Il y a un an, nous vous proposions en interview Philippe Deschemin a.k.a. Mr Strangler, chanteur du groupe PORN à l’occasion de la sortie de « The Darkest Part Of Human Desires – Act II ».

Aujourd’hui, je vous propose de débriefer les événements qui ont eu lieu depuis la release et de vous présenter leur troisième album qui sortira le 27 mars 2020 !

Bonjour, comment allez-vous ? Êtes-vous impatient de présenter votre nouvel album « No monsters in God’s eyes – Act III » ? Quels sentiments éprouvez-vous vis-à-vis de la clôture de cette trilogie ?

Enfin une interview en français ! On vient de donner une série d’interviews en anglais pour plusieurs radios et magazines américains, anglais, canadiens et allemands. C’est toujours agréable de discuter avec des médias français, et cela dans la langue de Molière.

On pourrait parler d’un sentiment mitigé. A la fois de la tristesse mais aussi de bonheur et de fierté d’avoir enfanté une complète trilogie qui a trouvé écho auprès d’un public qui, avec tout notre étonnement, ne cesse de croître de manière exponentielle depuis la sortie du premier acte : « The Ogre Inside ».
Je discutais récemment avec Chris Vrenna (Nine Inch Nails, Marilyn Manson) qui me faisait part de son admiration. Il me parlait des sessions d’enregistrement de « Downward Spiral » de NIN, qui est aussi un concept album ainsi que d’ « Antichrist Superstar » de Manson sur lequel il a également travaillé.
Trouver écho auprès du public et de musiciens que tu admires est certainement la plus grande des satisfactions qu’un musicien puisse avoir. Entendre Chris Vrenna me dire que c’est incroyable… Cela est aujourd’hui possible grâce à Mr Strangler, et avec ce nouvel opus s’achève notre aventure avec lui.

Il y a donc un peu de tristesse, mais il faut savoir dire adieu. Tout a une fin.

PORN - No Monsters in God's Eyes

Avant d’en parler plus longuement, comment s’est déroulée la tournée qui a suivi la sortie de « The Darkest Of Human Desires – Act II » ? Avez-vous des concerts, des moments mémorables que vous voudriez nous partager ? Avez-vous eu l’opportunité de jouer dans de nouveaux pays ?

Nous avons donné une série de concerts dont une belle date à Paris au FGO, toutefois toutes les dates restent de bons souvenirs.

Nous avons des fans déments, à l’image des personnages que nous incarnons avec PORN ! Nous avons également collaboré avec plusieurs groupes dans le cadre de remixes (« Hante », « Fragrance », « Entropy Zero », « An Erotic End Of Times »,…). C’est une super expérience. Et aussi une sensation étrange car entendre ses propres morceaux remixés et réarrangés de manière différente est au départ toujours déstabilisant. Mais cela fait partie de la tradition du rock indus, alors nous nous prêtons à cela avec grand plaisir.
Nous sommes allés tourner des clips en Californie et du côté de Zurich. Ce sont des moments forts et qui nous permettent de gagner en expérience car le meilleur moyen de se former est de travailler avec ceux qui travaillent avec les plus grands. On a eu la chance de bosser avec Tom Baker sur l’Act II. Ce mec a bossé avec NIN, Ministry, Rob Zombie, Alice Cooper, Marilyn Manson… Pour le nouvel album, nous avons collaboré avec Brian Lucey qui, lui, a travaillé avec Ghost, Manson, Depeche Mode… Nous sommes si peu de groupes français à avoir ce privilège, avec la particularité chez PORN que nous sommes un groupe indé et DIY… Tout cela est possible grâce à nos fans de par le monde, nous en sommes conscients et savourons tous les instants…

De nouvelles portes, jusqu’à présent fermées, se sont-elles ouvertes pour vous ? (Festivals, magazines, radios,…)

Nous n’avons jamais eu le sentiment d’avoir des portes fermées. Ou alors elles le sont mais nous ne sommes pas au courant. Pour le savoir il faudrait qu’on tente d’ouvrir la porte. Pour le moment aucune porte n’est restée fermée lorsqu’on a essayé de l’ouvrir. Pour dire vrai, nous ne faisons pas les choses comme les autres, nous suivons notre propre chemin, essentiellement hors de France comme tu le sais. Par conséquent, il y a des portes que l’on ne regarde pas…
Je sais néanmoins que notre marginalité nous vaut des inimitiés dans le «milieu», il y a pas mal de jalousie malheureusement. Alors qu’il devrait y avoir de l’entraide… Mais quand tu tournes depuis des années avec comme seul objectif de décrocher une intermittence, que tu ne vends pas assez ou ne streames pas assez pour produire des clips, travailler avec des grands producteurs… Je comprends que tu puisses devenir un hater. Je conseillerai à ces personnes de se plonger dans Kropotkine «L’Entraide, un facteur de l’évolution».
Il y a toutefois un bon noyau de groupes français motivés et de bonne volonté en France, c’est extrêmement motivant. On fait peu attention à la négativité et à la frustration, nous tendons la main à tous.

Ensemble nous sommes toujours plus forts.

