Au MassDeathtruction 2019, j’ai rencontré et interviewé le charmant Seb, chanteur du groupe de death grind français Sublime Cadaveric Decomposition (SCD). Via ces quelques lignes, je vous propose d’en apprendre un peu plus sur le groupe mais aussi sur l’univers musical qui les inspire à travers des extraits musicaux des groupes dont nous parle Seb pendant l’interview. N’oubliez pas d’aller jeter un œil à leur page Facebook mais surtout de les soutenir en allant les voir en concert s’ils passent près de chez vous.

Avant d’enchaîner sur l’interview de Seb, je souhaite remercier Pedro, l’organisateur du MassDeath pour son accueil et pour m’avoir permis d’interviewer Seb dans un cadre professionnel. Soutenez les orgas locales comme celle de Pedro et du MassDeath, c’est grâce à tous ces gens qu’on peut encore assister à d’excellents événements abordables près de chez nous !

Commençons par les présentations. Qui es-tu et quel est ton rôle dans Sublime Cadaveric Decomposition ?

Je suis Seb, chanteur de SCD depuis 1996. Donc ça va bientôt faire 25 ans, sachant que depuis 25 ans, il y a eu des petits changements de line-up au sein du groupe. Le guitariste et le batteur actuels sont présents depuis 16 ans environ.

Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, qu’est-ce que SCD ?

Donc, on vient de Paris. On a fait le groupe avec des potes qu’on avait rencontrés en concert quand on était ados et puis on a décidé de monter SCD sachant qu’à l’époque dans le même groupe il y avait le batteur et le guitariste qui ont fait Arkhon Infaustus (black metal) et Antaeus (black metal), donc on partageait le même studio vu qu’on avait des membres en commun. À l’époque pour SCD, c’était vraiment toute la scène underground grind, crust, gore, porno gore avec des groupes comme Catasexual Urge Motivation, Gut, Last Days of Humanity, etc. Plus toute la scène death qu’on a écoutée quand on était gamins. On était dans la scène depuis pas mal d’années et on avait envie de participer au truc sans savoir que des années plus tard on continuerait à le faire.

Comment vous sentez-vous après ce passage sur scène ? Qu’avez-vous pensé de votre prestation, de l’ambiance et du public ?

C’est sympa de venir ici parce que c’est la troisième fois qu’on fait le MassDeath. On a joué l’année où il y avait Entombed (2011) et on l’a fait l’année suivante (2012) avec Obituary. À l’époque, ce n’était pas dans le même endroit. Puis le MassDeath s’est arrêté quelques années et quand on a vu que Pedro a recommencé à le faire, on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on y soit. Maintenant on est des habitués. On avait aussi envie de découvrir le nouvel endroit. Si j’ai bien compris, c’est le troisième concert qui se fait ici. On nous a dit qu’il y avait eu Casse-Noisette avant. Donc il nous semblait qu’après Casse-Noisette, il fallait au moins SCD, sinon ce n’était pas un vrai baptême de la salle. Donc, on est super contents de venir ici.

Et puis en plus quand on a commencé à écouter du grindcore, du death, etc, il n’y avait pas énormément de concerts en France et on venait souvent en Belgique à Ypres, Gand, etc, où on allait voir plein de groupes. C’étaient des petites salles super underground mais il se passait beaucoup plus de choses en Belgique qu’en France à l’époque. Il y avait très très peu de choses. Enfin, il y avait tous les gros groupes qui jouaient mais dans les scènes vraiment underground extrêmes, il n’y avait pas grand-chose. C’était principalement en Belgique que ça se passait. Il y avait notamment Agathoclès qui organisait le festival Wee Lawaat à Zichem où on allait tous les ans.

On finissait par faire plus de concerts en Belgique qu’en France sur certaines années. Ça a pas mal changé ces dernières années. Il y a eu beaucoup plus de hardcore qui est arrivé, j’ai l’impression, et du coup moins dans la scène goregrind. Là je crois que pour cet album, par exemple, c’est le premier concert qu’on fait en Belgique alors qu’on a déjà fait une tournée aux États-Unis, des dates au Canada, le Hellfest pour la deuxième fois, l’Obscene Extreme Festival pour la troisième fois et le SWR Barroselas Metalfest au Portugal pour la troisième fois.

