Est-ce que vous pourriez me présenter Squidhead en quelques mots ?

The painter: Squihead, à la base, c’était un projet solo. Donc c’est moi qui avait commencé à travailler sur le projet, concrètement faute d’avoir des musiciens. J’avais sorti un premier EP en 2014, si je ne me trompe pas, où j’avais fait tout. C’était complètement du travail en home studio donc guitare, basse, programmation batterie, quelques samples et c’était à la base un projet purement instrumental. Tout simplement parce que, de mon côté, je ne suis pas capable de chanter suffisamment bien pour que ça donne bien sur un album. Donc la décision que j’ai prise c’était de faire d’abord un premier EP pour au moins qu’il y ait au moins une identité musicale qui se forge autour du groupe. Les influences sont restées un peu les mêmes: metal industriel influencé par des groupes comme Fear Factory, Meshuggah, Strapping Young Lad… L’idée c’était de sortir ce premier disque pour qu’il y ait déjà une identité musicale. Et c’est une fois cet EP sorti que j’ai commencé à chercher des musiciens, pour en faire un groupe de scène. L’avantage d’avoir déjà quelque chose à faire écouter, c’est que ça m’a permis de démarcher plus facilement des gens.

En mars 2018, on a sorti le premier véritable album, où c’était une participation de tout le monde, excepté pour la batterie qui avaient été programmée. Là maintenant, pour le live, on vient d’intégrer notre nouveau batteur Kevin qui va donc nous aider pour la suite. L’idée c’est maintenant d’en faire un effort de groupe. Je reste compositeur principal mais l’idée c’est que chacun maintenant puisse insuffler quelque chose dedans.

L’autre point important du groupe, c’est le travail scénique. On a décidé de ne pas jouer simplement en jeans et tee-shirts sur scène, on voulait qu’il y ait une identité visuelle qui accompagne le groupe. Vu que toute l’ambiance musicale, les textes, l’imagerie et autres tournent autour de l’univers de Lovecraft et du mythe de Cthulhu, on a décidé de pousser ça plus loin et d’être sur scène avec des costumes, des masques, du décorum pour essayer de créer un tout, une entité complète.


L’apport de nouveaux musiciens n’a-t-il pas en quelque sorte modifié l’identité du groupe ?

The painter : Pour l’instant, ça s’est extrêmement bien passé. c’est vrai que c’est moi qui ai composé la majorité des choses. Vu qu’il n’y a qu’une seule guitare dans le groupe, le gros de la composition vient de là mais il y a énormément de discussions qui sont faites et surtout, on va pouvoir repartir « de zéro » pour le prochain album. Je vais amener morceau par morceau, idée par idée. Mon souhait c’est d’avoir d’autres idées que je n’aurais pas forcément et de confronter un petit peu, parce que je sais qu’il y a des choses vers lesquelles, je n’irai pas naturellement mais qui vont peut-être venir des autres. J’ai envie que ça se passe ainsi, parce que je sais très bien qu’à un moment donné, si je fais tout tout seul, je vais me perdre ou il y a des choses que je vais laisser passer et que les autres ne vont pas laisser passer. Même au niveau du fonctionnement du groupe c’est une bonne chose, parce que j’ai toujours tendance à vouloir tout gérer et je sais que c’est un défaut.


Vous êtes inspiré de l’univers de l’auteur H.P. Lovecraft, d’où vous vient cette idée ? Êtes-vous tous inspirés par cet auteur ?

The crawler : Je suis pour ma part, depuis plus de 20 ans dedans. Pourquoi ce thème, parce que c’est une thématique qu’on retrouve assez fréquemment dans ce genre de musique. Quand tu fais du metal, tu vas rarement parler de choses légères ou joyeuses. C’est une inclinaison naturelle, il y a des choses en littérature comme en musique qui vont te marquer plus que d’autres. Il y en a qui vont prendre des thématiques Nietzschéennes ou un Tolkien et chez nous ça a été Lovecraft. C’est presque un thème comme un autre sauf que parmi tous les groupes qui s’inspirent de Lovecraft, il faut aussi essayer de se distinguer musicalement et visuellement parlant.

