Pendant le Night Fest Metal X, j’ai eu l’occasion de rencontrer Vespasian, Horaz et les gars de Vagsheim qui représentent la formation live d’Imperium Dekadenz. Le groupe était à ce moment-là en tournée pour présenter et défendre leur dernier album « When We Are Forgotten » qui propose une approche plus intime qu’auparavant. Laissant derrière lui son passé historique, Imperium Dekadenz approfondit un aspect émotionnel sans oublier son authenticité.

Commençons d’abord par une brève présentation du groupe. Qui êtes-vous et quel est votre rôle Imperium Dekadenz ?

Horaz: Je suis Horaz, le chanteur. Nous avons fondé le groupe en 2004, il n’y avait que moi et Vespasian. Vespasian et moi venons du sud-ouest de l’Allemagne, de Baden-Württemberg, dans une région appelée la Forêt-Noire.

Après deux albums, nous avons trouvé les gars de Vargsheim pour nous rejoindre sur scène. Ils viennent de Würzburg, une ville du centre de l’Allemagne. Depuis qu’ils nous ont rejoints, nous avons joué dans beaucoup de festivals et nous avons signé avec le label français Season of Mist.

Pour la dernière version de « When We Are Forgotten », nous avons signé sur Napalm Records, un label autrichien.

Vespasian: Je m’appelle Vespasian et je joue de la batterie. En matière de studio, nous partageons les guitares; je joue de la basse et nous jouons tous les deux du synthétiseur. Donc, toute la production est réalisée par nos soins.

Je pense que toutes les activités en direct ont été faites avec les gars de Vargsheim pendant environ onze ans. Ils nous ont donc donné l’occasion de monter sur scène. Avant de les rencontrer, nous n’avions sorti que deux albums: « … Und die Welt ward kalt und leer » et « Dämmerung der Szenarien ». Mais c’était la plus grosse étape à suivre pour rendre le live possible.

Nous avons deux objectifs principaux en ce qui concerne la musique live : c’est le facteur rock n’ roll et l’action sur scène. Vous ne pouvez pas faire ça avec seulement deux gars sur scène. C’est possible, mais ce n’est pas amusant parce que vous avez besoin de samples de claviers et ce genre de choses, et ce n’est pas ce que j’entends en matière de rock n’ roll.

Donc, ces gars (Vargsheim), ils ont leur propre groupe. Nous sommes immédiatement devenus de très bons amis et nous avons passé beaucoup de temps ensemble sur la route ces onze dernières années et c’est très amusant.

C’est l’autre côté de l’Imperium Dekadenz. Il y a la partie créative : albums, disques, composition, paroles, etc. L’autre partie consiste à monter sur scène où notre musique est plus brute. En live, vous avez ces deux guitares, mais parfois, sur l’album, vous avez une tonne de guitares. Nous devons donc le réduire à l’atmosphère que nous souhaitons communiquer quand il s’agit du live.

Pour être honnête, les gars de Vargsheim comprennent parfaitement ce qu’ils entendent dans un album pour le rendre fonctionnel en situation réelle.

Vargsheim ont-ils leur mot à dire sur la composition ou pas ?

Vespasian: Pour être honnête, non !

Horaz: Mais tout ce qui se passe en live, ils ont un mot à dire parce qu’ils doivent gérer ce qu’ils font. Vous savez, écrire des chansons et jouer ces chansons en live, c’est complètement différent. Ils doivent réfléchir à la manière de faire vivre cette chanson sur scène. Donc, ils doivent gérer toutes nos pistes de guitare et ils le font brillamment selon moi.

Vespasian: Nous avons une petite tradition avec Vargsheim et Imperium Dekadenz. Si un album est enregistré, nous en avons la toute première écoute une fois qu’il est terminé et inversement. Mais comme Horaz l’a déjà dit, lorsque nous sommes dans la salle de répétition et que nous discutons de certaines parties, ils ont bien sûr leur mot à dire.

Horaz: Et à propos de la performance d’aujourd’hui, n’oubliez pas que nous avions un ingénieur du son qui n’était pas habitué à notre musique et qui ne savait pas comment nous sonnions. Donc, il faisait ses propres trucs et il mixait tout en espérant que ça sonnerait bien. Et du coup, cela pouvait être différent de l’album. Si nous avions eu l’ingénieur du son de l’album, cela lui aurait ressemblé.

Vespasian: Mais il y a toujours des opinions différentes à ce sujet. Certaines personnes disent que cela ne ressemble pas à l’album et qu’elles aiment beaucoup plus la version de l’album. D’autres personnes disent aimer davantage cette version plus brute. Donc, tout le monde a son opinion à ce sujet.

