peaufiner au max plutôt que d’en faire plus mais de ne pas être certains de pouvoir les ciseler comme on le souhaitait.

Il y a d’autres morceaux qui ne sont ni sur notre première démo, ni sur l’EP qui auraient mérité d’y être mais il faut faire des choix.

Une chose est certaine, on repassera par la case studio et ce sera très vraisemblablement chez Gérald.

(Bon avec tout ça on espère qu’il va nous faire une méga-réduc quand même…)


Toujours concernant l’EP, vous avez organisé un release party, comment cela s’est-il passé ? Quels sont les retours que vous avez déjà reçu au sujet de l’EP ?

Les trucs qu’on a le plus lus ou entendus sur la démo :

Gros gros son, très pro.

La prod et le mix au top.

Une belle évolution par rapport à notre première démo (là ça nous rassure quand même).

Pour la voix ou le son, les noms de Franky (DSVD, pas Vincent) et de Channel Zero sont revenus à plusieurs reprises.

C’est assez rigolo parce qu’en fait moi j’ai découvert Channel sur le très tard grâce à Ercan.

Je ne considère pas Channel comme une influence au niveau du chant ni de notre musique dans la mesure où je ne les connaissais pas (encore).

Puis j’ai eu l’occasion de les découvrir à travers une reprise (Suck My Energy) et de les voir sur scène.

Depuis, je prends ça pour un méga compliment chaque fois qu’on me/nous parle de Channel tant Franky assure et tant ce groupe est emblématique de ce que le métal belge fait de meilleur.

Et le fait que le Noise Factory soit le QG de Channel boucle la boucle.

Pour ce qui est des retours, là où on se dit qu’on fait un truc pas trop dégueu, c’est quand des gens que tu ne connais pas à l’autre bout du monde te laissent de l’argent via les plateformes numériques.

C’est super gratifiant.

Bon, au niveau de ces rentrées de pognon, pas de quoi tout plaquer et aller vivre sous le soleil non plus.

En ce qui concerne les retours sur l’EP, notre citation préférée au sujet de la galette restera à jamais :

« There’s enough metal to rebuild the twin towers. »

Que demander de plus ?


Vous avez du faire face à un changement de line-up assez inattendu, comment avez-vous géré cela ? Comment cela se passe-t-il avec Sturgis votre nouvelle recrue ?

On a déjà connu plusieurs changements de line-up. C’est la vie d’un groupe. Pas toujours simple à gérer. Ça se termine par des clashes humains -ou pas- mais il faut parfois en passer par là pour avancer musicalement.

Ici Romain (notre ancien batteur) nous a annoncé sa décision de quitter le groupe lors du dernier concert. Il avait envie de faire un break musical et de recommencer autre chose plus tard.

C’est comme ça, et même si ce n’est pas ce qu’on espérait, on respecte sa décision.

On en a alors discuté tous les trois et Romain nous a même proposé d’assurer la date prévue à la Zone.

Après réflexion Ercan et moi avons décidé de chercher immédiatement un remplaçant et de voir si on pourrait assurer la date avec ce dernier.

Si pas on aurait cédé notre place à un autre groupe.

Puis tout a été très vite.

J’ai contacté Sturgis qu’on connaissait à travers sa participation à The Devil’s Work, des potes avec qui on avait déjà partagé des scènes et qui étaient nos voisins de local.

Ercan et moi savions comment il jouait : groove, précision, rapidité d’apprentissage. En un mot : pro.

Sturgis avait déjà entendu les morceaux et l’EP.

On lui a demandé s’il était dispo et motivé pour nous rejoindre. Il nous a suivis de suite.

On a fait quelques répètes avec lui et franchement, ça tourne à mort.

Si vous voulez savoir comment ça sonne, va falloir venir à la Zone le samedi 15 juin.


Je vous laisse le mot de la fin.

Là on se réjouit vraiment de remonter sur scène.

Surtout avec une machine de guerre comme Sturgis.

On va se faufiler sur toutes les scènes qui nous semblent intéressantes et saisir toutes les opportunités qui nous permettront de développer notre projet.

Et une interview comme celle-ci sur un support dédié au métal comme Metal Overload est ce genre de belles opportunités de faire découvrir notre musique qu’on ne peut pas rater. On vous en remercie.


Vous voulez en savoir plus sur Cottrell?