The painter : L’avantage qu’on a en plus, c’est l’influence du jeu de rôle parce que Lovecraft a énormément influencé cet univers-là et l’avantage c’est que tout ce qui a été inspiré par Lovecraft a été beaucoup plus loin et c’est devenu super riche. ça a été bien au-delà de l’œuvre et ça donne un visuel génial par exemple pour le metal, comme on est dans une musique qui est assez extrême, ça nous permet justement de justifier ce côté lourd, radical et un peu désespérant par endroit. On peut se permettre des choses un peu plus bruitistes, un peu plus brutales et l’imagerie va parfaitement coller. Il fallait aussi qu’on se mette d’accord sur un thème et l’avantage de celui-ci c’est qu’on a pas de limite historiques, c’est très vaste donc ça nous permet de penser un ou deux albums plus loin.


Tous ces costumes et éléments de scène qui servent à créer cette ambiance, c’est vous qui les réalisez ?

The painter : C’est un effort collectif. Toutes les parties costumes avec les masques, les pièces en cuir et les baudriers c’est moi qui les faites. La partie costume, on a la chance d’avoir pas mal de proches qui se débrouillent très très bien en couture et qui savent faire plus qu’un simple déguisement. La personne qui s’est occupée de faire nos costumes est costumière professionnelle et a notamment travaillé pour l’Opéra Royal de Wallonie donc l’avantage c’est qu’elle comprend parfaitement ce qu’on fait. Ce sont des gens qui ont aussi fait des études scénographie donc quand on leur a dit voilà l’idée , voilà ce qu’on veut représenter sur scène, ils ont compris tout de suite.

The crawler : C’est conçu pour que ça soit utilisable sur scène, que ça ne limite pas les mouvements et qu’en même temps ça soit esthétique. C’est pensé sur plusieurs dimensions.


Est-ce que vous pourriez me parler un peu de « Cult(ist) »?

The painter : Il y a beaucoup de choses à dire dessus. ça a été assez long comme processus parce qu’il y a pas mal de choses qui ont été changées en chemin. En soi, la composition en elle-même ça a été encore le plus facile. The crawler et moi nous sommes partagé le texte et on l’a ensuite proposé à notre chanteur qui s’est occupé des placements de voix.

L’idée de base était de faire l’album entièrement en home studio mais on s’est rendu compte qu’autant pour un petit EP instrumental, un premier disque ça pouvait passer, mais là, on essayait de faire quelque chose de plus abouti et un moment donné il faut bien admettre ses propres limites. Et donc il y a eu pas mal de choses qui ont du être réenregistrées. On a décidé de passer par un studio extérieur, en l’occurrence le Vamacara studio en France qui a bien accroché à l’univers musical et qui a fait du bon boulot parce qu’au final tout a été enregistré dans nos home studios respectifs. Donc ils se sont occupés de tout ce qui est mix et mastering et finalement on est très contents du résultat.

Je pense que nous allons tirer des leçons de cet album, par exemple, il y a des chansons qu’on a bien aimé enregistrer et quand on les écoute en live, on se dit: « tiens c’est efficace mais pas autant qu’on le voudrait ».

The crawler : Je pense qu’il faut aussi prendre en compte le plaisir d’interpréter les morceaux. Il y a des chansons qui fonctionnent mais qui peuvent être saoulantes à jouer et il y en a d’autres qui peuvent ne plaire à personne. Ces nouveaux morceaux permettront aussi de cerner un peu mieux l’identité musicale du groupe.