Horaz: Parfois, c’est mieux pour les groupes quand ça sonne plus brut et parfois pas.

Selon vous, quel est le meilleur choix pour votre groupe ?

Horaz: Nous faisons ce que nous voulons faire. Nous nous sentons comme un groupe de metal. C’est du black metal mais nous sommes nous-mêmes. Nous pourrions porter du maquillage et des costumes, mais ce n’est pas ce que nous sommes. Nous montons simplement sur scène comme nous voulons et il ne s’agit que de nos émotions et de nos ressentis. Si vous regardez les autres groupes, ils ne sont pas vraiment dans le headbanging et l’image rock n’ roll. Mais nous, nous faisons cela. Après, peut-être que cela ne correspond pas à l’atmosphère de l’album, je ne sais pas.

Mais c’est ce que nous sommes et certaines personnes disent : « Hé, c’est Imperium Dekadenz. Je ne m’attendais pas à ça. Ils sont putain de rock n’ roll et ils font du metal. » D’autres disent : « Ce n’est pas ce que j’aime. J’avais imaginé des gars plus stables, faisant des choses plus atmosphériques. » Mais nous faisons ce qui nous plaît, ce que nous voulons et ce que nous ressentons, c’est tout. Nous ne le changerons jamais; les gens peuvent l’accepter ou pas.

Imperium Dekadenz (2) - Interview

En ce qui concerne la composition et les paroles, quelles sont vos sources d’inspiration ? Y a-t-il l’un de vous responsable de la composition et l’autre des paroles ou coopérez-vous ?

Vespasian : C’est toujours mélangé. Nous nous inspirons tous les deux des films, des livres mais aussi la vie quotidienne, qui est peut-être la plus grande inspiration. Les émotions que l’on vit jour et nuit. Je pense que l’on ne peut pas séparer la musique et les paroles. Parfois c’est comme une bataille d’inspiration : si j’écris un riff, il a de l’inspiration pour certaines paroles et vice-versa.

Horaz: Le fait est que chacun de nous a un home studio. Donc, je rentre du travail ou je suis assis à la maison le week-end, je prends ma guitare et je commence à travailler sur une nouvelle chanson. Lorsque j’ai l’impression que c’est une bonne chanson, je l’envoie à Vespasian. Donc, il est le premier à écouter la chanson, puis il dit : « Hé, la chanson est merdique » (rires) ou, pour être amical, il dit : « La chanson est bonne, peut-être qu’on peut y récupérer quelque chose de cool. »

Donc, nous nous envoyons du matériel et ce n’est que la première étape pour décider si une chanson vient sur l’album ou pas. En ce qui concerne les paroles, pour le dernier album, la plupart sont venues de moi parce que je suis chanteur et que c’est un bon entrainement d’écrire les paroles moi-même, car il m’est plus facile de les mettre en rythme et de donner vie à la chanson sur scène. Mais il (Vespasian) a écrit ses propres paroles pour des chansons auxquelles il est très attaché.

Vespasian: En fin de compte, l’objectif principal est que nous soyons tous deux satisfaits à 100%.

Vous défendez actuellement votre dernier opus « When We Are Forgotten ». De quoi parle cet album ?

Vespasian: Je pense d’abord que nous devons jeter un coup d’œil sur les albums précédents car leurs thèmes lyriques étaient liés à des événements historiques. Cette fois, nous voulions changer, nous voulions avoir une atmosphère plus intime, penser plus à nous-mêmes, pas à ce contexte historique à propos de Rome ou de choses du genre. Nous voulions réduire le côté épique pour ainsi dire. Nous voulions aller plus loin dans l’émotion.

Horaz: Lorsque nous avons écouté « Dis Manibvs », nous avons remarqué que les chansons sont assez longues et que l’album entier résulte finalement d’une succession extrêmement épique de chansons. Nous avons donc décidé que cette fois, nous voulions être plus compact, plus rock n’ roll, plus old school et plus intimiste.

Par le passé, nous utilisions toujours le contexte historique pour les paroles mais cette fois nous avons décidé de faire des paroles sur nous-mêmes, sur ce que nous pensons. Je pense que ce sera la façon dont nous allons continuer parce que nous sommes plus satisfaits de la chanson. Nous aimons toujours les trucs old school des années 90 et nous avons décidé de retourner à des trucs plus old school.

Vespasian: Maintenant, nous devons faire quelque chose de différent. Nous ne voulons pas le répéter. Nous voulons nous mettre au défi. Donc, c’était un défi pour nous de nous faire plaisir avec de nouvelles choses.