Dans la précédente interview, vous nous disiez que Mr Stangler, interprété par vous, luttait contre cet ogre qui était en lui et que l’ogre avait fini par gagner laissant Mr Strangler s’adonner au meurtre pour le plaisir. Étant donné que vous êtes Mr Strangler, si vous pouviez tuer n’importe qui de la manière de votre choix sans aucune répercussion derrière. Qui serait-il et comment le tueriez-vous ?

Je pense que je tuerais beaucoup de monde… Avec les mains bien entendu. Un étranglement certainement, de type Baseball Choke ou Ezekiel pour voir les yeux paniqués de ma victime. Le nom de Mr Strangler vient de là, de mon goût pour les étranglements dans les sports de combats, BJJ (Brazilian Jiu-Jitsu) et Grappling essentiellement.

Les morceaux du troisième album étaient quasi tous écrits à l’époque. Y avez-vous changé quelque chose depuis ou le temps vous a-t-il conforté dans vos idées ?

Non, il n y a pas eu de changement particulier.

Si on en suit les clips et les paroles des trois morceaux « High Summer Sun », « A Lovely Day » et « Some Happy Moments », Mr Strangler se serait fait attraper et serait passé de la colère à la remise en question :

« I feel the end but I am not sorry. How could I be ? Teach me, I am not sorry. But I am ready for it »
Tiré de « Some Happy Moments »

Pourriez-vous nous en dire plus sur ces étapes et sur son histoire depuis le second album ?

Dans le deuxième acte, Mr Strangler arrive à l’âge adulte, et il s’accepte. Après avoir lutté avec sa nature propre personnifiée par l’ogre intérieur (« The Ogre Inside »), il fait la paix avec lui-même et devient Mr Strangler. Il se laisse aller à ses désirs meurtriers. Ces désirs qu’il refrénait dans l’acte I, comprenant qu’il était un tueur, mais ne l’acceptant pas par pression sociale. Ainsi, durant tout l’acte II il s’adonne à sa passion avec son équipe et finit par se faire attraper. Il finit en prison dans ce nouvel album.

L’acte III est un album sur l’enfermement, la prison, l’internement psychiatrique. Il fait face à sa mort, coupé de la société. Le passage auquel tu fais allusion exprime son impossibilité à être empathique. Il en fait le constat. Il souhaite être désolé, mais il ne peut l’être. Considéré comme un monstre, un non-humain, il rappelle qu’il est un être de Dieu et qu’ainsi, nous sommes tous les créatures de Dieu. Même le pire des monstres est une créature de Dieu. Je ne crois pas en Dieu. Mais je trouve amusant de rappeler cela aux croyants, qui ont cette tendance à considérer celui qui ne croit pas comme eux comme étant hors de l’humanité… Cela évoque aussi un peu le Nécessitarisme en philosophie…

Vous m’aviez aussi dit que vous aviez créé une trilogie car vous vous sentiez limité par le nombre de chansons qu’un seul album permettait pour exprimer votre concept. Maintenant que le troisième et dernier album est terminé, pensez-vous avoir pu exprimer tout ce que vous vouliez ?

Non pas entièrement car il y a des choses qui restent inexpliquées dans la trilogie et dont j’ai les réponses. Comme l’envie irrépressible de Strangler de tuer… Donc on retrouvera Strangler afin que l’on puisse aller plus loin dans l’histoire. Peut être dans un roman, un comic book…

Votre prochaine tournée « No Monsters In God’s Eyes Tour 2020 » passera par Milan, Lyon, Paris et Nantes. Pouvez-vous déjà nous révéler d’autres dates confirmées ou nous dire quel(s) autre(s) pays vous pourriez couvrir ? Pensez-vous qu’une date en Belgique sera prévue ?

Nous sommes très concentrés sur le studio. Nous tournons, mais privilégions les belles dates dans de belles salles afin d’être en mesure de délivrer un show digne de ce nom à nos fans. Nous sommes plus intéressés par la satisfaction de nos fans que par aller gratter un cachet. Nous avons une fanbase solide qui permet d’assurer la pérennité du groupe sans être obligés d’aller jouer dans des festivals hors de propos ou dans des fests à 10h du matin en t’imaginant que ça va booster ta carrière… Après, tu finis par chialer car tu as toujours pas plus de 1000 auditeurs sur Spotify… Avec PORN pas de ça. On respecte nos fans plus qu’on a besoin de gratter de la fausse visibilité et nous préférons la qualité à la quantité.

Qu’en sera-t-il de l’avenir de PORN maintenant que cette trilogie est terminée ? Pensez-vous dans le futur repartir sur le même style de concept avec une histoire ? Ou peut-être avez-vous déjà en tête quelque chose de différent ?

Tout d’abord comme pour les précédents opus de la trilogie, nous allons sortir des remixes de l’Act III. Nous avons eu l’honneur de mettre à contribution des groupes comme Combichrist, Orgy, Stabbing Westward, Chris Vrenna de NIN, Jimmy Urine de Mindless Self Indulgence, The Anix, Ash Code, Lluther… Nous en sommes très fiers ! Et quel meilleur moyen de rendre hommage au dernier souffle de Mr Strangler que de faire participer tous ces grands groupes ?
Ensuite une nouvelle histoire va commencer, je ne vais pas en dire plus, mais cela va arriver très vite.

Comme d’habitude nous vous laissons le mot de la fin pour parler à vos fans et à nos lecteurs.

Nous sommes PORN, vous êtes PORN. Vous êtes Mr Strangler.


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