Forever Still est un groupe danois que j’ai découvert il y a de cela deux ans. À cette époque, ils venaient de sortir leur premier album, « Tied Down », et tournaient avec Children Of Bodom. Cet album fait partie de mes favoris, donc j’étais vraiment contente et curieuse de découvrir leur tout nouvel effort « Breathe In Colours ». Ainsi, quelques jours avant cette sortie, j’ai eu la chance de pouvoir discuter avec Maja Shining, la gentille chanteuse du groupe, pour en savoir un peu plus….


Quand on s’est rencontrées la première fois, c’était en 2017 et Forever Still tournait avec Children Of Bodom. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience ?

Oh c’était vraiment une superbe tournée ! C’était génial de pouvoir tourner avec « Tied Down » partout en Europe et en particulier avec Children Of Bodom. Cette partie de la tournée nous a permis de voyager dans de plus petites villes où beaucoup de gens nous ont dit être vraiment heureux de voir des groupes qu’ils adorent, parce qu’ils n’en avaient pas souvent l’occasion. C’était super et je suis impatiente de faire d’autres tournées dans le même genre. J’espère que cela arrivera en 2020 !


Est-ce que cette tournée a changé quelque chose pour le groupe ?

Bien sûr… Je pense que chaque tournée nous rapproche de beaucoup de nouvelles personnes. Il ne s’est rien passé de vraiment particulier, mais chaque tournée nous permet de rencontrer de nouvelles personnes, dont des gens avec qui nous discutions en ligne depuis des années et c’est une expérience vraiment cool. Aussi, en général, ça aide à faire connaître le groupe.


Que s’est-il passé pendant les deux années précédant cette nouvelle sortie ?

Quand on a fini de tourner avec « Tied Down », on s’est tout doucement remis à l’écriture, ensuite il y a eu la saison des festivals. Après ça, on a décidé qu’il était temps de se poser et de se concentrer à fond sur l’écriture et le bouclage de notre nouvel album. C’est à ça que l’on a passé beaucoup de temps et je pense que l’on a tout terminé à la fin de l’été 2018. Mais cela a pris un peu de temps pour le faire passer dans le grand système de Nuclear Blast. Bien sûr, ils voulaient s’assurer que l’on puisse le sortir au meilleur moment possible. Donc oui, on a dû attendre le printemps pour le voir sortir, mais nous sommes vraiment excités à l’idée que les gens puissent enfin l’entendre !


Ce que j’avais vraiment apprécié chez Forever Still, quand on a discuté la première fois, c’était tout l’aspect DIY de votre projet. Est-ce que vous avez travaillé dans le même esprit pour ce nouvel album ?

Définitivement, pour beaucoup d’aspects ! On compose, enregistre, mixe et masterise tout nous-mêmes et on a fait notre artwork. Je pense que « Tied Down » était plus un album introspectif, donc on voulait vraiment tout faire nous-mêmes. Maintenant, « Breathe In Colours » est plus extraverti, tourné vers le monde et en ce sens, c’était l’occasion de commencer à travailler avec d’autres personnes. On a vraiment trouvé de super personnes avec qui travailler, notamment sur les clips, mais on a quand même tout supervisé, parce qu’on savait vraiment ce qu’on voulait. C’était vraiment chouette de partager cette fibre créative avec d’autres personnes expertes dans leur domaine. C’est comme ça que l’on a rencontré Tim Tronckoe. On avait beaucoup d’idées, de thèmes, d’ambiances pour nos images et il nous a dit qu’il adorait ça, quand un groupe l’abordait avec un concept qu’il peut s’approprier. On a adoré ses résultats ! C’était vraiment bien pour nous, particulièrement pour les photos, parce que c’est vraiment chiant parfois d’être à la fois devant et derrière l’appareil photo !


Justement, Tim Tronckoe est un photographe belge. Comment l’avez-vous rencontré ?

C’est quelqu’un que l’on connaissait déjà online. Il a fait tellement de superbes images et on aime vraiment beaucoup son style. Donc, on a décidé de travailler avec lui cette fois. Nous avons partagé nos idées, il a adoré et savait comment obtenir l’ambiance qu’on voulait. On l’a fait venir au Danemark, dans un lieu qu’on a trouvé et beaucoup de photos cool sont sorties de cette rencontre.