The painter : Surtout qu’à la base, on a joué les premiers concerts avec des samples de batteries faute d’avoir un « vrai batteur ». On avait l’avantage d’avoir nos costumes sur scène et donc l’imagerie palliait un peu mais c’est seulement maintenant qu’on a intégré un véritable batteur qu’on sent une différence, une pêche beaucoup plus importante qui sort et on arrive tout doucement à retranscrire cet espèce de mur du son qu’on a toujours voulu en fait. Je pense que ça ne fera que s’améliorer.

The crawler : Oui parce que la programmation de batterie c’est gérable quand on enregistre. Retranscrire en sonorisation live c’est beaucoup plus casse-gueule et on en a fait l’expérience sur les deux premières dates. Tu es soumis aux conditions du matériel pour faire sortir ça proprement et ce n’est pas toujours évident. Avoir un vrai batteur sur scène, ça reste un élément prédominant dans la musique metal.


Après cet album complet, que souhaiteriez-vous accomplir d’autre ?

The crawler : je dirai d’un point de vue scénique, essayer de faire grandir le groupe. Essayer d’intégrer des festivals ou des dates un peu plus conséquentes, qui donneraient plus de visibilité. D’un point de vue personnel, les petites salles c’est bien, c’est chaleureux, on peut faire la connaissance de plein de gens mais d’un autre côté c’est pas « THE place to be » pour les groupes qui veulent se montrer.

The painter : Surtout que l’idée ici, c’est qu’à partir du moment où on a un travail scénique qui est fait, des costumes de scène, des décorations ou autres, on ne peut pas se permettre de débarquer les mains dans les poches sur scène. On doit essayer de travailler un peu les entrées, de pouvoir amener le matériel facilement… Il faut concrètement qu’on ait un peu de logistique derrière nous qui nous permette de rendre ça le mieux possible. L’idée ça va être de développer effectivement ça. On sait déjà que le visuel plaît, et l’idée c’est d’aller vers quelque chose qui va nous permettre d’épanouir ce show.

Le gros des discussions actuelles sont à propos de ça. J’ai déjà aussi commencé à écrire le gros du prochain disque donc on ne va pas prendre encore 3 ans pour ressortir quelque chose. Mais maintenant comme on sait ce qu’on veut, qu’on a les costumes, qu’on sait ce qu’on veut faire sur scène et ce qu’on veut développer, on a déjà une excellente base de travail.


Quel serait l’endroit où vous rêveriez de jouer et surtout avec quel groupe ?

The orator: Moi je ne suis pas du tout dans le trip Lovecraftien comme Pish et Benoît. Moi je suis un pur produit du Death Metal. Les thèmes que j’ai déjà pu élaborer avec mon autre groupe tournaient plus autour des relations avec Dieu, la guerre etc. Mais sinon les groupes avec lesquels j’aimerais jouer, un que j’adore par-dessus tout c’est Gojira. En plus j’ai déjà eu l’occasion de les rencontrer et de passer une soirée avec eux. Et rien que pour le côté humain de ce groupe-là, j’aimerais vraiment jouer un jour avec eux. Avant j’aurais dit le Hellfest mais c’est devenu un peu trop commercial pour moi.

The painter : Moi j’aurais pensé à un groupe comme Behemoth mais alors en salle style l’AB ou la Rockhal, parce que je sais que leurs shows fonctionnent parfaitement bien dans une salle de taille importante mais pas comme Forest National. Je pense que ça pourrait aussi bien fonctionner parce que les gens qui vont voir ce show ne s’attendent pas à voir un groupe en jeans baskets en train de jouer leur death metal. Ils veulent aussi ce côté cérémoniel et je pense que c’est justement des groupes comme ça à la Behemoth, à la Watain ou ce genre de choses qui pourraient être cohérent avec nous d’un point de vue de jeu de scène.

