L’attente m’a semblé bien longue avant cette soirée du 17 mars ! Malgré une météo morose qui ne donnait pas tellement envie de mettre le nez dehors, direction Bruxelles où l’Ancienne Belgique – l’AB, pour les intimes – est sur le point d’accueillir une soirée mémorable, dont je vais oublier la fin … Bref, le plateau de ce soir est plutôt éclectique, car il réunit trois groupes aux styles bien différents, qui fonctionnent malgré tout assez bien ensemble, en témoignent les guichets fermés : Infected Rain, DragonForce et Amaranthe.
Je passe les détails de l’entrée compliquée. Pour la faire courte, j’ai tout simplement failli ne pas accéder à la salle. Du coup, ce petit contre-temps m’a fait rater la moitié du set des Moldaves d’Infected Rain, toujours menés de front par la charismatique Lena Scissorhands. Le groupe a arpenté les scènes internationales, en solo ou aux côtés des plus grands, avec le même line-up pendant plus de dix ans. Mais, l’an dernier il s’est séparé des frères Babich (basse et guitare), désormais remplacés par une seule personne : Alice Lane à la basse.
En février, Infected Rain a sorti «TIME », son sixième album. Ce sont donc de nouveaux morceaux qui composent majoritairement la setlist du jour. Et ils ne sont pas trop mal, à vrai dire ! Même si je suis un peu nostalgique de ce bon vieux « Orphan Soul » ou encore de l’inénarrable « Me Against You ». Enfin ! Au niveau de la prestation, ce n’est pas tellement la technicité qui prime, on est plutôt dans une performance scénique mordante destinée à chauffer la salle. Et même si l’audience, déjà compacte, est encore timide, les quelques exercices participatifs proposés par Lena tout au long du set font leur petit effet et on voit apparaître les premières belles bousculades.
Après ce premier court concert, sans conteste le plus agressif de la soirée, on change complètement de style musical et d’univers visuel. En effet, les Britanniques de DragonForce ont opté pour des néons et deux bornes d’arcades géantes de part et d’autre de la scène en guise de décor, en haut desquelles les musiciens se succéderont au fur et à mesure du show. Ils se céderont aussi tour à tour la place au centre de la scène, où Sam Totman et Herman Li nous offriront leurs meilleurs solos. Ce dernier nous fera également un court discours en français, tandis que son collègue s’enfilera des Jupiler, accoudé à l’une des bornes d’arcades.
La musique de DragonForce est kitsch au possible, mais l’énergie et surtout la bonne humeur du groupe sont communicatives et, bon sang, que c’est bien joué ! Quelle belle performance, tant musicale que vocale ! De plus, le show est ponctué de surprises, comme l’apparition d’un énorme poulet en peluche que le public est invité à se passer durant le titre « Power Of Triforce ». Apparemment, c’est un clin d’œil à Zelda, mais j’ai pas la réf. Et, fait notable, soit dit en passant, le gros poulet est revenu intact à la fin du morceau !
La température est nettement montée d’un cran dans la salle, les crowdsurfings s’enchaînent et tout le monde s’enjaille sur « Doomsday Party », titre issu du dernier album du groupe « Warp Speed Warrior » qui vient à peine de sortir. Ce morceau est enregistré avec Elize Ryd d’Amaranthe, j’espérais donc secrètement la voir débarquer, mais non … Dommage !
Pour poursuivre, nous aurons également droit à une reprise de « My Heart Will Go On » de Céline Dion et même si la blague pouvait s’arrêter là, ils ont enchaîné avec « Wildest Dreams » de Taylor Swift. Évidemment, le groupe ne pouvait pas quitter la scène sans interpréter son hit « Through The Fire and Flames », rejoint sur scène par deux immenses dragons gonflables. Je me répète : c’était vraiment kitsch … Mais vraiment fun !
Tout s’est enchaîné très vite ce soir et c’est déjà au tour de mes Suédois préférés – Amaranthe, au cas où ce n’était pas clair – de prendre possession des planches sur le rythme effréné de « Fearless ». Le concert démarre fort, car ce sont « Viral » et « Digital World » qui suivent. Comme à chaque fois, l’exercice du shooting photo est vraiment difficile. Pas parce que les lumières sont mauvaises, loin de là aujourd’hui, mais parce qu’il m’est presque impossible de fermer ma grande bouche en entendant ces chansons que j’écoute en boucle depuis des années et que, fatalement, je connais par cœur. Pour corser l’exercice, les trois chanteurs investissent l’espace et s’éparpillent d’un coin à l’autre de la scène : je ne sais pas où donner de la tête. Bref, il y a peu de temps pour réfléchir, d’autant plus que les morceaux sont facilement deux fois moins longs que ceux de DragonForce. De retour dans le public, je savoure chaque seconde qui m’est donnée en compagnie de mon groupe favori.
Même si Amaranthe vient également de sortir un nouvel album, « The Catalyst », il y aura peu de nouveaux titres joués. Seuls l’endiablé « Damnation Flame » et les très électroniques « The Catalyst » et « Re-Vision » seront de la partie. À déplorer un peu également dans la setlist, c’est l’interprétation de trois ballades : « Strong » (où Noora Louhimo est malgré tout brillamment remplacée par Nils), « Crystalline » et l’incontournable « Amaranthine ». Cela fait beaucoup de moments gnangnans, alors que la discographie du groupe est majoritairement composée de morceaux super dansants. Enfin, puisque j’en suis à critiquer le choix des chansons, pour moi, « PvP » et « That Song » auraient pu également être remplacées par d’autres, comme « Hunger », qui m’a manqué.
Bon, on dirait que je râle, mais pas du tout ! Ce concert était génial, j’ai adoré la performance dans son ensemble, l’énergie des musiciens et leur symbiose : les solos d’Olof, bien qu’un peu répétitifs, sont parfaitement joués, Morten est au taquet derrière ses fûts et même si Johan a toujours l’air de faire la gueule, sa basse et lui ne manquent pas de présence. Quant au trio vocal, il n’y a pas grand-chose à dire : Elize est tout simplement parfaite et ses impros sur certains morceaux démontrent la diversité de ses capacités vocales. Il en va de même pour Nils qui n’hésite pas non plus à varier les plaisirs. Et enfin, c’était la première fois que l’on rencontrait le successeur officiel de GG6 : Mikael Sehlin, qui évolue aux côtés de ses collègues comme un poisson dans l’eau et dont la voix ressemble à s’y méprendre à celle de son prédécesseur, en témoigne notamment son interprétation bluffante de « Boom ! ».
Après pas moins seize chansons, il était déjà temps pour Amaranthe de tirer sa révérence au son de « Drop Dead Cynical » et de clôturer ainsi cette soirée musicalement variée. En effet, nous sommes passés du groove au power pour arriver à l’électro metal : un tour d’horizon intéressant et rassembleur qui a fait transpirer une Ancienne Belgique pleine à craquer.
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