Au Hellfest 2019, j’ai eu l’occasion de rencontrer la tête pensante du groupe de black metal français Hyrgal : Clément Flandrois. Nous avons pu échanger quelques mots au sujet de son groupe. Une interview où j’ai pu ressentir tout l’investissement et toute la passion de Clément. En plus d’être le compositeur d’un projet extrêmement abouti, il parvient à donner une dimension profonde et riche au black metal qu’il vous propose.

Commençons d’abord par une brève présentation.

Alors, moi je suis Clément. Je suis guitariste chanteur compositeur, créateur du groupe, instigateur de tout ce qu’il y a derrière Hyrgal, la tête pensante.

Qu’est-ce que signifie « Hyrgal » et comment définiriez-vous le groupe en quelques mots ?

Alors c’est l’assemblage de deux runes. Parce qu’à l’époque où j’ai créé le groupe j’avais envie d’une sonorité ancestrale avec des choses très primitives et à l’époque j’étais vraiment axé sur l’utilisation des runes et sur toute la mythologie nordique. Moins aujourd’hui même si j’ai encore beaucoup de connections et ces runes veulent beaucoup dire j’ai utilisé l’assemblage de deux runes qui sont « Tyr », rune du dieu Thor et « Hagal », la rune principale. Selon moi ça faisait un bon mix j’ai fait une sorte de « Boggel » là-dedans et je trouvais que c’était très primitif, que ça sonnait très brutal et ça m’a plu.

Et après j’avais arrêté le groupe pendant pas mal d’années mais j’ai décidé de garder le même nom parce que quand j’ai remonté le groupe, ça me parlait encore, je trouvais ça très juste.

Musicalement parlant, on fait du black metal, le plus simple possible, le plus honnête possible, curieux et primitif.

Quelles sont vos sources d’inspiration en dehors des runes et de la mythologie nordique ?

Pour cet album-là, la chose principale, c’est mon pays, ma culture française, ma région d’origine, la Savoie, la nature, les montagnes tout ça. C’est aussi un héritage familial, parce que ce sont des gens qui sont là-haut et j’ai fait un mix de tout ça.

Quand j’ai fait Serpentine, il n’y a rien à voir avec la mythologie nordique. Il y a uniquement le nom parce que ces runes me parlent et sont importantes pour moi donc je les ai gardés mais il n’y a rien, je dirais, de viking derrière tout ça. On pourrait peut-être plus faire des rapports avec la culture celtique, puisque c’est aussi la culture de mon pays. C’est une culture française. Les Celtes ont été aussi présents dans les Alpes, il y a eu un gros héritage à ce niveau-là. Donc on va dire celtes et français, ce sont les principales choses qui m’ont amené à composer ça. Et un sentiment d’urgence et de furie.

Quelles sont vos inspirations musicales ?

Pour composer de la musique je ne fais pas forcément appel à mes influences directes. Je m’en fous, je prends une guitare et je compose des riffs que j’ai envie de faire, que j’ai envie d’écouter et surtout qui me semblent en adéquation avec ce que j’ai envie de dire à ce moment-là.

Après oui, j’écoute beaucoup de musiques différentes. Enormément de black metal, c’est évident. C’est un style qui m’a possédé depuis mon adolescence donc ça, ça ne changera jamais.

J’écoute beaucoup de musique baroque, beaucoup d’ambiant, beaucoup de dark ambiant. Le travail de Pauline Oliveros, notamment, qui a été une des pionnières de la musique ambiant à San Francisco avec notamment un album qui s’appelle « Deep Listening » qui me plaît beaucoup. Des accordéons atonals, des sons très spéciaux.

J’écoute beaucoup de folk aussi dans le sens guitare chant, pas biniou et cornemuse, ce n’est pas quelque chose qui me parle beaucoup. Beaucoup de musiques traditionnelles aussi de différents pays: musique traditionnelle mongole, musiques traditionnelles Viking, les musiques traditionnelles de tous les pays me plaisent beaucoup justement dans cette approche honnête et primitive ça.

J’essaye d’avoir un panel étendu. En tant que amoureux de la musique et amateur de musique, on se doit d’avoir un panel divers et varié. Et puis surtout beaucoup de choses me plaisent donc je ne me limite pas, je n’ai pas envie de me limiter, ça m’emmerde les limites.

Après deux ans, quels sont les retours que vous avez reçu vis-à-vis de votre album « Serpentine » ? Etes-vous satisfait de la manière dont l’album a été reçu ?

Le retour , il est ce qu’il est. Ça ce n’est pas forcément quelque chose qui me parle beaucoup. Je suis très content que les gens partagent la même vision. Je pense qu’il a été bien reçu. Des chroniques que j’en ai lu, les gens ont réussi à capter un peu l’essence de ce que j’ai voulu dire. Donc ça m’a beaucoup touché parce que c’est quand même pour ça que j’ai fait cet album-là. Donc oui, les retours sont bons et je suis très content. Après je ne regarde pas trop ce genre de truc.

Comment s’est déroulée votre prestation d’aujourd’hui au Hellfest ?

Ça s’est bien passé, un peu chaud, un peu dur parce que ce sont des prestations qui sont très intenses. On arrive, on est un peu largué dans tout ça avec une technique qui va très vite: il faut faire un soundcheck très rapidement, c’est très rapide pour nous et c’est parfois compliqué de se mettre dedans. Par contre, on a surtout essayé d’y prendre un maximum de plaisir et de rendre hommage aux choses qu’on a à l’intérieur de nos ventres et de nos tripes. Et je pense que ça a été fait, notamment pour ma part. Il y a beaucoup de choses qui se passent quand je fais un show d’Hyrgal. Ce n’est pas juste faire de la musique en face des autres, il y a aussi une sorte de catharsis derrière tout ça qui est importante et qui est, pour moi, vitale. Cette catharsis a été faite et les hommages que j’ai dû rendre au fond de mes tripes ont été faits aussi donc je suis très content. Et c’est le principal.

Qu’avez-vous prévu pour la suite de l’année 2019-2020?

Il y a le nouvel album. Il n’y a pas encore de date de sortie, il n’y a pas encore de choses de prévues. Je le finis dans mon coin. Et il y a encore moins de gens dessus qu’avant. Donc, on est que deux cette fois-ci avec Nico, que vous avez vu à la batterie aujourd’hui qui m’a vu en détresse que je n’aie plus batteur etc. Donc qui s’est intégré à la chose et il me donne un sérieux coup de main. Je ne saurais comment le remercier. On va faire cet album à deux et on va vous mettre une colère comme ce n’est pas permis là-dedans.

Donc on va espérer le sortir peut-être au deuxième trimestre 2020. On verra, pour l’instant, rien n’est défini, rien n’est fixe. Pour l’instant l’album se termine, j’arrive au bout et il n’y aura plus qu’après à travailler avec les Acteurs de l’ombre pour pouvoir le sortir de la meilleure manière possible.

Je vous laisse le dernier mot de l’interview.

Je n’aurai pas la prétention de pousser des coups de gueule parce que, qui suis-je pour le faire ? Chacun voit midi à sa porte. On peut s’y retrouver, on peut ne pas s’y retrouver. Surtout une chose, que ceux qui aiment cette musique faite par les tripes ne se perdent pas, qu’ils restent fidèles à ce qu’ils aiment, à ce qu’ils croient et qu’ils continuent à aimer cette musique là au plus profond d’eux-mêmes, parce que c’est comme ça que cette scène elle vit. Elle vit dans le cœur des gens et pas sur des planches.

Photos par Stephan Birlouez pour www.amongtheliving.fr

 

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