Le Luxembourg est un tout petit pays proche de la Belgique mais il semble que chaque groupe de metal qui s’y trouve soit plutôt bon ! Découvrons aujourd’hui l’un d’entre eux avec l’aide de leur chanteuse, Diane, et quelques mots de leur claviériste, Laurent, également : ShadoWhisperS. Le groupe, évoluant dans un registre symphonique teinté de fantaisie, a récemment sorti son premier full album, « Mara », qui explore le subconscient, de la lumière à l’obscurité.

Tout d’abord, pouvez-vous simplement présenter le groupe ?

ShadoWhisperS a été formé en 2009 et après de nombreux changements de line-up et quelques morceaux démo enregistrés en salle de répétition, nous avons sorti notre premier EP officiel, « A Tincture Of Gothic Fiction », en 2017 et notre premier album, « Mara », en 2019. ShadoWhisperS est un groupe de metal symphonique avec une pointe de fiction gothique, qui crée un genre hybride combinant du power metal et des éléments de musique classique orchestrale avec les atmosphères sombres du rock gothique. C’est une obscurité émotionnelle qui raconte des histoires épiques de batailles entre la lumière et l’obscurité, les luttes intérieures, les héros et les anti-héros et bien sûr, la vie et la mort. Nous sommes des ombres qui chuchotent des vérités et qui séduisent en levant le voile de vos yeux. Nous sommes : Diane Frisch (chant), Jean-Claude Sonnen (guitare), Laurent Schleck (clavier), Piquet Jung (basse) et Mot Speller (batterie).

ShadoWhisperS a été fondé en 2009. Quelles sont les grandes étapes de la carrière du groupe ?

En 2015, nous avons commencé à organiser notre festival « Shadows’ Night ». Une autre grande étape a certainement été la sortie de notre premier EP « A Tincture Of Gothic Fiction » en janvier 2017 et le clip vidéo de notre chanson « Slow Death » sorti en mars 2017. La vidéo a atteint la deuxième place des Viewer’s Choice Awards lors des Video Clip Awards du Luxembourg. Nous avons fait beaucoup de chouettes concerts au Luxembourg, en Belgique et en France, comme la convention Steampunk, nous avons participé à la battle du FemME et nous avons fait quelques shows avec des groupes locaux.

En 2017, nous avons fondé l’ASBL « Shadows’ Night » pour promouvoir le rock et le metal au Luxembourg et dans la grande région et avons porté notre festival « Shadows’ Night » à un niveau supérieur en organisant des ateliers pour les enfants, les adolescents et les adultes.

En 2018, ShadoWhisperS était présent sur deux samplers : Imperative Music Compilation Vol. 14 et Finest Noise – Der Luxemburgsampler.

En 2018 et 2019, nous avons lancé notre projet « Metal & Pipes » combinant la musique classique et la diversité de l’orgue à tuyaux avec les riffs sombres et lourds de la musique metal symphonique. Le répertoire des six musiciens comprend des morceaux d’orgue classiques populaires dans une nouvelle interprétation, ainsi que des compositions du groupe ShadoWhisperS réarrangées avec l’orgue et des improvisations libres de Paul Kayser.

Enfin, en 2019, nous avons sorti notre premier album « Mara » et avons eu l’occasion de partager la scène avec le super groupe de death metal mélodique, MaYaN.

Votre direction symphonique est-elle venue naturellement ou est-ce quelque chose que vous avez construit au fil du temps ?

Diane : La direction symphonique est une combinaison de musique classique et de musique rock/metal. C’est donc tout ce que j’aime. Je pense que c’était juste une conclusion logique.

Laurent : J’ai joué dans quelques groupes avant, mais en tant que claviériste, il est difficile de trouver un groupe qui joue de la musique heavy. J’ai donc décidé de fonder mon propre groupe et le choix du metal symphonique m’est venu tout naturellement en tant que claviériste. Mais trouver un line-up stable a été difficile.

Vous avez récemment sorti « Mara », comment décririez-vous personnellement cet album ?