Franchement, on était super contents de revenir en Belgique parce que c’est quand même un festival où il y a plein de monde, où les conditions sont vraiment géniales. Et puis en plus ça fait pas mal de temps qu’on n’était pas venus finalement. Ça fait toujours plaisir de revenir et puis, on est quand même voisins donc on se considère un petit peu chez nous.

Vous voulez voir ce que donnait SCD au MassDeath en 2011 ? C’est par ici et c’est filmé par 666Vassil.

A l’occasion de ce MassDeaththruction 2019, avez-vous joué « Misleading Weapons Of Mass Destruction » (Inventory of Fixtures, 2007) ?

On ne l’a pas jouée aujourd’hui, il faudra qu’on revienne. C’était un des prétextes qu’on avait imaginés. Pour la setlist d’aujourd’hui, on a commencé par des morceaux des premiers albums puis chronologiquement on avançait. On a quand même joué deux morceaux d' »Inventory of Fixtures ». Ensuite, on a poursuivi pendant à peu près la moitié du set avec des morceaux du dernier album.

2019 a été une année riche en très belles dates avec notamment le Hellfest et l’Obscene Extreme Festival. Du coup, y a-t-il encore des endroits après des dates aussi grosses où vous rêveriez jouer ?

Franchement, il y en a encore plein. Disons qu’en Allemagne il y a quand même énormément de gros festivals et on n’y joue pas énormément. On a fait le Berlin Deathfest il n’y a pas longtemps mais les très grands festivals, on ne les a pas faits. Donc, ça serait super sympa d’y jouer. Le Japon, on était en train d’en discuter parce qu’on a fait la tournée américaine avec Viscera Infest, un groupe japonais. Et en fait, leur manager c’est Naru qui était dans C.S.S.O., qu’on connaît depuis des années. On s’est rencontrés en Allemagne au Fuck the Commerce où on jouait en 2001 avec C.S.S.O. notamment. Donc ça commence aussi à faire un petit paquet d’années.

Donc aux États-Unis, Naru accompagnait Viscera Infest. On a parlé de refaire des dates Japon, ce qui est un peu plus compliqué parce qu’aujourd’hui, clairement la scène européenne, c’est une des meilleures au monde entre le nombre de festivals, le nombre de personnes qui viennent à chaque concert et festival, les gens qui achètent du merch, les conditions d’accueil qui sont presque incomparables avec d’autres endroits…

On se dit souvent que les Etats-Unis c’est génial mais ce n’est pas la même chose non plus. Même le Maryland Deathfest où on a rejoué pour la deuxième fois, ce n’est pas pareil, je dirais qu’il y a 3 000 personnes peut-être. Quand on compare avec ce qu’on peut avoir avec le Hellfest où on a environ 50 000 personnes sur trois jours… Même le Motocultor je crois que c’était 42 000 personnes l’année dernière.

Nous, ce qu’on aimerait vraiment faire aussi, c’est tout le nord de l’Europe avec la Norvège, la Finlande,… On n’a pas souvent été là-bas et ce sont des endroits qui ont plein de trucs géniaux dans la scène crust et death. Donc oui, ce sont des scènes où on n’a pas encore été suffisamment.

Quelle est la date qui vous a le plus marqués cette année ?

Le Hellfest, honnêtement ça reste extraordinaire. Quand on écoute les groupes, c’est quand même un truc qu’on ne voit pas tout le temps. Il faut savoir que maintenant les tentes Altar et Temple c’est environ 10 000 personnes. De plus, avec l’écran géant au fond de la salle, il y a encore du monde derrière et c’est rempli. C’est juste incroyable parce que même des gros groupes qui tournent beaucoup, ils jouent rarement devant 10 000 personnes.

C’était la deuxième fois pour nous donc on a pu le savourer différemment que la première fois où on était un peu pris dans le machin. Là, on l’avait anticipé, on a pu faire filmer par les gars d’Arte, enfin, Sombrero Production qui travaillent pour Arte. On a fait prendre le son par l’ingénieur son de la salle. Donc il y avait un peu d’organisation en amont et c’est très minuté aussi pour pouvoir le faire. Ce n’est pas qu’il y ait une pression particulière c’est juste qu’on sait que le Hellfest, il faut partir en se disant que ça s’est bien passé.