The crusher : C’est vrai que pour reprendre un peu ce que tu disais, moi étant plus jeune, j’ai vu Slipknot plusieurs fois et mes fois préférées ça a été en salle. En festival, ça ne sonnait pas pareil, l’impact n’est pas du tout le même. Et pour reprendre un peu des groupes à thème comme tu disais, mon gros délire serait de jouer avec Fleshgod Apocalypse. Ou même Septicflesh alors.

The painter : Pour Septicflesh, je pense qu’on est d’accord tous les quatre. On est des vieux fan-boys et pareil, ils travaillent énormément leur identité aussi bien musicale que scénique.

The crawler : C’est un groupe qui travaille tant sur l’électronique que l’organique et effectivement c’est quelque chose qui peut être intégré dans les inspirations collectives. J’ai cité Monolith Death Cult qui est aussi inspiré dans un style à peu près similaire mais avec des idées différentes.

The painter : C’est vrai que Monolith Death Cult c’est un peu une approche similaire mais avec beaucoup plus d’indus et un gros travail. Septicflesh moi j’envie énormément leurs orchestrations. L’avantage qu’ils ont, c’est que leur guitariste est formé en musicologie. C’est un énorme travail collectif ce qu’ils font, c’est juste qu’ils n’ont pas tous la même approche: un va s’occuper de la guitare, l’autre dans la composition du clavier… Ils ont aussi la chance d’avoir un graphiste d’un niveau monstrueux qui arrive à encapsuler graphiquement ce qui se passe musicalement. C’est une entité dans tous les sens du terme.

The crawler : au même titre qu’un Behemoth, ça peut être quelque chose vers lequel on peut tendre en tant qu’inspiration dans le sens où ils ont atteint un tel niveau de maîtrise musicale, graphique et cohérent entre les deux. On a tout intérêt à apprendre de ces gens-là.


Quel est votre avis sur la scène locale ?

The painter : L’avantage et le problème de la scène locale en Belgique, c’est que c’est une scène géographiquement très petite. On sent déjà qu’il y a une scission entre la partie francophone et néerlandophone, ce qui est assez malheureux parce qu’il y a des bons groupes des deux côtés. Ça bouge beaucoup plus en Flandres, même pour les jeunes groupes. Et c’est un truc que j’envie un peu à la scène flamande, c’est qu’ils ont tendance à supporter beaucoup leurs propres groupes.

En Wallonie c’est beaucoup plus difficile de faire bouger les gens. Alors je sais que c’est un peu le problème de toutes les scènes locales, c’est toujours un petit peu les mêmes qui jouent donc je sais bien qu’à un moment donné les gens ne suivent plus forcément. Je dois quand même reconnaître que ces dernières années, à chaque fois que je voyais une orga un peu baisser les bras, ce que je peux comprendre, je constate qu’il y a toujours des organisateurs qui arrivent et qui essaient de trouver une alternative. Je suis rassuré de voir que malgré les années, il y a quand même toujours des salles comme La Zone où ça continue à jouer et où ça continue d’exister. Il y a quand même des gens qui essaient de se donner les moyens d’y arriver et qui y arrivent.

On a participé au concours Durbuy Rock cette année et faut reconnaître ce qui est, il y avait du niveau. En allant écouter, je me disais : « il y a quand même un beau cru qui est là ». Il y a aussi des groupes qui commencent à avoir beaucoup de bouteille comme le groupe de notre batteur Aktarum. On voit quand même qu’il y a des styles qui se développent, qu’il y a des groupes qui y arrivent. Et je suis rassuré de voir que des salles comme celles-ci persistent et qu’on arrive toujours à faire jouer les groupes.

J’entends beaucoup de gens qui disent qu’il n’y a plus rien mais au final c’est toujours là. On propose toujours des dates, on voit des tournées intéressantes qui commencent à arriver. Mon souhait c’est que ça se développe plus, que les gens arrivent un peu plus à se bouger. Je pense qu’on peut faire mieux mais qu’on est sur la bonne direction.

