Depuis quelques temps, ils font parler d’eux et ce de plus en plus fort. Nous avons interviewé pour vous Spermain de Brutal Sphincter, groupe de goregrind belge qui s’est vu octroyer une place sur l’affiche du célèbre festival Hellfest (Clisson, France). De l’underground à un des plus gros et des plus populaires festivals metal d’Europe, comment en sont-ils arrivés là ? Spermain nous dit tout dans cette interview.

Pour commencer, qui se cache derrière Brutal Sphincter et quel est votre job dans le groupe ?

Brutal Sphincter est un groupe composé de 5 membres, à savoir : Spermain (basse), GG Stalin (chant avec effet), Major Diarrhea (chant sans effet), Leopoold II (batterie) et Corde Sensible (guitare).

Dans le groupe, chacun a son rôle. Personnellement, je m’occupe d’écrire la musique (basse + guitare) et la structure des morceaux, du management du groupe (répartition des tâches, réunions, etc), du booking, de la page Facebook, des mails, de la gestion budgétaire et du merch (commandes et envois).

GG Stalin se charge de collecter les infos pour le bon déroulement du concert (rider tech, hospitality rider, accommodation, etc) et d’écrire les paroles pour les morceaux.

Major Diarrhea écrit également les paroles, s’occupe de tout ce qui tourne autour de l’utilisation du logiciel Photoshop (design, memes, flyers, banners, etc), de la masterisation (parfois du recording) de nos morceaux et des problèmes techniques (live, internet, etc).

Leopoold, quant à lui, écrit les parties batterie, gère notre l’Instagram et s’occupe de relancer régulièrement les festivals qui n’ont pas répondu à nos mails.

Enfin, Corde Sensible m’aide dans la composition des morceaux et gère la chaîne YouTube via la création de contenus.

Comment en êtes-vous venus à créer Brutal Sphincter, dans quel but ?

La création du groupe a, en réalité, émergé d’une blague avec l’un des (ex-)membres fondateurs du groupe (Jason ANANIA). Lors de nos études d’assistants sociaux, nous étudiions (trop) souvent la psychanalyse selon Sigmund Freud. Celui-ci parlait sans arrêt du stade anal et du contrôle sphinctérien. Dès lors, nous pensions que ce serait drôle d’appeler un groupe de goregrind Brutal Sphincter.

Quelques mois après, le délire a vu le jour. Je recherchais personnellement un groupe plus extrême que ce que proposait la scène liégeoise à l’époque. De plus, je voulais en être le créateur afin de pouvoir le diriger où je le désirais… Je n’aurais jamais pensé que le groupe fonctionnerait aussi bien, par contre.

Musicalement parlant, vous définissez le groupe comme un groupe de « POOlitical » goregrind. Le goregrind, je vois de quoi il en retourne. Qu’en est-il de la mention « POOlitical » ?

À vrai dire, les groupes de la scène ont tendance à toujours décrire leur goregrind avec des adjectifs débiles. Généralement, les thématiques du porno/gore grind tournent autour de tout ce qui est fécal, sexuel, maladif ou gore… Ici, sans pour autant renier là d’où on vient (LE CACAAA), avec notre second album « AnalHu Akbar », nous avons désiré changer le jeu car nous trouvions les précédentes thématiques ennuyeuses.

Nous pensons que le goregrind doit être choquant comme le death metal l’a été à une époque et comme le style l’était en lui-même lorsqu’il a émergé dans les années 90. Quoi de mieux pour offenser les gens que de blaguer sur des sujets politiques sensibles comme l’Islam, la pédophilie, le nazisme et autres?

Cependant, même si les titres sont extrêmement provocateurs, les paroles derrière restent sensées. Il s’agit généralement de critiques, de constats ou simplement de trollages massifs. Il aurait été idiot de provoquer sans vouloir faire réfléchir…

Par ailleurs, nos paroles devraient bientôt être uploadées sur certains sites dédiés aux lyrics.

Depuis la sortie de votre second album « AnalHu Akbar », le groupe ne cesse de gagner en popularité. Comment expliquez-vous ce succès ?

