Donc vous êtes en tournée pour défendre votre album « Meditations« , pourriez-vous nous en parler un peu plus en détails ?


Oui, Meditations c’est le 13ème album du groupe. On existe depuis 25 ans, ce qui fait de nous des vieux messieurs du Metal mais quand même pas si vieux parce qu’on a commencé quand on était très jeunes.

Meditations est un album qui veut dire beaucoup pour nous parce que c’est un album qu’on a écrit ensemble dans la même pièce. On n’avait pas fait ça depuis plusieurs années.
Nous Kataklysm, on habite tous des villes différentes : j’habite Dallas au Texas, le chanteur habite Chicago et les deux autres sont canadiens.

Donc, ça cause parfois des conflits quand vient le temps d’écrire ou de pratiquer mais là pour le dernier album, on s’est dit « on se prend une pièce puis on écrit ensemble dans la même pièce ».

On n’avait pas fait ça depuis plusieurs albums et puis ça a créé une espèce de magie, alchimie qui transparaît bien sur l’album et puis je suis très fier de ça.

L’enregistrement, la production, tout s’est bien passé. Le résultat est bon, je suis fier du résultat alors ça va bien.

Et le vivre-ensemble pendant l’enregistrement de l’album, c’était comment ?


Nous, on se connaît comme des frères dans le groupe, on se chicane comme des frères aussi. Ça va dans les deux sens. Non ça va, on a vécu un super moment de création à l’enregistrement et la production. Tout le monde avait des bonnes idées, on a mis ça sur la table et on a fait un gros melting-pot, on a brassé ça et le résultat est cool. Je suis content de la réaction des fans qui nous ont dit qu’ils aimaient bien.

Ça anticipe un peu ma question suivante mais comment sont les retours de cet album ?


En général, plus de positif que de négatif parce qu’on sort souvent des albums et en tant que groupe qui a une longue histoire, beaucoup de gens vont dire « on préfère tel album » ou « c’était mieux avant ». Avec celui-ci, les gens ont directement accepté les choix artistiques qu’on a fait.

Est-ce que vous pourriez nous définir Kataklysm en tant que groupe. Quand on entend votre nom, on ne pense pas vraiment aux licornes et aux arcs-en-ciel. Qu’est-ce qu’il y a derrière ce nom ?


On a une chanson sur le nouvel album qui s’appelle « Outsider » et qui parle un peu de ce qu’on fait. On a toujours senti que malgré qu’on fasse du Metal, la manière dont on fait les choses nous mets un peu à part de certaines catégories. On a toujours suivi notre chemin sans trop se préoccuper de ce qu’il se passait autour de nous et ça a fait qu’on a notre truc unique qui marche.

J’ai l’impression que nos fans, ce sont les meilleurs au monde. Ils nous soutiennent toujours et trouvent le groupe vraiment unique.

On a commencé à l’école secondaire comme des jeunes adolescents. On a décidé de faire un groupe, on était tous très frustrés de la société et de la vie. On s’est dit qu’on allait être les plus chaotiques possible. On a commencé ainsi et ça a attiré l’attention des médias.

Avec l’âge, on s’est calmé un peu et puis on est devenu de meilleurs musiciens et paroliers. L’idée du chaos est encore un peu dans nos cœurs.

On promeut la liberté d’expression, la liberté d’être. On aime quand les gens font ce qu’ils veulent dans la salle tout en respectant les autres bien entendu.

Est qu’il y a une réelle scène Metal au Québec ?


La scène Metal au Québec est très forte. Ce qui fait que quand on a commencé à sortir de notre pays, on s’est rendu compte que ce n’était pas pareil à l’extérieur. La scène est tellement forte dans notre coin qu’on a vu que dans d’autres pays ce n’était vraiment pas le cas. Mais c’est cool je trouve que le fan Metal en général, au travers de la planète, c’est la même personne. Il faut juste se défouler un peu, écouter de la musique qui le fait vibrer. Dans certains pays il y en a plus que d’autres mais en général c’est un truc qui reste global quand même !

Vous avez sorti votre premier EP dans les années 90, quel est le plus gros changement que vous avez pu constater sur la scène Metal ? Et qu’est-ce que vous pensez de la scène actuelle en comparaison avec celle dans laquelle vous avez démarré ?


On a commencé comme un peu avant l’électricité dans un sens *rires*. Si on se replace en 93, 94 dans les débuts, les systèmes GPS n’existaient pas pour aller en tournée. Il n’y avait pas d’ordinateurs, pas d’internet on s’envoyait des cassettes par la poste. Pour l’enregistrement on ne possédait pas toute la technologie digitale qu’il y a aujourd’hui. C’était des vieilles bandes. C’était vraiment un monde différent pour la promotion, pour l’enregistrement pour vivre aussi en tournée. Les technologies étaient arriérées mais ça avait un côté chaleureux. Il y a des trucs qui se sont perdus avec les années, mais il y a beaucoup de positif dans le fait de pouvoir jouer de la musique en 2018 selon moi.

Je trouve que c’est plus simple pour les artistes. À part ça je trouve qu’il y avait quelque chose de cool dans le fait d’aller chez le disquaire et d’acheter un vinyle ou une cassette. Maintenant les gens téléchargent rapidement en ligne, c’est cool aussi dans le sens où la musique se promeut beaucoup plus facilement et puis pour nous, il y a de plus en plus de gens aux concerts. Le public connaît tous les morceaux parce qu’ils y ont facilement accès. Je ne me plains, je trouve juste que la partie spirituelle de l’expérience d’un album s’est un peu perdue.