L’album traite de pensées sombres, de rêves et de cauchemars, d’idées horribles, désagréables, sexuelles et curatives dans notre subconscient.

Lorsque vous avez écrit la musique et/ou les paroles de cet album, qu’est-ce qui vous a le plus inspiré ?

Diane : Les rêves en général sont très fascinants pour moi. Nous ne pouvons pas vraiment les contrôler et ils révèlent les pensées de notre subconscient. Tout le monde fait parfois des cauchemars. Et tout le monde a des pensées qu’il essaie de cacher. Nous savons tous combien les rêves peuvent être effrayants et réels. Il y a tellement d’idées de chansons intéressantes en chacun de nous.

Qui est Mara ? Quelle est son histoire ? En regardant l’artwork, je pense que c’est une succube, mais j’aimerais connaître votre version.

Diane : Quand Mara vient vous rendre visite, vous sentez un poids lourd, ça peut commencer par les pieds, mais ça se pose toujours sur votre poitrine, vous laissant paralysé ! Mara – Maere, Mahr, Mahrt, Mårt – quel que soit son nom, c’était et c’est toujours une créature terrifiante qui apporte des cauchemars.

Laurent : C’est bien que tu apprécies notre version, car nous avons essayé de donner à Mara un nouveau visuel, peut-être plus moderne. Nous ne voulions pas utiliser l’image d’une succube. Après un brainstorming dans notre pub préféré, j’ai eu cette idée, en essayant de respecter toutes les idées des autres membres du groupe.

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Et au fait, l’album raconte-t-il une histoire ou les chansons sont individuelles ? Si oui, de quoi parlent-elles ?

L’album n’est pas un véritable album concept. Mais il y a « Mara » ou les cauchemars comme thèmes centraux. Toutes les paroles traitent du sujet des rêves et des pensées subconscientes, du côté sombre qui est en nous tous.

Jusqu’à présent, ma chanson préférée de « Mara » est « Distant Lovers ». En général, les artistes détestent cette question, mais avez-vous une chanson préférée de cet album ?

Diane : C’est une question très difficile, parce que, tout comme lorsque j’écris des paroles et des mélodies vocales, tout dépend de mon humeur. Quand j’écoute un album (même notre propre album), en fonction de mon humeur quotidienne, j’ai différentes chansons préférées. Quand je me sens agressive, ou quand je suis vraiment en colère, bien sûr, ce serait « Ghost Inside ». Quand je suis d’humeur plus mélancolique, je préfère « The Reign » par exemple, …

Laurent : C’est drôle. C’est la chanson que j’aime le moins. Elle a aussi subi beaucoup de changements jusqu’à ce qu’elle ait enfin le bon ton. Pour moi, c’est la plage titulaire. Elle a ouvert de nouvelles voies pour l’écriture de chansons car nous, en tant que groupe, nous avons réussi à jouer une chanson avec beaucoup de changements de tempo typiques et de tonalités. En plus, j’aime beaucoup l’ambiance et la dynamique de la chanson.

Au fait, j’ai remarqué que « Distant Lovers » et « The Last Whisper » sont des chansons sponsorisées, qu’est-ce que cela signifie ?

Quand nous avons commencé les enregistrements de l’album, nous avons remarqué qu’il était beaucoup plus cher de produire un album complet avec des enregistrements en studio qu’un EP avec des pistes de démo. C’est pourquoi nous avons cherché des idées pour réduire notre investissement financier personnel. Nos fans avaient la possibilité d’acheter l’album avant la sortie (une sorte de crowdfunding) ou même de sponsoriser une chanson entière et d’avoir leur nom dans le livret.

D’autre part, une chose amusante que j’ai remarquée sur votre page Facebook, c’est que vous appelez vos fans « Minions ». D’où cela vient-il ?

Laurent : Notre ancienne chanteuse avait commencé ça, bien avant que les petites créatures jaunes qui aiment les bananes soient célèbres, et nous nous y sommes tenus. D’autres groupes le font aussi, Slipknot appelle leurs fans « Maggots » et nous trouvions le terme “Minions” plutôt mignon.

