Dans le cadre du Durbuy Rock Festival 2019, nous avons pu rencontrer et interviewer le très sympathique mais intimidant Vorph, le chanteur du groupe de metal suisse Samael, avec qui nous avons passé un agréable moment, tant durant l’interview que lors de leur concert.


Donc, Samael c’est le nom d’un démon mais c’est aussi le nom de votre groupe, peux-tu me dire ce qui se cache derrière tout ça ?

C’est juste ce que tu dis mais depuis le temps, on s’est approprié ce nom-là. On l’avait choisi parce qu’effectivement c’était le nom d’un ange rebelle, d’une sorte de Père Fouettard, quelqu’un qui punit, quoi. Et puis il y avait quelque chose derrière qui nous attirait là-dedans. Mais là depuis longtemps, j’ai l’habitude de dire que c’est un peu le nom de l’entité qu’on forme quand on est tous les quatre, même si on n’est plus les mêmes quatre depuis. La dynamique a changé. Il y a toujours un esprit de groupe, une sorte de cinquième personne qui est incarnée par le groupe lui-même. C’est cette entité qui fait qu’on est plus que quatre. C’est vrai qu’en plus on a un entourage qui nous suit.


Alors, les premiers albums étaient plutôt qualifiés de « black metal ». Maintenant les gens ont plus tendance à dire que c’est plus du metal industriel. Comment expliquerais-tu cette transition musicale et comment définirais-tu votre son ?

On ne se définit pas vraiment. On est un groupe de metal, je pense qu’on n’a pas beaucoup de doutes là-dessus. C’est de là qu’on vient. Après voilà, on a toujours essayé de jouer des choses qui nous plaisent. Quand on découvre quelque chose de nouveau, on essaie de l’apprivoiser à notre sauce. Je pense que c’est ce que tous les artistes font d’ailleurs. Tu prends des choses qui sont autour de toi, puis tu fais un peu « ta propre cuisine ». On n’a jamais eu une vision en se disant « voilà, on va faire ça ». C’est venu gentiment mais c’est même des fois arrivé de manière accidentelle.

 

Je prends souvent cet exemple, c’est vrai qu’on avait sorti un mini album en 1995 avec un morceau entièrement programmé qui s’appelait « Static Journey ». A aucun moment quand on a fait ce morceau on s’est dit que ça serait l’étape suivante pour le groupe. Ensuite, on a eu un changement de line up, notre claviériste a quitté le groupe. Xy qui était le compositeur des parties clavier s’est mis au clavier. On a programmé la batterie et voilà ça a été un énorme changement. C’est une des raisons pour lesquelles on a une tendance à aller vers l’industriel électronique parce que voilà on travaille aussi avec des sons qui sont différents. On a aussi des possibilités différentes, on n’est pas obligés d’avoir des sons de batterie systématiquement pour faire la percussion. On peut utiliser des samples. Donc voilà, ça a ouvert des portes et même là on ne sait pas ce qu’on fera plus tard mais c’est vrai que si je regarde les derniers albums, on a plus essayé d’être dans une cohésion que dans l’expérimentation.


Qu’est ce qui se cache derrière la musique ? Quels sont les thèmes que vous aimez aborder dans vos chansons ? Quel est le message que vous voulez transmettre aux gens qui vous écoutent ?

Ça a changé avec les années. Je ne suis même pas sûr qu’on ait vraiment des thèmes de prédilection. On parle des choses qui nous touchent sur le moment, des choses qui nous font réagir. Je ne pense pas en tout cas pas qu’on soit un groupe politique. Sur le dernier album, par exemple, c’est la première fois, à mon avis, qu’il y a des réflexions sur le monde actuel. C’est quand même quelque chose de très intérieur avant ça. Ce n’est pas philosophique mais plutôt une recherche personnelle.

 

Et là, pour le dernier album il y a probablement une sorte d’écho au monde extérieur plus marqué. Je pense que c’est aussi le fait que l’information est tout le temps présente. Donc on a du mal à faire abstraction de tout ce qui existe. Donc forcément, il y a des morceaux qui s’infiltrent et qui viennent s’ajouter à ça.


Comment ça se passe la scène underground et metal en Suisse ?

Il y en a comme partout. Il y a des clubs. Alors, je pense qu’on a le même problème que la Belgique. Nous sommes des petits pays. Donc pour exister on ne peut pas jouer exclusivement en Suisse. Ce n’est pas possible, on est obligés de s’exporter. C’est une des raisons pour lesquelles les groupes qui veulent continuer doivent jouer un peu à l’extérieur. Mais il y a chaque fois des nouveaux groupes qui arrivent avec quelque chose d’intéressant. Par exemple, notre bassiste a son propre projet, Herod, que je trouve vraiment pas mal. Il y a Zeal & Ardor, c’est un groupe dont on parle pas mal, je trouve ça vraiment intéressant. Après, il y a plusieurs groupes comme Coroner qui ont démarré avant nous. En l’occurrence ils ont à peu près de la même génération que nous même s’ils avaient une longueur d’avance. Ils avaient déjà deux albums alors qu’on n’avait pas encore sorti notre première démo.


Est-ce que Samael c’est autant apprécié en Suisse qu’à l’étranger ?

Ça se passe relativement bien dans le sens où comme j’ai dit, c’est un petit pays. On n’a jamais vraiment fait de tournée en Suisse, même à l’époque, mais on y joue, je pense, entre une et deux fois par année systématiquement. Peut-être plus en même temps, mais jamais moins. Après, il y la Suisse alémanique et la Suisse romande. Et généralement, on alterne. Cette année, on ne joue pas en Suisse romande, on finira notre tournée Zürich. Donc voilà, notre date suisse est faite. Après, en l’occurrence, on jouera un festival un peu plus tard dans l’année. Je pense que si on fait entre un et cinq concerts en Suisse par année c’est suffisant.


Si tu devais recommander un seul groupe ou artiste à nos lecteurs, lequel serait-ce ? La dernière chose que tu voudrais écouter par exemple.

Si les dernières heures de ma vie sont comptées, je pense que j’écouterais plutôt de la musique classique en l’occurrence et ici je dirais le Requiem de Mozart.


Quels sont vos plans avec le groupe pour 2019 ?

Dans l’immédiat, on a notre tournée qui démarre au mois de mai. Donc voilà, ça va être notre actualité dans le présent. On a deux albums qui ressortent la semaine prochaine, ce sont des rééditions augmentées, si on veut. Chacune aura un CD bonus. Ce sont nos albums « Lux Mundi » et « Solar Soul ». « Lux Mundi » est remixé et remasterisé et « Solar Soul » seulement remasterisé. Et puis voilà, on verra.

 

Comme je l’ai dit, il y aura quelques festivals cet été. On va probablement faire des dates à l’est avant la fin de l’année parce que la tournée qu’on fait en mai c’est seulement l’Europe centrale. Donc, on ira certainement en Pologne et probablement en Russie. Puis, on verra.


Je te laisse le dernier mot de l’interview.

Profitez de la vie, ça me semble être une bonne chose à faire.


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