Tout d’abord, il y a l’élément musical. Nous avons, je pense, créé une forme de goregrind assez unique. Les structures des morceaux sont assez complexes et les riffs plus ou moins techniques comparés au reste de la scène. Ensuite, nous nous sommes rendus dans un studio professionnel (Blind & Lost Studios) qui nous a fait une production aux petits oignons. Rajoutez à cela des thématiques originales et des vocalises variées et nous obtenons la patte Brutal Sphincter. C’est cela qui nous a permis de nous démarquer dans la scène.

Cependant, la musique ne se suffit pas à elle-même. L’image et la réputation du groupe doivent être soignées. Il est important d’être bien perçu par le public et de créer de bonnes relations. Il s’agit de se créer un réseau.

Enfin, ajouter des heures de networking et de management, par semaine. C’est un travail constant qui demande une grande assiduité. C’est bien pour cela que la plupart des gros groupes ont des managers… Cela prend un temps monstre.

Vous avez fait quelques belles scènes cette année dont l’Obscene Extreme, un des plus grands festivals du genre en Europe. Que vous reste-t-il à accomplir ou plutôt à conquérir ?

Nous avons vu l’OEF comme une scène tremplin. C’était un show très important pour notre crédibilité auprès du grand public.

Cette interview m’a été adressée, il y a quelques mois. Fin décembre, je trouve seulement le temps d’y répondre. Il y a quelques mois, j’aurais dit que j’aurais désiré jouer des grosses scènes comme le Netherlands Deathfest, le Summer Breeze, le Brutal Assault, etc.

À ce jour, nous sommes confirmés pour le Hellfest et pour le Netherlands Deathfest. Bien que cela soit toujours surréaliste pour nous, nous ne désirons pas nous arrêter là. Nous désirons faire de nos participations à des événements mainstream quelque chose de régulier. D’autres continents restent également à conquérir.

Niveau popularité, nous aimerions devenir une référence du style. Ce qui peut paraître sans doute un brin prétentieux.

Vous avez sorti un clip plutôt « cartoonesque » mais assez « trash » pour la chanson « Make Goregrind Great Again », quels ont étés les retours à ce propos ?

Environ 4 mois sont passés depuis sa sortie et les réactions ont été démesurées… Pas moins de 220 000 vues, plus de 16 000 likes, des milliers de partages. Ce clip, nous a permis d’encore plus nous affirmer et d’acquérir beaucoup de visibilité.

En plus de ces avantages, le clip a permis aux nouveaux talents belges de Shit Knuckles d’être mis au-devant de la scène alors que c’était leur première vidéo. Nous continuons, par ailleurs, à travailler avec eux.

Quels sont vos projets pour 2020 ?

Jouer le plus de concerts possibles, gagner en popularité, créer une lyrics vidéo pour notre morceau « Autistic Meltdown », cliper « Prohibit Anime », réenregistrer un des morceaux « cultes » du premier album, créer du nouveau merch et… Ecrire des nouveaux morceaux pour notre troisième album.

S’il y a une chose que l’on doit retenir de Brutal Sphincter, laquelle serait-ce ?

Venez faire la fête à nos concerts et venez boire des coups avec nous. Vous verrez, on est des gars sympas !

Si vous deviez recommander un album ou un groupe pour se lancer dans la découverte du goregrind, lequel serait-ce (en dehors de vous bien entendu) ?

« Shit Beast » de Gutalax. Les copains de Gutalax sont sans doute la porte d’entrée la plus facilement utilisable pour rentrer dans le goregrind. Leur musique est simple, groovy, efficace et personnelle. Notons tout de même qu’ils auraient plus tendance à se décrire comme du gore’n’roll. Il y a effectivement peu d’éléments goregrind musicalement parlant.

Des albums comme « Paraphelic Elegies » de Spasm, « Splatter Tekk » d’Ahumado Granujo, « Keep On Smiling » de Rectal Smegma ou « Gargle Cummics » de Rompeprop restent d’excellentes alternatives. Ceux-ci sont des choix personnels, bénéficient d’une bonne production et équilibrent parfaitement les passages blastés et plus groovy.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Il serait chouette d’avoir plus de groupes de goregrind en Belgique. Lancez-vous et venez twerker sur scènes avec nous.


Photo par J.Huyssens Photography.

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