Qu’est-ce qu’Oddism ?

Mathieu: Oddism, c’est le culte de l’étrangeté. C’est explorer un peu le monde musical sans vraiment se fixer de limites tout autour du culte de l’intrus. On veut essayer de surprendre avec de nouvelles choses, de nouvelles idées. On ne se pose pas vraiment de limite, tant qu’on est dans notre élément tous ensemble.


Vous êtes définis comme étant un groupe de mathcore, pouvez-vous m’en dire un peu plus ?

Mathieu: Mathcore à la base c’est « mathematical hardcore », c’est un dérivé du hardcore mais qui reste très très large parce qu’il y a pleins de groupes dans le mathcore qui sont complètement différents de nous. Donc c’est un peu une étiquette qu’on peut se mettre mais après, moi je me définirai un peu plus comme un groupe de chaotic hardcore avec des côtés un peu fusion.

Gio: On ne s’est jamais vraiment collé d’étiquette je pense, ce sont vraiment les magazines qui nous ont identifiés comme un groupe de mathcore ou de chaotic hardcore. Nous on n’a pas vraiment choisi ça.

Mathieu: Il en faut toujours une donc, on a choisi de mettre ça parce que c’est comme ça qu’on nous présente. Mais, finalement, on est simplement content de faire notre metal et on se complaît bien dans notre style quoi.


Vous êtes un groupe franco-belge, comment vous gérez ça en matière de répétitions et d’organisation ?

Gio: Au début c’était un peu compliqué, parce que j’habite juste à côté de Dour et j’ai rencontré tout le groupe à Maubeuge qui n’était pas très loin mais en fait, ils sont de la région de Lille. Du coup, les répètes, on les faisait à Maubeuge, c’est un compromis qu’on avait trouvé, on avait chacun plus ou moins une heure de route. Maintenant, on essaie de répéter une à deux fois semaine quand on a le temps parce qu’on travaille tous. On répète à un endroit plus ou moins neutre, histoire que la distance soit équitable. Le plus dur c’était au début mais maintenant qu’on a trouvé une bonne dynamique de travail, c’est nickel.

Mathieu: On communique bien quand même. Avec internet, on peut s’envoyer nos travaux et travailler à distance aussi. Mais on arrive quand même à se voir. On se fait met des résidences chaque année. On s’accorde des gros temps pour se voir et travailler ensemble.


2019, ça rime avec quoi pour Oddism ?

Gio: Alors, pour 2019, la seule chose que je peux dire c’est qu’il y a un split qui va sortir avec le groupe Lamirāl. On a quelques festivals qui sont bookés, on a le BetiZFest, peut-être une petite tournée. Après, on ne va pas s’avancer à dire qu’on va sortir un album complet avec six clips. On n’a jamais fait des plans et on a des choses qui sont prévues et on va essayer de les exécuter le mieux possible.

C’est aussi pour cette raison que je suis retourné en studio pour mettre tout ça à plat avec le producteur et reprendre tout à zéro. C’était important pour moi, pour le groupe et pour ce qu’on voulait faire passer.


Est-ce que vous pourriez me parler un peu des thèmes abordés dans vos chansons ?

Gio: Alors pour ce qui est des lyrics, c’est Mathieu qui écrit.

Mathieu: Pour le premier EP, les textes étaient centrés sur l’humanité, la société, l’individu, la découverte de l’intrus. Avec l’album, on est plutôt lancé sur des trucs « d’éthique », les textes sont toujours très libre d’interprétation, ils posent des questions. J’exprime rarement directement le fond de ma pensée, ici c’est plus une remise en question autour de la liberté, des peurs, des problèmes très sociétaires finalement comme le terrorisme aussi. Souvent, je fais mes textes avec ce qui se passe dans le monde.

Gio: On va sortir un EP qui va parler uniquement de la nature.


Est-ce qu’il y a un groupe en particulier avec lequel vous aimeriez tourner si vous en aviez l’occasion ?

Gio: Alors, on l’a fait en partie, en fait on a pu faire 3 dates en août 2018 avec un groupe anglais qui s’appelle Frontier.

Mathieu: C’est vraiment un groupe qui nous plaît beaucoup. C’est vraiment super ce qui leur arrive. Ils ont de bons retours, ils ont sorti leur deuxième album.

Gio: Après il reste encore des groupes avec lesquels on aimerait bien jouer comme Converge, Neurosis, ou des groupes plus undergrounds avec qui on aimerait tourner. On va laisser faire le temps et peut-être qu’un jour ça paiera.


