Est-ce que vous pourriez me présenter le groupe en quelques mots ?

Ben: Le groupe a débuté en 2014 en étant principalement axé sur le délire des sorcières, de l’occulte et autres choses du genre et ça a évolué jusque maintenant vers du post-metal instrumental. On était parti sur un projet sludge/doom à la base et on a évolué vers un projet post metal tout à fait instrumental. On est bien comme ça, juste à nous 3.


Quelles sont vos sources d’inspirations ?

Ben: Dans le groupe, elles sont ultra variées. Je vais parler pour moi du coup. Je pioche un peu de tout mais on va dire que le délire du groupe est parti sur Primordial mais bon j’écoute des trucs divers et variés qui peuvent aller de Jethro Tull à Cannibal Corpse.

Oli: Moi je suis à fond dans les scènes black metal, psyché comme Nachtmystium, Oranssi Pazuzu, Dark Buddha Rising, des trucs comme ça, beaucoup plus psyché.


Est-ce que vous parvenez à tous les deux intégrer vos univers musicaux pour créer un tout cohérent ?

Ben: C’est ça qui matche en fait. Moi je viens avec un riff et après, eux ils font ce qu’ils veulent dessus. Comme on vient d’univers divers et variés, ça fait un melting-pot et ça reste homogène selon nous.


Comment définiriez-vous votre son ?

Ben: C’est une musique pour voyager, c’est psychotrope. Nous ça ne nous intéresse pas de ressembler à un autre groupe, on essaie de digérer toutes nos influences pour en faire un tout cohérent. Après avoir essayé plusieurs chanteurs, on a décidé, après 4 ans et demi de laisser tomber le chant et je pense qu’on a trouvé une formule qui est efficace.

C’est un son qui est basé sur des delay, un gros son bien gras mais ça reste fort mélodique, puis on arrive à des cassures, ça part dans tous les sens pour arriver à des passages très sludge et doom avec des trucs post-metal. C’est très tripy, très planant.


Est-ce que vous pourriez me parler de Codex Tenebris ?

Ben: ça a été un album facile à enregistrer mais difficile à mixer. Le challenge c’était de délivrer le son exact de ce qu’on fait sur scène, donc un son sans artifice avec très peu de samples. Tous les drones qu’on entend sur l’album ont été fait en live, principalement par Oli à la basse. C’est le premier album full instrumental parce que sur le précédent je chantais encore un petit peu. Ici c’est la cassure complète, pas une seule voix.

L’album sort le 15 février sous Cursed Monk Records, il y a une pub cool et un support cool derrière, ça fait deux semaines qu’on a commencé à démarcher les reviews et les webzines. Je pense qu’on va avoir un retour cool mais on attend de voir si les gens vont accrocher ou pas. C’est l’album des ténèbres.


L’aspect instrumental c’est quelque chose que vous voulez garder pour les prochains albums ?

Ben: Ouai le côté juste trio aussi. Je suis un gratteux, je ne suis pas un chanteur, je m’y suis essayé pendant presque deux ans, ce n’était pas mauvais mais c’était pas génial non plus comme expérience et je préfère me focaliser entièrement sur les parties de guitare qui sont vachement plus intéressantes et après avoir filmé des concerts, on s’est rendu compte que le chant n’était pas du tout quelque chose d’important.

Oli: Le style reste beaucoup plus large en ayant pas de chanteur. Quand tu as un chanteur il faut plus s’adapter. Ici, il y a beaucoup de gens qui écoutent des styles différents et qui peuvent retrouver quelque chose qui leur plaît en nous écoutant.

Ben: c’est un compliment qui revient depuis Ignobilis c’est que des gens qui viennent d’horizons musicaux tout à fait différents apprécient ce qu’on fait. Je trouve que le gens nous brideraient, surtout en francophonie parce qu’un bon chanteur, ça existe mais l’accent terrible franglais c’est quelque chose qui me dérange énormément donc je préfère ne pas en remettre et puis ça colle bien avec notre délire


Qu’est-ce qui vous attend pour 2019 ?