De plus, ça dépasse complètement le milieu du metal. Ce festival-là au boulot, ou n’importe où d’ailleurs, il y a des gens qui n’écoutent pas du tout, qui ne connaissent pas le metal mais connaissent complètement le Hellfest et en parlent. Donc en y jouant, il y avait vraiment tout le monde qui savait qu’on allait y jouer et qui voyait ce que c’était.

L’Obscene Extreme c’est génial aussi parce que c’est plus orienté dans le style qu’on fait. Et puis c’est une ambiance différente. Le public peut monter sur scène donc on est encore dans autre chose. Cela étant, on est beaucoup plus habitués à ce festival vu que c’est la troisième fois qu’on y joue. On commence à vraiment bien le connaître.

À chaque fois, c’est différent, ce ne sont pas du tout les mêmes choses mais on en garde un souvenir super mémorable.

Le Hellfest, c’est génial mais à la fois je suis presque sûr que tu mets un groupe qui joue aux échecs sur scène, tu as 10 000 personnes qui viennent les voir. Au Saint Vitus, tu es dans une salle où les gens se sont déplacés pour voir la tête affiche à New York. Donc, ça, c’est un super souvenir.

New York m’a plus plu que le Maryland Deathfest. New York c’était vraiment sympa parce qu’on était tête d’affiche au Saint Vitus, une salle à Brooklyn où Joan Jett a joué, par exemple. Donc, tu es content d’y aller parce que c’est une salle qui a marqué la musique et c’était rempli, on avait un super son et en plus les gens venaient vraiment nous voir.

Votre dernier album « Raping Angels In Hell » est sorti en 2017. Du coup, à quoi peut-on s’attendre pour 2020 ?

On a encore plein de concerts. Certains sont annoncés, d’autres sont encore en négociation mais on a encore plein de trucs en 2020. Je pense qu’on va tourner toute l’année. En revanche, on commence déjà à se projeter et à se dire qu’ il faudrait quand même qu’on commence à imaginer se mettre en mode composition aussi. C’est assez compliqué actuellement avec toutes les dates qu’on a parce qu’on joue quasiment tous les week-ends. Donc on il est compliqué de réussir à bosser plus ces nouveaux morceaux mais on commence à l’avoir dans un coin de la tête et c’est devenu une actualité.

Avec un nom comme Sublime Cadaveric Decomposition, je me demande où vous trouvez votre inspiration et quels sont les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?

On a eu une période plutôt orientée crust qui reste aussi une grosse influence qu’on avait à l’époque. Ensuite on est devenus un peu plus death, on va dire, et sur le dernier vraiment on a essayé de revenir aux racines. Donc, un mélange de tout mais avec des textes plutôt porno gore.

C’est principalement du porno gore sur le dernier album. Cependant, ça a changé pas mal au niveau de la dénomination du style. Les trois premiers albums n’avaient pas de textes donc c’était vraiment que les pochettes et les graphismes qui donnaient la teinte avec en plus la musique. Là, on était vraiment dans du porno gore.

En matière d’influences, je dirais que ça concerne tout ce qui a trait à la sale ambiance que même-moi je retrouvais dans des groupes qui m’ont hyper influencé comme Gut qui a vu le jour en Allemagne et avec qui on a d’ailleurs joué en Hollande. C’est la première fois qu’on a joué avec eux. C’était culte comme moment. On s’est rencontrés dans les loges, je ne les connaissais pas. Du coup j’ai été porter des T-shirt religieusement pour leur donner. Du coup ils nous ont proposé de nous servir dans leur merch et on a fait des photos ensemble. Franchement ils sont super sympas en plus. D’ailleurs le guitariste a joué avec notre T-shirt sur scène,  un grand moment d’émotion. C’était l’accomplissement total. Maintenant ce qu’on fait, c’est un peu toutes ces influences qu’on avait quand on a commencé.

C’est quoi votre meilleur et votre pire souvenir en tant que membre de SCD ?