Si vous aviez l’occasion de faire un concert n’importe où, où est-ce que ça serait ?

Mathieu: Directement, ça serait le Hellfest.

Gio: Je pense qu’on partirait sur le Hellfest oui.

Mathieu: Après s’il y a moyen de partir à l’étranger, moi j’aimerais bien aller au Canada.

Gio: On avait le projet de partir mais on ne l’a pas fait.

Mathieu: C’est compliqué à organiser, notamment au niveau des visas.

Gio: C’est difficile d’exporter. Quand ça reste en Europe, ça va mais une fois que tu veux sortir de l’Europe, tu dois penser à des visas et autres. Ça coûte énormément d’argent et tu ne gagnes pas ta vie en faisant de la musique. Nous, on le fait par passion, on essaie de porter notre musique le plus loin possible, on a la chance de voyager chaque année. On a fait des pays comme le Danemark, l’Allemagne, la République Tchèque. On a fait pas mal de dates en France et en Belgique. Donc franchement on n’a pas à se plaindre, c’est relativement cool. Pour 2019 on a encore quelques trucs qui devraient se débloquer donc ça devrait être sympa.


Est-ce que vous avez le sentiment de devoir absolument vous exporter pour vous produire et faire connaître votre musique ?

Mathieu: Je me souviens qu’on était allés en Bretagne et qu’on avait eu un accueil de folie.

Gio: En Bretagne c’est vrai qu’on était attendu et ça nous a d’ailleurs fait un peu bizarre. Après, l’avantage d’Oddism, c’est qu’on nous place sur des affiches éclectiques, on a joué dans plein de festivals, moi j’aime bien relever le challenge d’être sur des affiches éclectiques pour toucher un public plus large. C’est sûr que quand on joue avec des groupes comme Frontier sur Paris, le club était full, forcément tu joues devant un public qui est attentif à ce genre de musique, c’est plus bénéfique. Mais on ne cherche pas à être sur des affiches précises, on prend un peu ce qui vient.

Mathieu: On est aussi là pour la rencontre et le partage et faire découvrir notre musique.

Gio: On sait que ça ne peut pas plaire à tout le monde, on en est super conscients. Du coup on essaie d’élargir un maximum nos horizons.


Et en matière de promotion de la musique underground et metal, qu’est-ce que vous pensez qu’il faudrait faire pour que ça fonctionne mieux ?

Mathieu: En France le problème est plutôt politique à mon sens. A Lille pas mal de café-concert ont fermés à cause d’une politique de la ville qui veut recentrer tout et casser l’underground. Et contre ça, nous, on ne peut rien faire. On peut juste regarder le truc et toujours essayer de donner plus mais ça ne se développe pas. A part revenir à des initiatives encore plus underground comme les squats peut-être.

Gio: On a fait quelques dates dans des squats, où il n’y a pas vraiment d’organisation et où tu vas un peu au feeling. C’est quitte ou double mais tu as vraiment une bonne ambiance. En Belgique je sais qu’il y a un problème avec toutes les salles qui ferment, les grosses organisations qui arrivent et les groupes qui ne parviennent pas à se mettre sur des affiches. Dès qu’il y a un festival comme celui-ci, il y a une quantité immense de groupes qui postent leur candidature pour jouer. A part avoir plus de mecs comme Mathieu qui organise le festival ici, je n’ai pas vraiment de solution non plus.

Mathieu: Ce qui pourrait être bien, c’est l’initiative citoyenne, des gens qui veulent créer des nouvelles scènes, des festivals, des soirées. Il faut aussi qu’on se partage nos contacts, qu’on crée des collectifs parce que ce sont des choses qui bougent.
Gio: Nous on n’a jamais gardé nos contacts pour nous, on fonctionne au partage et on file des coups de mains quand on peut. Si on peut aider, on le fera de bon cœur parce que je pense que la musique, que ça soit notre style ou pas, c’est important qu’elle s’exporte partout.


Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Mathieu: Moi je suis vraiment trop trop content quand je vois tous les retours qu’on a. Ça nous pousse toujours plus. Juste merci à tous les gens qui nous suivent et qui viennent nous supporter que ça soit en France, en Belgique, enfin partout. Chaque fois qu’on va dans un nouveau lieu, ça m’a toujours épaté ces gens qui viennent et qui connaissent nos morceaux. Ça fait chaud au cœur. Continuez comme vous êtes, c’est parfait.

Gio: Merci à des webzines comme le vôtre qui prennent le temps de s’investir et d’interviewer des groupes comme nous.


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