Êtes-vous satisfaits de cette nouveauté et pensez-vous que vous allez continuer de cette façon ?

Vespasian: Oui, absolument. Nous pensons maintenant que le moment est venu de faire des expériences, de faire des choses que nous n’avons jamais faites auparavant. Selon moi, nous avons plus de liberté que jamais. Je m’en fous si les gens veulent acheter l’ancien Imperium Dekadenz parce qu’ils s’attendent à ce qu’il en soit ainsi. Ils ont déjà six albums dans leur collection. Mais pour nous, nous voyons ces nouvelles choses différemment, nous avons un réel sentiment de progression.

Quels sont vos espoirs et vos projets pour l’année à venir (2020) ?

Vespasian: Il y a d’autres choses à venir mais nous ne pouvons pas encore les annoncer.

Horaz: Nous venons de sortir le nouvel album, mais nous avons déjà commencé avec l’écriture de nouvelles chansons.

Comment s’est passé le show d’aujourd’hui ?

Horaz: C’était la première fois pour nous en Belgique, donc nous étions très excités de ce qui allait se passer. Il y avait beaucoup de gens qui sont venus voir Imperium Dekadenz.

Êtes-vous satisfaits de la réaction du public ?

Horaz: Oui, très. Je pense que pendant la première chanson, certaines personnes sont entrées pour nous découvrir. Elles n’avaient probablement jamais écouté nos morceaux.

Y avait-il plus de personnes que vous ne le pensiez ou non ?

Horaz: Non, parce que j’ai regardé les autres groupes jouer depuis que nous sommes ici et il y avait beaucoup de gens dans la salle qui regardaient le concert. Et j’étais presque sûr qu’ils allaient venir voir ce que nous faisons.

Vespasian: Nous jouons en live depuis dix ans maintenant, mais c’est toujours un grand plaisir, une grande surprise quand vous entrez pour la première fois dans un pays étranger. Il y a des gens intéressés par la musique. C’est génial. On a commencé en Forêt-Noire en tant que duo et maintenant nous sommes ici en Belgique, en train de répondre à tes questions. C’est toujours un grand plaisir pour nous parce que je pense que ce sont des expériences que la plupart des humains ne connaîtront jamais.

Horaz: Il est également dit que les Belges aiment vraiment les concerts. Vous êtes plus concentrés sur ce qui se passe. Je pensais que beaucoup de gens viendraient pour voir le groupe 1914. Ils sont vraiment géniaux, beaucoup de gens les aiment. Ils parlent de la Première Guerre Mondiale. Je parlais à ces gars et ils sont très passionnés par leur truc.

Je vous laisse le dernier mot de cette interview.

Vespasian: Si nous voulions nous voir comme des partenaires commerciaux, cela ne fonctionnerait pas parce qu’il y a tellement d’émotions dans la musique et les paroles. C’est comme un voyage. Nous traversons l’enfer et nous entrons au paradis. Je pense que c’est plutôt romantique. Le dernier sujet romantique de ce soir c’est la magie. Connaissez-vous autant de groupes qui ont joué ensemble pendant douze ans ? Ce n’est pas habituel. Donc, pour moi, nous pouvons résumer les choses de la manière suivante pour Imperium Dekadenz : l’authenticité, l’amitié et la magie.

Horaz: Toute la semaine, je me réjouissais de faire le trajet pour venir ici. Il nous fallait quatre heures pour venir ici. J’attendais de m’asseoir dans ce nouveau van et d’écouter de la musique et de parler de toutes les choses folles dont nous parlons avec les mecs. Nous sommes en tournée avec des amis, pas seulement des mercenaires qui jouent nos chansons et qui retournent à l’hôtel après le spectacle. Nous sommes toujours là et une fois l’interview terminée, nous boirons des bières, du vin et nous fumerons des cigarettes ensemble. Nous marchons ensemble et nous tombons ensemble.

Vespasian: L’objectif principal d’Imperium Dekadenz est de rester vrai. La chose la plus importante, c’est l’amitié. Nous ne sommes pas des businessmen qui essaient de gagner le plus d’argent possible et qui changent leurs musiciens. Nous sommes une poignée de très bons amis et c’est beaucoup plus important pour nous que d’être le groupe le plus parfait d’un point de vue technique.

Tout est une question d’émotions, parce que le concert est un temps fort de la journée. Mais je peux t’assurer que conduire jusqu’ici avec cette poignée de gars, c’est toujours un moment fort.


Picture by LauPi Photo


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