Alors, c’est à la fois le meilleur et aussi le pire parce qu’avec le recul on a fini par en rire. On avait une tournée qui devait faire Canada, Etats-Unis, Canada. C’était vers 2008, un truc comme ça. Cette tournée devait durer environ 4 à 5 semaines. On prenait l’avion pour aller à Montréal, on avait des dates au Canada. Ensuite, on devait prendre l’avion pour les États-Unis puis on avait les dates aux États-Unis. Après ça, on retournait au Canada pour y jouer quelques dates avant de revenir en France. Jusque-là, tout est impeccable.

On prend l’avion, on arrive à Montréal et on nous indique que les instruments de musique sont à récupérer sur l’autre tapis roulant. Donc, on y va, on récupère les instruments de musique et là, des flics en civil nous arrêtent pour nous emmener à la douane. Arrivés à la douane on nous demande si on est bien Sublime Cadaveric Decomposition et si on va bien jouer à tel et tel endroit.

Pour remettre les choses dans leur contexte, à l’époque, il ne fallait pas les mêmes autorisations pour jouer dans des salles qui vendaient de l’alcool ou de la bouffe.

Donc pour en revenir à la douane, on leur répond « Oui, peut-être, ça dépend des organisateurs. Il faut leur poser la question. » Là ils nous ont dit d’arrêter de les bassiner et ils nous ont placés en détention et nous avons été interdits de territoire au Canada. Ils nous ont mis en cellule derrière le truc de la douane à l’aéroport. On a eu droit aux photos avec les petites plaquettes puis on a passé la journée en cellule.

À la fin de notre détention, ils nous ont dit: « Soit on vous envoie ce soir à Marseille puis vous vous démerdez pour revenir à Paris et vous êtes interdits de territoire. Soit, vous discutez, vous êtes interdits 10 ans de territoire. Soit, vous voulez repartir à Paris et on vous garde une semaine en détention. » Finalement on est repartis à Marseille et sans avoir dormi on a fait Paris-Montréal, une journée à Montréal. Puis, Montréal-Marseille et de Marseille, on a repris le train pour revenir à Paris et la tournée était terminée.

On est quand même allés à l’ambassade canadienne à Paris pour essayer de négocier. Ils nous ont dit: « Vous n’êtes pas Aznavour alors c’est fini. »

L’année dernière, quand on y est retournés, même si on avait tous les papiers en règle et que la réglementation avait complètement changé, on n’était pas rassurés.

Aujourd’hui c’est beaucoup plus simple mais quand on est passé à la douane, on a encore été bloqués. Les douaniers nous ont demandé si on était déjà venus. On leur a expliqué qu’on avait été expulsés et on a présenté les papiers. Comme les lois n’existent plus aujourd’hui dans le Code canadien, ils ne trouvaient pas le motif de l’expulsion et ils ne comprenaient pas pourquoi on avait été expulsés donc nous avons été à nouveau bloqués pendant un petit moment. C’est donc un bon et un mauvais souvenir à la fois pour nous.

Quel est le morceau, l’album qui vous rend complètement dingue ?

Alors, il y en a plusieurs. D’abord, l’album « The Global Cannibal » (2003) de Behind Enemy Lines qui est vraiment génial du début à la fin. Ensuite, il y a toujours Nasum avec l’album « Helvete » (2003). Puis, il y a « Bolt Thrower » qui du début à la fin est un chef d’œuvre. Enfin, il y a aussi Napalm Death et son fabuleux « The Harmony Corruption » (1990).

Je vous laisse le dernier mot de l’interview.

On se quitte avec un extrait vidéo de la prestation de SCD au MassDeathtruction 2019 filmée par Yohann Thibaut.

Je souhaite d’abord dire merci à tous les lecteurs dont certains nous suivent peut-être maintenant depuis pas mal d’années. Sinon, aujourd’hui j’ai 45 ans dont 24 ans de chanteur de Sublime Cadaveric Decomposition et ce que j’espère c’est que dans 24 ans je ferai encore la même chose. Et ça c’est grâce à tous ceux qu’on rencontre ici. Merci à tous.


Vidéo de SCD au MassDeath en 2011 par 666Vassil.

Vidéo de SCD au MassDeath en 2019 par Yohann Thibaut.

Photo par SCD

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