À propos du nouvel album maintenant, qu’est-ce que tu veux dire par « Breathe In Colours » ? Ce titre a l’air à la fois poétique et conceptuel…

Eh bien, j’ai l’impression que pour l’expliquer, il faut parler de tout le concept de cet album, ce qui équivalait pour nous à nous inspirer du monde tel qu’il est aujourd’hui, quand on regarde les nouvelles, etc. Tout a l’air sombre, gris, morne, avec le climat qui va mal. Il y a aussi beaucoup de corruption dans des endroits importants, comme le gouvernement. Et tout ça, transmis par les médias, génère énormément de peur et tout semble terrifiant et sombre. « Breathe In Colours » est fait pour rappeler de regarder le monde différemment et trouver toutes ces couleurs qui sont bel et bien là, même quand tout a l’air sombre. Quand tu les trouves et quand tu les respires, tu dois les garder à l’intérieur. C’est comme ça qu’on arrive à changer sa vision de la vie, en cherchant en soi.


Donc, vous avez une sorte de message à faire passer avec cet album…

Oui, c’est certain ! Le grand message est que quand tout semble majoritairement gris, ce ne l’est pas seulement, il y a tellement d’autres couleurs à trouver. Mais parfois, on doit travailler un peu pour les trouver. On connait beaucoup de gens qui devraient travailler ensemble, sortir et expérimenter le monde au lieu de seulement le voir à travers les médias qui décrivent tout ce qui est différent comme quelque chose de dangereux et de terrifiant. Au lieu de cela, tu devrais juste sortir et vivre dans le monde réel et pas seulement vivre dans le monde digital.


À propos de la musique, maintenant. J’étais tombée amoureuse de votre premier album, « Tied Down », principalement grâce à ta voix et tes textes… Donc, j’étais vraiment curieuse d’entendre ce nouvel album et quelle surprise ! J’ai l’impression que votre musique a vraiment évolué, elle est plus puissante et plus expérimentale aussi. Qu’en penses-tu ?

Je suis d’accord et je suis ravie que tu penses cela. C’est très difficile, parce que beaucoup de gens ont dit aimer notre premier album et je ne sais pas vraiment ce qui va se passer maintenant et si je vais être à la hauteur. Mais jusqu’à présent, tout le monde semble plus que positif concernant ce nouvel album. Je pense que tu as raison, il est beaucoup plus expérimental et je pense qu’on se cherchait encore sur notre premier album. Je veux dire qu’il faut bien commencer quelque part… Je pense que sur celui-ci, nous avons expérimenté davantage pour chercher et découvrir notre son. On s’est montrés plus curieux aussi et je pense que beaucoup de nos inspirations extérieures se sont un peu invitées. Parce que l’on écoute tellement de musiques différentes et sur cet album, j’ai l’impression d’entendre plus d’influences post rock. Il y a aussi pas mal de moments électro et quelques riffs inspiré du djent. Ce sont beaucoup de choses différentes rassemblées pour en former une autre.


En parlant des variations dans votre musique : dans la vidéo qui est sortie pour « Rewind », on peut te voir utiliser un thérémine, ce qui est assez particulier et surprenant. Pourquoi avoir choisi cet instrument plutôt qu’un clavier, par exemple ? Aussi, comment l’as-tu découvert ?

Oui, c’est un instrument tellement bizarre et je pense que c’est ce qui nous a réellement intrigués. En fait, on a décidé de ce thème dystopique pour l’album qui donne cette vision très ancrée du futur, pas spécialement brillant et idéalisé. Et pour essayer de représenter cela en son, on a pensé au thérémine. C’était une suggestion de Mikkel et en fait, cela faisait des années que je regardais des vidéos de thérémine sur YouTube, parce que cet instrument bizarre me fascine. On a opté pour cet instrument qui n’est pas toujours très net et aussi stable qu’on clavier ou un synthétiseur. Tu sais, c’est très irrégulier comme instrument et très difficile à contrôler. Ça sonne un peu cassé et c’est ce que j’aime avec ça. On l’a utilisé avec des effets très hasardeux qui ont donné ces sons électroniques bizarres. Tout ça nous a aidés à obtenir le son qu’on voulait pour l’album et il reste dans l’ambiance dystopique du thème choisi.


Est-ce que vous allez l’utiliser en live ou non ?

Oh on adorerait ! Je pense que ce serait vraiment amusant de l’amener sur scène. Le problème avec ça, c’est que c’est très sensible aux sons extérieurs… Si quelqu’un s’en approche de trop, ça va commencer à grésiller. Mais on essaie de trouver un moyen de l’amener sur scène, ce serait tellement bien !


Au fait, comment qualifieriez-vous votre musique aujourd’hui ?

