Aujourd’hui, nous avons décidé d’aborder d’autres acteurs de la scène musicale : les labels. Nous vous proposons l’interview d’Antiq Records, un label français qui propose des groupes divers et variés en valorisant aussi la scène locale. Avides de découvertes ? Feuilletez leur catalogue !

Tout d’abord, qui êtes-vous et quel est votre rôle au sein du label Antiq ?

Je suis Léon et mon rôle pourrait s’assimiler à celui d’un label manager, couplé à celui d’un directeur artistique. Je suis accompagné d’Adrien et de Joanna.

Brièvement, comment est venue l’idée de créer ce label ? Quelle est son histoire ?

Antiq est au départ venu d’un besoin de produire nos projets selon notre vision du monde de la musique.

Un petit collectif en quasi-autarcie, sans presque aucun lien avec le reste du monde professionnel de la musique. Au départ, nous étions trois, dont Adrien et moi, et gravitaient autour de nous plusieurs de nos amis impliqués dans des projets personnels.

Puis, assez rapidement, nous sommes passés à deux pendant 4 ans avant d’intégrer Joanna. Mais nous avions déjà ouvert notre ligne éditoriale dès la deuxième année.

Quels sont vos maîtres-mots ou vos valeurs ?

L’œuvre d’art totale, et tendre vers la cohérence entre les paroles, l’imagerie et le concept avec les sentiments que véhicule la musique.

Comment se passe la sélection des groupes chez Antiq ? Les groupes posent-il leur candidature pour être soutenus ou est-ce vous qui les contactez ?

Les deux cas de figure peuvent se présenter. Mais malgré notre statut et notre taille de tout petit label, il faut bien comprendre que notre sélection est draconienne : aujourd’hui nous recevons entre 3 et 5 candidatures par semaine, cela fait beaucoup.

D’abord, parce qu’il y a de plus en plus de groupes, et d’autre part, avec notre évolution nous touchons plus de monde. La sélection est difficile car il y a beaucoup de groupes. Nous voulons rester à une cadence de 6 à 8 sorties par an, notre planification est maintenant vue longtemps à l’avance.

Et enfin, il faut que le groupe rentre dans notre ligne éditoriale, en gros qu’il soit compatible avec l’univers que nous voulons promouvoir. Ah, et aussi, il faut qu’il nous plaise, ça paraît évident.

Quel est votre top 3 dans les groupes (et leurs albums) que vous avez produits en 2019 ?

Oh alors là, impossible de te répondre en n’en gardant que trois en tête. J’adore Véhémence et Malenuit, et l’univers musical développé par Dorminn, le son et les compos, si particuliers, qui me happent dans Tan Kozh. Je suis aussi très fier du split Incipient Chaos / Defenestration.

Mais cela, c’est en faisant abstraction de Grylle, modestie oblige, et d’une autre sortie qui n’est pas encore arrivée. En fait, j’aime de façon égale toutes nos sorties, car il y a une cohérence commune entre les projets, sinon nous ne les ferions pas. Donc, pas de top 3, plutôt un top-tout !

Quelle est la chose que vous préférez au sein d’Antiq ?

Le frisson de la créativité. Tu le ressens quand un groupe connu (et bon) te contacte ou te répond, quand un groupe moins connu t’envoie des pistes qui tuent, quand un nouveau visuel d’une production à venir, dont tu fredonnes déjà les chansons, tombe dans ta boîte et que tu es scotché par la force du truc. Quand tu envoies les fichiers à la fabrication avec cette légère appréhension, normale au demeurant, d’avoir tout bien fait. Quand les paquets arrivent enfin et que tu les ouvres, fébrilement, comme un kid qui reçoit son premier disque. Quand les chroniques tombent et qu’elles sont bonnes, quand les clients viennent te voir et te remercient pour ces nouveautés.

En fait, là encore, tout. À chaque étape, tu te dis que le vrai plaisir c’est ce que tu es en train de faire, avant de découvrir que l’étape d’après est encore plus agréable. C’est un enchaînement de frissons crescendo, tous différents mais avec chacun leur part d’inconnu, et cela se renouvelle sans cesse.

A tout travail, il y a des points positifs et négatifs. Nous avons abordé ce que vous préférez dans votre travail. Qu’en est-il de la pire chose ou de ce que vous détestez le plus faire au sein du label ?

Hmm… Comme tu as pu le comprendre, ça va être difficile de répondre, compte tenu que j’adore chaque volet de mon travail. La pire chose, c’est probablement devoir quitter l’ambiance d’un festival quand on vient en exposant. L’atmosphère d’un festival, les petites routines du stand et les discussions avec les clients, c’est un tel plaisir du partage, le quitter c’est toujours un peu déroutant.

Quand j’interviewe des groupes, je leur demande quels sont leurs projets pour l’année à venir. Je suppose que même au sein des labels, vous avez des attentes et des projets chaque année… Qu’en est-il pour Antiq pour l’année à venir ?

Oh, oui, plein de gros, de beaux et de fascinants projets. Là nous avons notre dernière sortie de l’année qui arrive, un split d’un style ambiant particulièrement bien exécuté. Ah, et aussi, l’édition double vinyle de Grylle, un très très bel objet qui voit le jour. Pour l’an prochain, du black d’avant-garde, du black un peu punk plus crade, du black à ambiance d’un pays froid, et toujours de l’ambiance.

Existe-t-il un groupe que vous auriez rêvé d’inclure dans votre label mais qui n’y est pas ? Si oui, pourquoi ce groupe en particulier ?

Ça doit faire au moins dix ans que je réponds Borgia. Ce maelstrom de black death alchimique, servi par des paroles historicistes déclamées, n’avait rien à voir avec les concepts boiteux auxquels on assimile souvent le style. C’était faire de l’histoire sans faire un cours d’histoire, c’était écouter une violence dont le raffinement élevait le groupe au degré du sublime.

Je vous laisse le dernier mot de l’interview.

Interview originale, je me suis bien plu à y répondre, je crois que tu as tout abordé. Je voudrais ajouter que toutes nos productions sont faciles à trouver pour les écouter et qu’elles ne demandent qu’à ce qu’on s’y penche pour en découvrir les attraits, et que malgré quelques difficultés actuelles notre site sera bientôt rénové pour un fonctionnement optimal. Merci à tous les lecteurs, merci à toi Délia.

Nous terminons cette interview avec un extrait musical de Grylle, groupe produit par Antiq Records.


Photo d’Antiq sur la page Antiq Label

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