Le premier album des franciliens de Kozoria sortira le 11 octobre sous le label Black Lion Records. J’ai eu la chance de pouvoir écouter cette petite perle de neuf titres intitulée « The Source » en avant-première. Spoiler alert : c’est une DINGUERIE ! Trois titres sont déjà disponibles « Division » et « Reborn » avec leurs clips respectifs, et « Demonize Them » sous forme de live session (les liens vers les vidéos sont disponibles au fil de l’article ci-dessous).
Il est déjà possible de réserver son exemplaire de « The Source » en prévente en suivant ce lien. Et il est également fortement recommandé de prendre son billet pour la release party qui aura lieu le 11 octobre O’Sullivans Backstage By The Mill à Paris (billetterie ici).
J’ai donc eu envie de creuser et d’en savoir un peu plus sur les « backstages » de cet album en allant chercher les informations à « La Source ». Entretien avec Julien PERDEREAU (chanteur guitariste), Kevin DELCOURT (guitariste), Bertrand JANICOT (bassiste) et Pierre GELINOTTE (batteur).
Comment vous sentez-vous à quelques semaines de la sortie de votre album ?
On a presque du mal à y croire. On travaille dessus d’arrache-pied depuis plusieurs années, c’est une longue route fatiguante. Imagine-toi une grossesse qui durerait 4 ans : tu n’as plus qu’une envie c’est d’accoucher et de présenter ton bébé au monde entier !
Donc en un mot : nous sommes IMPATIENTS.
Le premier concert de Kozoria a eu lieu en 2014 au Barde Atomique. En 2020, le line-up évolue avec l’arrivée de Kevin à la guitare et Pierre à la batterie. Le groupe semble avoir pris une direction un peu différente depuis. Qu’est-ce qui a provoqué le déclic pour prendre ce nouveau départ ?
Wouah le Barde Atomique ça fait déjà 10 ans … ça pique ! En réalité, ça été plutôt progressif en termes d’évolution dans la composition. Les cultures musicales de chacun qui grandissent, s’entrecroisent, les goûts qui s’affinent, l’expérience… ce sont autant de facteurs qui nous ont permis d’arriver là où nous en sommes. Le seul vrai déclic notable a été le moment où Julien a essayé d’intégrer des chorales dans les morceaux : la boîte de Pandore était ouverte. Impossible de s’arrêter après ça !
Pour ce qui est du line-up, Julien travaillait Kevin au corps depuis des années pour l’intégrer dans le groupe, ça a fini par payer ! En réalité, son arrivée et celle de Pierre ont surtout permis de verrouiller un line-up plus solide techniquement.
Parlons un peu de “The Source” qui sortira cet automne. Que pouvez-vous nous dire à propos de cet album ?
« The Source » est un album de metal très romantique : chaque riff, chaque arrangement pour chacun des morceaux est au service d’une émotion, d’une couleur particulière. En essayant, bien sûr, d’être plus subtil que « riff fâché = colère ».
C’est comme un recueil de contes contemporains où chaque morceau a son univers propre. On y retrouve les angoisses d’êtres humains, leurs émotions, leurs combats intérieurs. Dans « Division » par exemple, on imagine un contexte apocalyptique dans lequel un croyant remet en cause sa foi. Dans « Pandora’s Box » on reprend le mythe grec bien connu du même nom pour illustrer les mécanismes de la mémoire traumatique. Pour résumer, certains morceaux se basent sur un récit autobiographique, là où d’autres sont plutôt des exercices de pensée, des fictions.
On a quasiment travaillé tout seul pour cet album, avec Julien et Kevin en tandem pour la production. Julien s’occupait de l’enregistrement et des arrangements, et Kevin du mixage. Quant au mastering, il a été réalisé par Adam BENTLEY.
Hormis un EP sorti en 2016, il semble qu’il n’y ait pas eu d’autres enregistrements officiels depuis la création du groupe. Est-ce qu’il y a sur ce nouvel album des titres qui sont issus des débuts de Kozoria ou est-ce uniquement du nouveau contenu ?
Un disque c’est comme une photographie musicale du groupe à un instant T. Et cet EP commence à se faire vieux, on était vraiment des personnes différentes … Littéralement ! A part Julien, il ne reste aucun membre de cette époque là ! Les goûts et les ambitions ont aussi évolué depuis. Pour toutes ces raisons, « The Source » est donc uniquement composé de nouveaux contenus.
Avez-vous rencontré des difficultés pour la création de cet album ?
L’album a été produit par nous seuls à l’exception du mastering, pour lequel on a préféré faire appel à une oreille extérieure (Adam BENTLEY). Notre budget étant limité, notre tandem Julien / Kevin a dû chercher des solutions pour produire un son à la hauteur de nos attentes. Tout l’enregistrement a été fait chez Julien, y compris les voix. Le vrai défi était d’avoir des prises de son de bonne qualité sans studio professionnel. Aussi, c’était la première fois que Kevin mixait un album de metal dans son intégralité. Petit challenge aussi, surtout quand il s’agit de son propre groupe.
Avec le recul, on se rend compte que la plus grosse difficulté a été d’être livrés à nous-mêmes pour définir la direction artistique et la patte sonore du groupe. Étant donné que notre musique se place un peu à la croisée des chemins de plusieurs styles, il a fallu inventer nos propres repères en termes de signature sonore, ce qui nous a fait revoir notre copie à plusieurs reprises sur certains morceaux. Mais on est convaincus que c’est pour le mieux car on est très fiers du résultat et des énergies qu’on veut transmettre dans cet album.