Ben: Ce qui va changer, c’est que normalement, on joue avec des projections vidéo mais tout doucement on laisse tomber l’idée parce que selon nous, on arrive à se suffire à nous même. Plus on simplifie, plus on semble aller à l’essence même de notre projet, plus les gens apprécient de manière générale.

Sinon, on aimerait jouer moins, jouer mieux, augmenter un petit peu le cachet pour jouer dans des bonnes conditions.

On comprend que pour les petites orgas ça ne soit pas toujours facile mais des concerts à 50 ou 75 euros, ça nous fatigue aussi. On débarque avec des milliers d’euros de matos, dans des conditions pas toujours évidentes après des heures de boulot. Ça fait quatre ans et demi qu’on écume et maintenant on aimerait augmenter un tout petit peu nos tarifs.

Là on arrive à la fin de l’enregistrement de l’album, on a trouvé un label, c’est chouette. On va sortir un bon packaging et un digipack pour le cd. On va sortir un packaging cool pour les cassettes mais là, on est fauchés, on n’a même pas de quoi faire du nouveau merch.

On a un projet cool avec des amis, le groupe Ilydaen, qui sont de la scène post-rock du côté germanophone, on vient d’enregistrer chacun un titre de 16 minutes pour sortir un split vinyle qui sortira sur Dunk, un douze pouces. Et puis on verra un peu. Le but était de déborder un peu sur la scène post-rock même si on reste très metal dans le son.


Quel est l’endroit où vous estimez que le groupe est le mieux mis en valeur ?

Ben: Dans les petites salles, les petites caves. On en revient au côté psychotrope. On est un groupe planant, il faut qu’on soit dans un endroit confiné. On n’est pas un groupe de grosse scène.


Est-ce qu’il y a un groupe en particulier avec lequel vous voudriez partager l’affiche ?

Ben: il y en a plein, trop pour les nommer, surtout pour en nommer un seul en fonction des trois personnalités dans le groupe. Pour en citer trois au pif: Oranssi Pazuzu pour Oli, Year Of No Light pour moi, et en troisième choix YOB. Après ce n’est pas inaccessible non plus.

Il ne faut oublier qu’on a chacun notre vie privée et notre boulot. Et dans la musique, il y a déjà tellement de groupes, tellement d’offres sur le marché qu’il ne faut pas seulement proposer une musique qui plaît, il ne faut pas seulement se démarquer musicalement. Il faut faire toute la promo soi-même, ce qui représente énormément de boulot et ça entre en ligne de compte pour la suite. Est-ce qu’on aura le temps de se promouvoir etc.


Quel est votre avis sur la scène metal & underground belge ?

Ben: on est un peu le cul entre deux chaises. C’est très géographique je trouve: il y a les groupes de Bruxelles, les groupes de Namur, les groupes de Liège… Nous on est les bourrins ardennais et il n’y a pas de scène chez nous.


Que pensez-vous des affiches éclectiques comme ce soir ?

Ben: Ce soir, on joue un peu à la maison, ce n’est pas loin de chez nous, il y a plein de potes qui vont rester pour nous donc c’est chouette.

Sinon les affiches éclectiques comme ceci, il faut les faire, c’est important. On espère aussi fédérer d’autres groupes qui ont envie de faire bouger les choses comme nous parce que seuls, on ne sait rien faire. Même organiser des petits concerts, c’est pas possible.


Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Oli: Ne restez pas cantonnés à écouter un ou deux ou trois styles. Essayez tout, dans tous les styles, il y a toujours quelque chose de bien et ce n’est que de l’ouverture et ça fait en sorte que la musique puisse continuer d’évoluer. Merci à tous ceux qui viennent nous voir et qui nous soutiennent en achetant notre musique ou notre merch.


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