En tant que musicien je ne changerai pas la modernité. On doit continuer avec et suivre.

Si vous pouviez changer une seule chose dans l’industrie musicale, laquelle serait-ce ?


Le seul truc ça serait ce qu’on entend dans un peu toutes les conversations. En tant qu’artiste tu essaies de gagner ta vie et les moyens de faire des sous deviennent de plus en plus difficiles parce qu’avant on vendait des disques et on recevait notre paie. Ici c’est vraiment le live. Si tu es artiste et que tu veux vivre de ta musique, il faut que tu ailles sur la route pour faire plein de spectacles. Ce n’est pas un problème pour moi mais si on trouvait un moyen de rémunérer mieux les artistes que ce qui est place maintenant ça serait chouette.

Est-ce qu’aujourd’hui en 2018, Kataklysm parvient à vivre de sa musique ?


Nous on est chanceux, le groupe va bien. On n’a pas besoin d’un autre emploi, on ne vit que de ça. On n’est pas riche non plus, je n’ai pas une maison à un million avec 3 Ferrari dans le garage. On vit modestement mais heureux parce qu’on fait ce qu’on aime dans la vie et puis ça paie bien le loyer et tout ça.

Si on réussissait à trouver des trucs pour rémunérer les artistes d’un point de vue albums, ca serait un gros plus. Aussi pour les groupes qui tournent moins ou qui n’ont pas la chance d’avoir un public comme le nôtre qui nous soutient et qui est là à chaque fois. Pour un groupe qui n’a pas cette chance là mais qui a des albums marchent quand même avoir un peu de rémunération de ce côté-là ça encouragerait plus d’artistes à faire de la bonne musique et puis ça aiderait les gens en général.

Quelle serait l’anecdote la plus drôle que vous pourriez nous raconter en autant d’années de carrière ?


C’est dur, il y a tellement eu de choses. Je dirais que nous on a vécu un peu tous les clichés de ce qui peut arriver à un musicien. On dirait que quand tu pars en voyage pour des vacances, tout va bien. Quand tu es musicien qui part en tournée c’est sûr que tout va aller mal !

Le trailer va exploser, les pneus vont crever, l’avion va t’envoyer dans un autre pays… Oublier des gars à la station-service lors d’une pause… J’ai tellement d’anecdotes de fêtes aussi. La dernière par exemple : je me lève le matin et puis les gens viennent me voir « qu’est-ce qu’il s’est passé hier ? Il y a quelqu’un qui a pris les extincteurs et qui a détruit tout l’hôtel ». C’était un hôtel super chic en Allemagne. Et puis moi je suis là « Je ne sais pas, ce n’est pas nous. On n’est pas comme ça ». Puis ensuite, je parle avec les mecs, tout ça. Puis je vois Stéphane qui se lève, il est couvert de blanc et il nous dit « les extincteurs hier, je crois que c’était moi ». Je lui dis « Qu’est-ce que tu as foutu ? » *rire* Il me répond  » J’ai bu un peu trop, j’ai perdu la tête. Je ne me souviens plus de rien. J’ai juste des flashs. » Mais ce sont des trucs impossibles. Il a dit que c’était lui et il a payé l’amende. *rires* J’ai tellement d’histoire comme ça mais c’est dur d’en choisir une.

Quelle serait, si vous deviez en nommer une, votre pire expérience scénique ?


Moi j’ai aucun problème à jouer dans des petites salles avec peu de gens. Moi je suis plus un gars qui aime quand la technique fonctionne. Pour moi, un show qui vire au cauchemar c’est quand il y a plein de problèmes techniques. Mes amplis de guitare qui ne marchent plus par exemple. Tu perds l’énergie de la soirée quand ça arrive. Ça pour moi c’est un cauchemar que je fais encore, je me réveille  » NOOOOOOOOOOON ! ».

Qu’est-ce que vous pensez des groupes avec qui vous tournez donc Hypocrisy et The Spirit ? C’est vous qui les avez choisis ?


Hypocrisy ce sont des amis de longue-date, on avait des tournées avec eux il y a 15 ou 20 ans. On a fait plusieurs tournées ensembles, on a partagé des autobus. On a fait plein de trucs crazy avec eux dans ces années-là. Et puis, ça faisait 5 ans qu’ils étaient comme en retraite et ils nous ont dit « On revient et on veut faire une tournée ». On a toute suite décidé de le faire ensemble. Là ça se passe super bien, les gars sont gentils, on est tous plus vieux maintenant, c’est plus relax. Et puis on s’entend super bien. The Spirit c’est un groupe qui a été proposé par la compagnie de disques parce qu’on voulait donner la chance à un groupe de jeunes inconnus d’avoir une belle tournée pour jouer leur musique devant un grand public. On s’est toujours dit qu’on aurait aimé avoir cette chance-là donc c’est cool de pouvoir l’offrir à des jeunes.

Et la cohabitation jeunes et moins-jeunes ça se passe comment ?


Ça va, ça se passe bien. Ils sont très gentils les mecs. Quelquefois ça arrive que les jeunes se prennent pour d’autres. Du coup on est là, les vieux « Calme-toi le jeune ». Mais non ça se passe bien, c’est cool.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?


Un gros gros gros merci à tout le monde parce que sans le soutien de nos fans, on ne serait probablement plus là. C’est ça qui fait vivre notre monde. Puis vraiment un grand merci au public belge qui a toujours été là depuis le début. Quand on fait des trucs comme le Graspop ou même des plus petites salles comme ici c’est super cool. Ça fait 25 ans qu’on vient et ça fait 25 ans que c’est une fête à chaque fois !

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