Après je pense que les groupes wallons devraient penser aussi à sortir de la Belgique. Nous avons la chance d’être dans un pays limitrophe du Luxembourg, des Pays-Bas et de l’Allemagne. Et je pense qu’en creusant un petit peu dans justement les petites associations ou même les plus grosses, il y a moyen d’aller jouer dans des petits clubs à gauche et à droite. On le voit ici, il y a des groupes français, allemands, … qui viennent jouer de temps en temps. Si eux ils y arrivent, pourquoi pas les groupes belges ?

The orator : Je voulais faire une parenthèse par rapport à la scène ici en Belgique. Il y a un endroit, c’est chez Yohann au MCP Apache à Charleroi. Quand vous voyez le nombre de concerts et de groupes qui viennent jouer là. Il faudrait plus de salle comme ça et de Yohann. Les 9/10 ème  du temps c’est blindé.

The painter : Je pense que c’est bien d’avoir des gars qui pensent outside the box. Qui se disent « on va vérifier ce qu’il y a et qui tourne autour ». Un gars comme Yohann est la preuve qu’on peut trouver des petites dates underground, on peut trouver des concerts intéressants qui tournent. J’espère qu’on va continuer de voir ce genre de petits gars ultra motivés qui arrivent à faire tourner la scène locale.  Les gens n’ont pas toujours conscience qu’il existe des aides pour les salles.

The crawler: J’ai aussi l’impression que les gens s’imaginent qu’il faut faire d’une seule façon sauf que cette façon mène à un mur. Ils restent pourtant parfois bloqués devant ce mur alors qu’il y a la porte juste à côté d’eux et qu’il faut juste modifier sa façon de faire. Il y a des gens qui ont des ambitions mais qui pèchent par l’ignorance. Comme dit le proverbe « nul n’est prophète en son pays » maintes fois j’ai dit à des groupes qu’on devait chercher en dehors de là d’où on venait. Pour ceux qui ont des ambitions, il y a moyen de s’en sortir. En plus on a un terreau fertile en matière de groupes, je pense notamment à des gens comme Benighted. Ce sont des gens qui arrive à avoir des dates de qualité sans oublier d’où ils viennent. Je sais qu’il y a des supers salles en Europe mais souvent, on les ignore et c’est dommage.

Après, il y a aussi la motivation du public, cette espèce de flemme du grand citadin des grandes villes. C’est un état de fait mais si le public ne vient pas, il faut peut-être aller chercher un autre public ailleurs.


Un dernier mot pour nos lecteurs ?

The painter : Déjà, achetez nos disques et nos tee-shirts, ils sont bien, ils sont de bonne qualité.

The crusher : Sortez-vous les doigts du cul et allez voir des concerts.

The painter : Voilà ! Je pense que c’est simplement ça, si les gens s’intéressent à tout ces petits webzines et autres structures montantes, il faut vraiment ne plus hésiter à bouger. Parce que c’est souvent ça qui pèche. Dans une salle comme ici, on ajoute une vingtaine de personnes, ça change radicalement la réaction du public. Il faut que les gens décrochent un peu de leur pc et de leur canapé. Même simplement pour venir boire un verre et passer un peu de temps au concert.

The crawler : Il ne faut pas oublier que l’expérience live, c’est une expérience en soi. ça ne doit pas être dissocié de l’écoute d’un disque chez soi. Moi j’ai pris des claques avec des groupes que je ne pensais pas sur albums. Je me suis dit, là ça vibre. Il y a ce phénomène vibratoire, purement physique. On ressent quelque chose, le son se transmet, il fait vibre de l’intérieur et de l’extérieur, il peut même jusqu’à faire vibrer l’âme. ça arrive, ça existe et les gens ne doivent pas l’oublier. C’est aussi aux groupes d’être capables d’apporter ça. Il doit y avoir une exigence du groupe envers lui-même et du public envers les groupes.

The painter : Pour résumer ça: venez, on va bien s’amuser !


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