La dose de stoner du dimanche soir

Les concerts du dimanche soir ont une saveur spéciale dans la vie d’un mélomane. Ces petits instants cocons qui viennent vous caresser le tympan après une dure semaine de labeur, cette bonne dose de rock’n’roll qui vous réveille après la sieste dominicale post gigot. Et c’est exactement ce genre d’ambiance que nous promet ce soir-là le Black Lab, avec le groupe Slomosa en première partie, du stoner désertique de … Norvège (!) et les américains de Elder, du rock prog avec des touches stoner/doom, tout ce qu’on aime.

Slomosa

Slomosa commence par nous embarquer dans le désert avec un riff bien stoner et contemplatif et enchaîne avec « Estonia » tiré de leur premier LP au titre éponyme. C’est la voix qui me surprend d’abord, car après une intro aussi stoner, on retrouve ici une instru proche du grunge et un chant avec une certaine intention punk. Sympa !
La basse moelleuse de Marie Moe vient nous cajoler en ce début et la fuzz fait le reste, le deuxième morceau du set, « Scavenger », nous fait comprendre que l’on ne va pas simplement headbanger mais aussi chalouper. Bref du stoner comme on l’aime, lourd et groovy à la fois.
L’ambiance est au rendez-vous et Benjamin Berdous, chanteur et guitariste, communique avec son public en français, s’il vous plaît !
On arrive rapidement au nouveau titre du groupe « Red Thundra » qui reçoit un bel accueil du public et qui annonce un avenir prometteur à cette formation. On a clairement hâte d’entendre la suite.
On continue avec le très catchy et efficace « There Is Nothing New Under The Sun », une vibe très 90’s, une vraie bouffée d’air frais portée par une très belle énergie délivrée de la part du groupe.
On termine ce set avec les fuzzy « Kevin » et « Horses » qui ouvrent l’album et finissent ici par convaincre le public que Slomosa est définitivement une belle pépite stoner.

Elder

Armés de leur pédaliers gargantuesques, nos cinq comparses s’installent et on sent déjà à la configuration de la scène que l’on va vivre un grand moment de rock prog.

Les américains démarrent leur set avec « Catastasis », la pièce inaugurale du sixième album d’Elder sorti l’année dernière. On est happé dans les onze minutes de morceau où chaque instrument a le temps de déployer son propre langage. La présence du clavier rappelle sans problème le Yes des années 70, les guitares s’expriment à la fois à travers de fragiles arpèges mais aussi grâce à des riffs plus lourds, ne manquant pas de finesses toutefois. Ça me rappelle parfois les suédois d’Opeth. Un bijou prog, épique à souhait.

N’oublions pas qu’à la sortie de son premier album en 2008, le groupe distille une musique pachydermique orientée doom, avec quelques éléments de stoner/psych et opère un grand virage vers le prog dès son deuxième album. Ce set retrace un peu l’histoire de ce tournant et le groupe va en effet piocher les morceaux les plus prog de sa discographie.

On continue avec la pièce « Lore », de presque seize minutes, qui soutient un rythme infernal jusqu’à la moitié du morceau et nous montre le savoir-faire riffesque du groupe.

C’est au tour du très aérien « Ember » de nous emmener en balade à travers les arpèges mélancoliques de la guitare, les nappes psyché du clavier et ce combo basse/batterie impeccable qui soutient les différents tableaux de cette superbe pièce.

Retour au nouvel album avec « Merged In Dream – Ne Plus Ultra », son intro envoutante et son foisonnement de riffs géniaux. L’orchestration impeccable nous montre encore toute la finesse et la maîtrise de la partition de ce nouvel album.

On terminera ce set avec « Blind » et « Gemini » nous rappelant les racines stoners du groupe avec des riffs fuzzy tous aussi savoureux les uns les autres.

Nous aurons également le droit à un rappel. Je dois bien l’avouer, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde, la salle est quasi comble et je suis agréablement surprise qu’un set aussi orienté musique progressive plaise à autant de monde.

En bref, une maîtrise instrumentale, de l’orchestration et de la partition absolument géniale qu’un Yes n’aurait sûrement pas dénigré. Un son à la fois cristallin et plus fuzzy parfois, Elder est une vrai pépite à voir en live.

Un grand merci à The Black Lab et à Cerbère Coryphée pour ces superbes moments de musique.