Au Hellfest 2019, j’ai eu l’occasion de rencontrer Simon et Alex, respectivement guitariste et bassiste dans le groupe de black metal français Aorlhac. Ils nous expliquent un peu le concept d’Aorlhac, un groupe qui nous fait voyager en terres occitanes dont ils nous relatent les plus sombres et sordides histoires sur fond de black metal.
Tout d’abord, est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement et nous dire quel est votre rôle dans Aorlhac ?
Alex : Je suis Alex, le bassiste du groupe depuis 2012.
Simon : Je suis Simon, guitariste et chant secondaire depuis novembre dernier. Et pour vous resituer, on ne prononce pas « Aorlhac » mais « Auriac » de l’occitan.
Justement qu’est-ce que ça veut dire « Aorlhac » ?
Simon : Très simplement, c’est le nom occitan de la ville d’Aurillac, dans le Cantal en Auvergne.
Et, c’est là d’où vous venez ?
Alex : C’est plus ou moins le berceau du groupe, dans le sens où les membres d’origine du groupe viennent de là-bas. Les membres viennent du Cantal, une région du centre de la France.
Et pourquoi avoir choisi le thème de l’occitan ?
Simon : L’occitan, c’est le thème des légendes qui sont autour du Cantal et plus globalement de l’Occitanie. Ça, ça vient de la passion des membres fondateurs. Il y avait trois membres fondateurs au départ, dans le line up actuel, il n’y en a plus que deux qui sont NKS, le guitariste compositeur et Spellbound, le chanteur. C’était une passion qu’ils avaient autour des légendes et des histoires. Ce sont des gens qui aimaient l’endroit d’où ils venaient et qui aimaient savoir ce qui s’y était passé avant et qui aimaient creuser dans les légendes un peu obscures. Ils étaient passionnés de black metal, passionnés par l’histoire de la région et l’Occitanie en général. Ce qui fait que cela s’est imposé pour eux comme une évidence de mixer ces deux univers, le black metal et toutes les légendes qui tournent autour. Ça donne lieu à beaucoup de recherches dans des livres, pas de Wikipédia. Spellbound a lu pas mal de bouquins et s’est beaucoup documenté à ce sujet. Il y a certaines légendes qui sont assez peu connues, même localement. « Les Méfaits de Mornac », par exemple, c’est un morceau qui apparaît sur le dernier album, « L’esprit des Vents ». Et je viens de l’endroit où Mornac faisait ses méfaits et je n’en avais jamais entendu parler. On cherche des choses plus particulières, plus méconnues et finalement, ce sont les plus intéressantes.
Sur la page Facebook, vous vous définissez comme un groupe « tourné vers le passé ». Est-ce le passé auquel vous faites référence via les légendes occitanes ou le passé en général ?
Alex : C’est une passion générale mais dans le groupe, il y a quand même une histoire assez ciblée, assez locale. Ça vient vraiment d’une passion des membres d’origine qui ont eu l’idée de développer cette histoire et ce passé.
Simon : Après, il n’y a pas un rejet du monde actuel. Mais il y a une prise de conscience de la décadence. Il y a une certaine forme de rejet du monde moderne, mais c’est pondéré. Il n’y a pas forcément une envie de revenir à cette époque-là mais derrière, c’est vrai que c’est un peu une ode à l’ancien temps. Donc « résolument tourné vers le passé » comme c’est indiqué, oui, mais d’une certaine manière.
Parlons un peu de votre dernier album « L’esprit des vents ».
Simon : Les retours ont été très très bons. Au niveau de l’historique qui tourne autour de l’album, on reste ancré dans les légendes occitanes. Donc, en fait, tout tourne autour de cet univers de légendes et on a un morceau en particulier qui s’appelle « L’Ora es Venguda ». C’est un morceau qui est chanté en Occitan et qui parle de la liberté en général, qui est « La Libertad », un vieux chant en occitan. Donc l’Occitan et ses légendes, c’est ça la thématique d’Aorlhac et ça restera la thématique d’Aorlhac.
Alex : L’accueil a été excellent, notamment grâce à notre label « Les Acteurs de l’ombre ». On parle de nous un peu partout. On a un visuel qui a bien plu.
Simon : Un visuel qui a plu et qui a été fait par Stan W Decker qui est un artiste de la région. Il faut dire que cet album est le résultat de longues années de boulot. Dans Aorlhac, il y a eu une grosse pause qui s’est opérée entre 2012 et 2018, le jour de la sortie de l’album. Donc, c’est un album qui a vraiment maturé. Il a été réfléchi et bien pensé, que ce soit en termes composition, de production ou de distribution, grâce aux Acteurs de l’Ombre.
Alex : Maintenant, « La Trilogie Des Vents » est bouclée. Donc, sur le prochain album, on va discuter de ce qu’on va faire : si on cible tout autant les légendes locales ou si on élargit un petit peu plus le concept, ou si on va voir ailleurs. A priori, on ne devrait pas trop s’éloigner du concept d’origine sinon, ce serait dénaturer l’identité du groupe.
Comment avez-vous vécu votre prestation aujourd’hui au Hellfest ?
Simon : Les 10 minutes avant ont été très compliquées. Je ne te cache pas que c’était très compliqué. Je dirais même que les quatre jours avant ont été très compliqués. Je n’ai pas dormi de la semaine. Sinon, sachant qu’on est un groupe live assez récent puisqu’on a recommencé en 2018, il y avait beaucoup de stress aussi. Finalement, on n’avait même pas une dizaine de dates à notre actif avec le line up tel qu’il est aujourd’hui et faire une date comme le Hellfest dans ces conditions-là devant autant de personnes, c’était impressionnant.
Du coup, on avait vraiment préparé ce concert. La résultante de tout ça, ce qu’il en ressort en tout cas, c’est énormément de satisfaction. Dans une vie de musicien, on a, je pense, très très peu, surtout quand on fait du black metal, d’occasions de vivre quelque chose comme ça et on ne remerciera jamais assez Les Acteurs de l’Ombre pour leur accompagnement dans tout ça.
Alex : Et puis c’est peut-être une des plus grosses scènes qu’on ne fera jamais connaître. Je ne sais pas.
Simon : Disons que ça donne envie d’en faire d’autres en plus.
Alex : Jusque-là c’est vraiment la plus grosse expérience qu’on ait vécu dans nos vies de musiciens.
Quelle est la suite du programme pour 2019 ?
Simon : La réponse est assez claire, ce sont des concerts, c’est continuer à défendre « L’Esprit des Vents » et les anciens albums parce que comme on disait, on est un groupe live assez récent.
Après, on a un projet nébuleux d’album à venir dans lequel l’ensemble des membres aujourd’hui seraient plus ou moins impliqués en termes de composition. Mais pour l’instant, le leitmotiv c’est le live, le live et le live. On a des dates prévues sur toute la fin d’année et en début d’année prochaine. Le but, c’est de défendre ce qu’on fait en concert, du mieux qu’on peut.
Je vous laisse le dernier mot de l’interview.
Simon : Moi, j’ai un conseil à donner, c’est : sortez des sentiers battus de ce que vous écoutez, sortez du mainstream. Découvrez les petites maisons de disques. Renseignez-vous et vivez votre passion. Vous trouverez toujours des choses et des perles à écouter. Merci de nous avoir lu. Merci à toi de nous avoir interviewé et de nous avoir donné cette attention-là. Apprenez à sortir des sentiers battus quand vous cherchez de la musique et que vous voulez de nouvelles sensations. Faites-vous plaisir, c’est tout ce qui compte.
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