Côté technique, à l’écoute de l’album on sent une réelle personnalité qui se dégage. Quels sont vos petits tips à chacun pour personnaliser votre son et où puisez-vous vos influences (musicales et au-delà) ?
Il y aurait pas mal de choses à dire, et à la fois c’est difficile de répondre. Au niveau de la composition, Julien a surtout travaillé « en vertical » et non plus « par couche ». C’est à dire qu’il ne composait pas d’abord la guitare, ensuite la basse, la batterie puis la voix. C’était un peu tout en même temps. Cela a permis de vraiment essayer de trouver un équilibre dans chaque section et entre ces sections. On essaie toujours de garder une tension constante tout au long des morceaux, tu l’as peut-être ressenti. C’est un travail plus lent, qui implique des dizaines de versions de chaque morceau (le record est à 43 !), mais qui permet de faire en sorte que chaque section ait été réfléchie et ait sa place. On essaye d’éviter le remplissage.
Cet album est aussi le fruit d’une longue recherche de son. Pour tous les instruments, on a vraiment voulu être au service des compositions et pas d’ego de musiciens.
Quant aux influences, tout dépend. Par exemple, les polyphonies viennent de beaucoup de groupes et de styles différents : Tryo, Les Wriggles, SOAD, Benjamin Britten … Pareil pour certains synthés, il y a par exemple un synthé dans le refrain de « Demonize Them » qui est inspiré de celui du refrain de “L’enfer” de Stromae (bon, c’est très subtil !). Les riffs, eux, viennent du thrash, du death, du heavy, du prog… Du metal quoi !
Pour la batterie, Pierre vise vraiment l’efficacité et cherche toujours à mettre le bon coup qui va au bon moment. Kevin essaye toujours de trouver la mélodie dans ses soli pour les rendre catchy. Bertrand, en bon bassiste qu’il est, va chercher à asseoir une lourdeur à la manière d’un Jean-Michel Labadie [Gojira], mais en allant aussi chercher des petites leads dans ses lignes, comme on peut le voir dans le prog ou le heavy. Pour le chant, Julien travaille longtemps les lignes de voix pour qu’elles soient toutes le plus catchy possible ! En gros, pour nous, chaque morceau est un peu comme une équation à laquelle il n’existe qu’une seule solution, mais on peut mettre longtemps à la trouver !
La release party aura lieu le 11 octobre à Paris. Apparemment vous nous préparez quelque chose de plutôt chouette. A quoi doit-on s’attendre ?
On prépare un concert qui fera la synthèse de ce que Kozoria est devenu aujourd’hui, avec un souci du détail, des versions exclusives des morceaux et une interprétation de toutes les parties instrumentales présentes sur l’album. On cherche à repousser nos limites, ce concert va être un beau challenge d’interprétation pour nous. Notre équipe technique travaille d’arrache-pied pour que le son et la lumière soient un cran au-dessus de tout ce qu’on a proposé jusqu’à présent. Plus qu’un concert, on espère offrir un vrai spectacle qui surprendra même les fans de longue date.
En 2023 et 2024 vous avez fait quelques scènes sympa, notamment la Wacken Metal Battle à Lyon, le Keudfest en Mayenne et dernièrement vous étiez en support des finlandais de Slow Fall à Colmar. Fin septembre vous serez en Allemagne au Coastrock également. Est-ce qu’il y a des endroits en particulier où vous aimeriez vous produire ?
Chacun des concerts que tu mentionnes nous a poussé à donner encore un peu plus sur scène, pour faire honneur à notre public qui s’élargit de plus en plus. Et justement, dans une optique d’aller rencontrer ce public, on aimerait beaucoup aller dans le sud de la France, ouest comme est, on n’y a pas encore mis les pieds ! En Belgique aussi, on sait qu’il y a une belle communauté metal chez nos voisins, et on sait que des personnes nous y écoutent déjà. Et bien-sûr, nous avons aussi grand-hâte d’aller à la rencontre des allemands en septembre, ça va être trop cool !
Quelles sont les ambitions de Kozoria désormais ?
En ambition concrète, on peut bien sûr citer les beaux festivals qu’on a en Europe dans lesquels on aimerait être programmés : Graspop, Hellfest, Motocultor, Wacken… Mais on ne se berce pas d’illusion : la scène amène la scène ! Donc on peut te répondre avec ce qu’on te disait juste avant : on veut sortir cet album déjà, le voir naître et le porter en concert, le faire exister ! C’est vraiment un beau bébé, vous verrez ! Puis attaquer le suivant. C’est ce qui se fait non ?
Un dernier mot pour la fin ?
Merci déjà, pour cette invitation, et merci à vous qui nous lisez, c’est vraiment une belle chose de faire vivre le metal en France. On a eu Gojira aux JO, c’est que les choses changent, le monde s’ouvre un peu plus. C’est aussi grâce à des actions comme cette interview !
Sinon, on se retrouve toutes et tous au Backstage à Pigalle le 11 Octobre, ça va être de la balle ! On a invité Maudits pour l’occasion, ils font du Post Metal Instrumental avec notamment un violoncelle, ça tue grave !
Ah et : « Deutschland ! Wir kommen bei dir ! » [« Allemagne, nous arrivons ! »]
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