C’est toujours difficile. J’ai l’impression qu’on a toujours eu du mal avec ça ! Tu sais, on n’a jamais été un groupe d’une seule note, donc… Quelqu’un m’a demandé quelle chanson nous représentait le mieux sur cet album. Et je ne sais pas ! Parce que ce sont des chansons tellement différentes et j’ai l’impression que si les gens écoutent les trois singles qui sont sortis, ils auront une assez bonne idée de la variation qui parcourt cet album. Je pense que l’on se sent comme un groupe de rock moderne, mais les gens nous qualifient de metal moderne ou encore de hard rock mélodique… Je prends tout. Je pense que ça nous correspond, du fait de la variété qui se trouve sur l’album.


D’un autre côté, j’ai été très impressionnée par ta voix parce que tu utilises aussi beaucoup de variations, de types de chants différents. J’ai particulièrement aimé les screams, très originaux et pleins d’émotions. Comment tu expliques ça ?

Beaucoup de ces sons un peu râpeux que je mets sur ma voix, c’est quelque chose que j’ai commencé à expérimenter en live sur les chansons du premier album, quand on a tourné avec Lacuna Coil en 2016. Ça procure tellement d’énergie de faire les chansons en live que ces sons ont commencé à sortir comme ça. En m’en rendant compte, je me suis dit que j’aurais dû faire ça sur « Tied Down », donc c’était assez naturel de le faire sur le nouvel album.


Voici une question que la plupart des artistes détestent, mais as-tu une chanson préférée sur « Breathe In Colours » ?

Non ! Particulièrement quand il s’agit d’un tout nouvel album, c’est pratiquement impossible ! Mais honnêtement, je pense que plus tard j’en aurais une. Maintenant, chaque chanson que nous avons choisie pour l’album nous semblait être la meilleure chanson possible. Les chansons qui ne figurent pas sur l’album nous semblaient incomplètes ou pas assez puissantes. Je pense que chaque chanson de l’album peut fonctionner à part entière, on n’a pas juste sorti trois singles avec d’autres chansons pour boucher les trous. J’étais assez excitée de sortir le titre principal, « Breathe In Colours », juste parce qu’il est plein de variation et tu peux y entendre des ambiances vraiment différentes. Pour moi, c’est définitivement l’une des chansons les plus intéressantes à écouter !


Peut-être que j’aurais dû commencer avec cette question, mais comment te sens-tu à quelques jours de la sortie de l’album ?

Je n’y pense pas tellement. Tu sais, on reste occupés, on travaille sur beaucoup de choses, on travaille encore sur d’autres vidéos et trailers pour l’album, on répond aussi à beaucoup d’interviews. Donc, nous sommes très concentrés sur l’album. En fait, je suis beaucoup plus impatiente que nerveuse, parce qu’on a mis beaucoup de cœur et d’énergie sur cet album et nous n’avons fait aucun compromis, nous n’avons pas essayé de plaire à qui que ce soit, juste à nous-mêmes. Ce que nous sortons, nous sommes à 110% derrière. Je sais que ce ne sera pas la tasse de thé de tout le monde, mais je peux gérer ça. Ça ne me hante pas de savoir que tout le monde ne va pas aimer notre musique.


Avez-vous des plans après la sortie ?

Oh absolument ! Nous sommes en train de planifier nos tournées pour 2019 et aussi pour 2020. Je pense que c’est rassurant de dire que nous allons passer par beaucoup de villes européennes avec ce nouvel album. Nous annoncerons tout ça sur foreverstill.dk dès que ce sera officiel. Pour l’instant, c’est en cours, mais ça arrive !


Avons-nous une chance de vous voir en Belgique cette année ?

Oui, il y a définitivement une chance ! Pour l’instant, on s’organise, donc je ne peux pas dire exactement par quelles villes on passera, mais on va essayer de faire un maximum de dates et on ne veut pas manquer la Belgique.


Je ne sais pas si vous êtes déjà venus ici…

Oui, on est venus ! Je ne sais plus très bien, parce que parfois je mélange les différentes tournées, mais oui, on est venus en Belgique, au Biebob. Je pense que c’était avec Lacuna Coil.


J’en ai terminé avec mes questions, donc est-ce que tu as quelques mots pour nos lecteurs pour terminer cette interview ?

Juste que j’espère vraiment que l’on va pouvoir voir beaucoup d’entre vous en tournée, parce que cet album était vraiment écrit pour être joué et vécu en live. Cela amène une toute nouvelle énergie aux morceaux de l’album, donc on est vraiment impatients de venir vous voir et de partager ça avec vous !


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