Maintenant, j’aimerais en savoir plus sur toi, Diane, en tant que chanteuse. Quelle est ton histoire avec le chant ? Comment as-tu appris, comment est-tu arrivée au chant classique, etc.

J’ai commencé à jouer de la musique à l’âge de deux ans. Mes parents n’avaient pas de formation musicale, mais ils ont vécu à Vienne pendant quatre ans avant ma naissance. Vienne est connue pour de nombreux musiciens et artistes célèbres et c’est pourquoi l’éducation culturelle et musicale de leur enfant était très importante pour mes parents. J’ai commencé par le violon et j’ai joué de cet instrument pendant de nombreuses années. Mais je n’aimais pas beaucoup cet instrument. Dans ma jeunesse, j’ai essayé différentes choses, comme le saxophone, la batterie et le clavecin. Au Conservatoire de la Ville de Luxembourg, on pouvait intégrer la classe de chant classique à l’âge de 16 ans seulement. C’est là que j’ai commencé à prendre mes premiers vrais cours de chant et que j’ai enfin trouvé MON instrument. Je chantais dans différentes chorales nationales et internationales : « Faust » à la Philharmonie de Berlin ou la 8ème symphonie de Krzysztof Penderecki (décédé il y a quelques jours) pour l’ouverture de la Philharmonie de Luxembourg par exemple. A l’âge de 17 ans, j’ai commencé à chanter dans un groupe de funk/rock appelé Clandestinos. Nous avions des chansons avec des paroles comiques et je me souviens de concerts très drôles à la Kulturfabrik ou à la parade gay « Gay Mat », par exemple. Aujourd’hui, je prends des cours de chant moderne avec mon professeur et amie Hannah White pour apprendre les différentes techniques vocales.

Quels sont les chanteurs (sans genre particulier) qui t’inspirent ou t’influencent ?

C’est aussi une question très difficile… Je n’ai pas de véritable idole. Je dis toujours que je ne fais que choisir les meilleurs chocolats de la boîte au cours de ma vie. En tant que musiciens et artistes, j’aime beaucoup Marilyn Manson en passant par Nina Simone et Ella Fitzgerald jusqu’à J.S. Bach, Henry Purcell et Thomas Arne. J’aime les voix de Simone Simons et de Floor Jansen mais j’aime aussi la façon de chanter d’Ash Costello, de Marilyn Manson ou de Jonathan Davis.

Le chant et la voix elle-même sont quelque chose de très personnel. Ce n’est tout simplement pas quelque chose que l’on peut essayer de copier. Il y a certainement des techniques que vous pouvez apprendre et vous pouvez vous inspirer d’autres personnes. Mais je pense que la voix est différente des autres instruments. On ne peut pas acheter une nouvelle voix, quand on n’aime pas la sienne, on ne peut jamais la modifier de façon à ce qu’elle ressemble à celle d’un chanteur que l’on connaît.

J’ai vu sur Facebook que tu chantes aussi du cabaret. Peux-tu nous en dire plus ?

Comme mentionné précédemment, je prends des cours de chant pour les techniques musicales et rock depuis deux ans maintenant. Avec notre cours de chant, nous avons parfois aussi des concerts. C’est là que j’ai interprété la chanson « When You’re Good To Mama » de la comédie musicale « Chicago », qu’on peut voir sur Facebook. Comme mon mari est aussi musicien, nous essayons aussi de faire des concerts ensemble dans un répertoire classique et musical de temps en temps.

Pour en revenir au groupe maintenant, quels sont vos projets pour l’avenir ?

Pour l’instant, nous travaillons sur deux nouveaux albums. Le premier sera un album pour notre projet « Metal & Pipes » avec orgue à tuyaux. Et il y aura aussi un second album pour ShadoWhisperS, qui sera un album concept cette fois-ci.

Et enfin, avez-vous un mot à dire à nos lecteurs pour terminer cette interview ?

Diane : Chère Isabelle, merci beaucoup pour cette interview.

Laurent : Et, messieurs, merci pour votre soutien !


Photo : J.P. Frisch

Pour en savoir plus sur ShadoWhisperS :