Voilà une date que j’attendais avec impatience. Cet été, Cellar Darling a annoncé une nouvelle tournée européenne de quatorze concerts, “An autumn evening with”, dont le point final serait donné à Paris le 24 octobre. L’affiche est complétée avec I Am The Morning et Maer. Pour cette ultime date parisienne, comme en 2022, on retrouve Garmonbozia à l’organisation et le rendez-vous est de nouveau donné à O’Sullivans Backstage By The Mill.
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je prends la route direction Paris ce mardi d’automne. Pour l’occasion, je co-voiture avec mon ami Dédé dont c’est le cent septième concert de l’année, rien que ça ! Autant dire que je me sens petite joueuse à côté. Après une petite pause gourmande dans le quartier, on rejoint le O’Sullivans Backstage où déjà une poignée de fans attendent de pied ferme l’ouverture des portes. Durant l’heure qui suit, la file ne fait que s’allonger le long du bar et à 19h00 nous pouvons pénétrer dans la salle. Ivo Henzi, le guitariste de Cellar Darling, est déjà sur le stand de merch. Nous découvrons une scène décorée aux couleurs de l’automne avec un rideau de petites LED dans le fond, quelques feuilles sur les pieds de micro et une famille de citrouilles éparpillées par-ci par-là.
I Am The Morning
A 19h30 c’est I Am The Morning qui ouvre le bal. Ce duo de chamber prog composé de Marjana Semkina au chant et guitare acoustique et Gleb Kolyadin au piano a été fondé en Russie il y a près de dix ans. Ils ont ensuite migré au Royaume Uni. C’est une totale découverte pour ma part et je suis agréablement surprise. Bien loin de l’univers de Kassogtha qui avait ouvert pour Cellar Darling sur les deux précédentes tournées, I Am The Morning propose une ambiance tamisée sur fond de pop avec des accents rock et des soli de piano très jazzy. Sur scène, le duo est accompagné d’un batteur percussionniste et un guitariste, tous deux apportent une touche supplémentaire à l’ambiance “chambre” de la formation. La chanteuse, rayonnante, communique facilement avec le public qui se laisse volontiers embarquer dans ce monde parallèle. Les interventions entre les chansons sont nombreuses et bienvenues, la bonne humeur de Marjana est communicative. Le contraste entre cette légèreté et le sujet omniprésent de la mort dans les chansons est assez drôle. Elle va même jusqu’à plaisanter “La chanson suivante est la plus gaie de notre setlist, elle parle de personnes mortes évidemment”.
Maer
Maer est le side-project de Marjana Semkina et Anna Murphy, lancé à l’été 2022. On peut dire que c’est le lien idéal entre I Am The Morning et Cellar Darling. Cette tournée est l’occasion de réaliser les premiers lives du projet.
Les quatre musiciens de I Am The Morning restent sur scène. Ils sont rejoints par Anna Murphy et sa vielle à roue, Ivo Henzi à la basse et Michel Gsell au violon. Ça en fait du monde sur la petite scène du O’Sullivan Backstage ! On reste dans la veine de ce qu’a pu proposer I Am The Morning juste avant, en plus soft encore, très atmosphérique, ambiant, planant. Les voix des deux chanteuses se complètent à merveille, posées sur une partie instrumentale délicate.
Cellar Darling
C’est avec un peu d’avance sur le running order que Cellar Darling entre en scène. Même si I Am The Morning et Maer ont régalé les spectateurs, l’ambiance monte encore d’un cran. Le trio est très attendu et entame étonnamment son set avec “Dance”, le dernier single sorti il y a déjà deux ans. Une bonne transition avec Maer puisqu’il s’agit d’un titre assez planant. On entre ensuite dans le vif du sujet avec “Pain”, “Insomnia” et “Death” qui réveillent l’assemblée et donne l’occasion à Ivo Henzi de laisser échapper toute la puissance de ses riffs dévastateurs. Les corps se raidissent et les têtes commencent à remuer de haut en bas. Le solo de vielle à roue sur “Insomnia”, encore plus épique en live que sur la version studio, chauffe la salle pour la suite. Je suis toujours bluffée par la facilité avec laquelle Anna Murphy jongle entre ses instruments. Sur un même titre, elle passe de la flûte au clavier à la vielle à roue, tout en assurant les parties vocales. On a beau y être habitué, ça reste fascinant.
Petite pause plus soft avec “Love” puis on enchaîne avec “The Spell” et son solo de flûte des plus envoûtant. Au fil des années, je remarque que la chanteuse prend de l’assurance dans ses prises de paroles, en ajoutant toujours cette touche d’humour qui accroît encore la proximité avec le public.
En milieu de set on a le droit à un tout nouveau titre intitulé “Drone”. Celui-ci n’a pas encore été enregistré et on nous propose en plaisantant de soumettre nos suggestions au groupe après le concert. “Drone” annonce la couleur pour l’album à venir, on ne devrait pas être déçu. Quel plaisir d’entendre pour la première fois en live ce nouveau bijou. Une fois la chanson terminée, Anna nous demande si on valide ce titre et à l’unanimité, c’est un oui !
Il est temps de faire un petit tour du côté du premier album, “This Is The Sound”, qui a révélé Cellar Darling en 2017. L’inévitable “Avalanche” rencontre comme d’habitude un succès fou dès l’introduction. Les coups très marqués de Merlin Sutter sur les toms de sa Tama Superstar viennent transpercer la mélodie de vielle à roue. Puis c’est l’explosion sur le refrain, tout le monde chante à tue-tête. “Black Moon”, “Hullabloo” et “Redemption” prennent la suite.
Ma seule petite déception sur ce concert reste de ne pas avoir retrouvé Nicolas Winter à la basse qui avait assuré les tournées précédentes et les live streaming. Sa discrétion était, selon moi, plus concordante avec le groupe. C’est Michel Gsell qui a pris la relève cette année.
Vient malheureusement déjà le moment de se dire au revoir. Cellar Darling promet de revenir très vite après une pause pour l’enregistrement du nouvel album. Ils sont très heureux d’avoir partagé cette tournée avec I Am The Morning, une proximité évidente semble s’être mise en place entre les musiciens. Il est fort probable qu’on les retrouve de nouveau sur la même affiche à l’avenir. Pour clôturer cette soirée, c’est l’un de mes titres préférés qui me fait vibrer encore quelques minutes. “Freeze” reste pour moi une pure merveille, d’autant plus en live avec toute l’énergie et l’émotion qui se dégagent des musiciens.
Les années passent et le trio suisse reste toujours aussi accessible et généreux. On les retrouve rapidement au stand de merch où ils donneront tous les trois de leur temps pour des dédicaces, des photos, des échanges, des sourires. Chacun ressort les yeux pétillants, cela ne fait aucun doute, Cellar Darling a trouvé son public et l’a partagé fièrement avec I Am The Morning et Maer.
Un grand merci à Garmonbozia pour l’accréditation sur ce concert.