C’est au festival Root’s n Roses à Lessines en mai cette année que je découvre les belges de Psychonaut.

Un metal progressif lourd avec un sens du riff aigu, des paysages sonores sombres et un contraste chant growl/chant clean qui vous embarque pour un long voyage.

Je ne connais pas encore les thématiques abordées par le groupe, mais l’expressivité de la composition et de la musique suffisent pour me faire comprendre qu’un combat difficile est en train de se livrer sous mes oreilles.

Alors, lorsque je remarque leur venue le 16 septembre à l’Aéronef de Lille, je fonce.

L’occasion aussi de découvrir Mutoid Man, le trio du chanteur et guitariste Stephen Brodsky (Cave in, Old Man Gloom). Avec l’excellent Ben Koller (Converge) à la batterie et Jeff Matz qui remplace Nick Cageao à la basse, et qui n’est autre que le bassiste de High on Fire, autant dire que ça promet.

Psychonaut

Psychonaut

Le concert est sold out. La salle est comble et c’est Psychonaut qui ouvre le bal avec « Halls of Amenti » issu de leur premier album déjà devenu culte, Unfold the God Man. Le public est réceptif d’emblée et écoute attentivement ce mélange de riffs groovy bien lourds et de passages plus envoûtants marqué par l’alternance du chant clean de Thomas Michiels (bassiste) et des growls de Stefan de Graef (guitariste). Le joli travail d’harmonisations des voix est vraiment plaisant à entendre et rappelle parfois le travail effectué sur un « Isa » d’Enslaved.

On est happé par le morceau « Violate Conscensus Reality », morceau éponyme du deuxième album sorti l’année dernière.

Toujours matinées de belles plages introductives enregistrées, chaque début de morceau nous plonge dans une atmosphère différente. Ici on a le droit à une incantation mystique signée Stefannie Mannaerts (Brutus), un tourbillon de riffs lancinants et Stefane de Graef qui possède aussi un beau timbre de voix claire, nous plonge dans ce voyage introspectif qui monte en puissance. Un bijou de post-metal.

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On enchaîne avec « All I Saw As A Huge Monkey », morceau qui résume bien l’amour du riff au sein des compositions du groupe. Le public headbang religieusement à l’écoute de ce titre entièrement instrumental.

Le set s’enchaîne et les belges de Psychonaut ont réussi encore une fois à nous emmener ailleurs. Ils finissent le concert par leur masterpiece « The Fall Of Consciousness » et la salle reprend instantanément la mélodie de l’intro, preuve que le groupe commence à s’installer doucement dans notre inconscient collectif. Le public vient de vivre un moment plein de générosité et en quarante minutes Psychonaut a réussi à jouer avec nos émotions entre riffs lourds, incantations shamaniques et technique impeccable.

Mutoid Man

Mutoid Man

Une salle, deux trios, deux ambiances, voilà qui résume bien cette soirée.

On se remet de notre voyage intérieur et c’est parti avec le trio infernal Mutoid Man.

Il s’agit d’une totale découverte pour moi, c’est Psychonaut qui m’a attirée ce soir-là et je peux le dire maintenant, merci à l’Aéro pour cette merveilleuse tête d’affiche !

Et ça part avec « Call Of The Void », premier morceau de l’album Mutants, tout frais démoulé en juillet de cette année, le public connaît déjà le titre par cœur. C’est catchy, festif et malgré tout il s’agit d’une musique exigeante, ça tricote pas mal et on adore le son « infecté » de la guitare.

Avec les deux morceaux qui suivent, issus de l’album Bleeder, premier album du trio new-yorkais sorti en 2015, je commence à percevoir le mélange fou des styles qui opère, puisque je sens à présent des influences heavy qui viennent se distiller çà et là.

On enchaîne et le chanteur scande un :« You guys ready to get melty ? » pour annoncer le morceau « Melt Your Mind ». La présence scénique de Stephen Brodsky est remarquable, ça se marre, ça sourit à tout va, son humour est ultra communicatif et malgré une performance incroyable, aucun des membres du groupe ne se prend au sérieux ! Bref, ils se font plaisir et ça fait du bien à voir et à entendre.

On continue avec des reprises de l’album War moans (2017) et à partir de ce moment, le public déjà chaud devient complètement fou. Ça pogote joyeusement dans tous les sens, le transfert d’énergie entre le public et le groupe est juste incroyable. La folie de l’un nourrit l’autre, c’est beau à voir.

On va de surprise en surprise car après le très punk hardcore « Micro Aggression », on enchaine avec l’intro d’une reprise de … King Crimson ! J’avoue être très agréablement surprise d’entendre « 21st Century Schrizoid Man ». Le groupe se sert du riff principal pour introduire le terriblement efficace « Kiss Of Death ». On se retrouve dans le troisième cercle de l’enfer avec un mélange détonant de riffs dissonants et une ligne de chant hyper efficace qui nous révèle toutes les influences pop de Brodsky. Terriblement addictif.

Après avoir fait monter la sauce, la moitié de l’audience ayant probablement un point de côté, Brodsky, qui manie sa salle à la perfection, nous pose avec l’épique rock ballade « Bandages ». « To set the mood » a-t-il dit ! Après une intro à la basse de Jeff Matz, le public se calme, tout ouïe.

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On souffle un peu avant que la tempête de riffs acides, de solo de batteries, de lignes de basses bien lourdes et que toute la folie des compos nous aspirent à nouveau. On enchaîne cette deuxième partie de set avec les compositions du dernier album et le très punk « Setting Sun ». Il s’agit d’un cocktail de grosse cavalcade à la basse, des riffs de guitares explosifs totalement exubérants et survoltés, mais avec un refrain à la mélodie mélancolique. C’est beau et inattendu et ça résume assez bien ce dernier album et l’énergie de ce live.

On a le droit à un « Unborn » bien acide. Brodsky s’amuse avec les effets (probablement whammy + octaver, miam). La mise en place est complétement dingue. Le public ne sait plus où donner du headbang et le groupe nous montre encore une fois la folie qui règne dans la composition.

La salle est chauffée à blanc et tout le monde se fiche de son point de côté. Le trio maîtrise son audience comme personne entre pogo et blagues potaches. On arrive très vite à la fin de ce set avec le banger « Gnarcissistic ». « Don’t fall in love with yourself !» scande Brodsky de son sourire charmeur.

Après deux rappels et une heure trente de show, on ne peut qu’être d’accord avec le batteur, Ben Koller, qui nous dit en blaguant « nous allons jouer cinquante morceaux de plus !». Allez-y les gars, on ne demande que ça ! Mutoid Man vient de nous livrer un gig de haute volée et a complétement transformé le public en une bande de joyeux mutants totalement drogués à leur son.

Si Mutoid Man passent près de chez vous, annulez ce que vous avez prévu ce soir-là, vous ne pouvez pas rater un show aussi pointu et fun à la fois.

Merci d’avoir pris le temps de me lire, je retourne écouter en boucle la discographie du groupe, en attendant leur prochain live !