Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le contenu de votre nouvel album « Outlaws ‘Til The End » ?

Outlaws ‘Til The End est un projet très ambitieux où nous combinons l’outlaw country et le heavy metal ce qui n’a jamais été fait de la bonne manière auparavant avec des invités appropriés. Nous avons des invités incroyables sur cet album comme John Carter Cash, le fils de Johnny Cash, Randy de Lamb Of God, Hank 3 , Lee Ving de Fear, un groupe punk connu.
Nous avons donc pris ces deux genres musicaux et les avons combinés. Nous avons utilisés quatre styles de chanteurs différents: des mecs du punk rock, de l’outlaw country, du heavy metal et même du goth rock comme Wednesday 13. Nous avons tenté de faire ce que nous pensions n’avoir jamais été fait avant et nous avons transformé ces chansons outlaw country en chansons heavy.


Comment s’est déroulée la création de l’album avec tous ces invités ? Était-ce vraiment différent d’un album créé uniquement avec DevilDriver ?

Oh mon Dieu, c’était tellement différent ! Cet album a vraiment été difficile à terminer et a même failli ne pas être complet. L’argent s’est épuisé à mi-chemin, la logistique pour mettre tous ces artistes sur cet album était presqu’impossible mais nous y sommes arrivés.
C’était un processus très différent de ce que nous faisons d’habitude, où nous enregistrons de nous-même. Ici, c’était une toute autre histoire, j’ai dû trouver des endroits où enregistrer, des gens pour enregistrer… D’un point de vue logistique, c’était un cauchemar mais je suis heureux que ça soit fait parce que c’est quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant et c’est absolument fantastique.


Comment étaient les relations entre les membres de DevilDriver et les invités? Est-ce que cette collaboration s’est bien déroulée ou pas ? Y avait-il des tensions entre vous ?

Non, aucune tension. Tout le monde voulait simplement faire cet album, le faire à cent pourcents et s’assurer que le résultat soit fantastique.


À quoi le terme « Outlaws » fait-il référence?

Je pense que le terme “outlaw” (hors-la-loi) quand il s’agit de musique, pourrait renvoyer au punk rock, à l’outlaw country, au heavy ou encore au blues. Ce sont des gens qui ne distordent pas leur musique pour faire de l’argent. Ils n’écrivent pas leur musique spécialement pour la radio, ils le font parce que ce sont de pures artistes. Ces hors-la-loi de l’outlaw country sont Willy Nelson, Waylon Jennigs, Johnny Cash, Hank Williams sont comme les “Lemmy” de la country. Cela veut dire qu’ils sont underground, qu’ils ont fait ce qu’ils ont fait simplement sans distordre leur art. C’est ce que veut dire “outlaw” selon moi, être libre musicalement.


Comment avez-vous choisi les invités de cet album ? Tous ensemble ou est-ce que chaque membre est venu avec un invité de son choix ?

Non, nous avons d’abord choisi les gars dont nous voulions faire les covers à savoir Willy Nelson, Waylon Jennings, Johnny Cash, Hank Williams. Ensuite nous avons ajouté des chansons extérieures: Neil, notre guitariste a amené « A Thousand Miles From Nowhere », Mike a amené “Dad’s Gonna Kill Me” qui est une chanson anti-guerre et j’ai amené « Outlaw Man » des Eagles, c’est comme ça que cela s’est passé.


Il y a une forte influence country dans cet album. Si l’on considère les précédents albums de DevilDriver, on constate que c’est quelque chose de tout à fait neuf. Qu’est-ce que cette influence country représente pour vous ? Pourquoi avez-vous choisi la musique country comme source d’inspiration pour ce nouvel album ?

J’ai toujours trouvé ces chansons heavy, ces artistes écrivent les meilleures histoires que je n’ai jamais entendues, les paroles les plus poignantes de la planète sont issues de l’outlaw country et c’est pour ça que nous avons choisi de nous en inspirer. J’ai choisi cette influence parce que cela n’avait jamais été fait.
Plusieurs personnes m’ont dit que je ne devrais pas et cela m’a encore plus donné l’envie de le faire. Je ne suis pas une personne à qui on peut dire “ne fais pas ça” parce que je le ferai, si on me dit de ne pas sauter, je saute. C’est donc pour ça que nous avons fait ça: pour faire quelque chose de spécial, quelque chose de différent, qui n’avait jamais été fait, pour créer un nouveau genre. Et c’est ce qui est en train de se passer.
Je me suis retrouvé à devoir plus expliquer aux Européens et aux Anglais mais si tu vas à un concert d’heavy métal, à un barbecue heavy métal ou dans un tour bus ou des backstages heavy metal, tu entends Slayer, Johnny Cash, Pantera et Willy Nelson l’un à la suite de l’autre. Je veux dire que c’est vraiment une chose très courante d’entendre de l’outlaw country à un barbecue heavy metal.


C’est apparemment le premier volume d’Outlaws ‘Til The End, nous espérons donc un second volume, est-ce qu’il suivra le même chemin que le volume 1 ?

Eh bien, ce sera définitivement country et je ne sais pas encore quand il sera fait. Comme je l’ai dit, je pensais que tout irait bien, qu’on se laisserait trois ans entre les deux albums. Je pensais qu’on pourrait donner un truc spécial, en faisant quelque chose de simple, un album de covers et ce n’est pas simple, loin de là.
Il y a quatre mois d’ici, j’ai dit à ma femme que je ne pensais même pas que l’album finirait par être achevé. Donc, je ne sais pas quand la prochaine sortie aura lieu. La raison pour laquelle nous avons divisé l’album en deux est parce que nous avions plus de cinquante personnes qui voulaient être sur cet album. Donc, je ne sais pas quand je le ferai ni si j’ai vraiment envie de le faire parce que c’est un travail titanesque, on verra si ça se produit.


À propos des concerts, comment allez-vous faire pour jouer les morceaux avec invités en live ?

Eh bien, cet album n’a pas vraiment été pensé pour être produit en live. Je ne sais pas si on le fera. Si certains invités viennent dans certaines villes où nous nous produisons, nous pourrions faire certaines chansons mais cet album a été spécialement pensé pour les fans d’heavy metal, pour leur donner quelque chose de cool à écouter.


Donc si on va voir vos concerts dans les mois à venir, on n’entendra rien du nouvel album “Outlaws ‘Til The End” ?

Eh bien, je ne sais pas. Il y a seulement deux chansons sans invités, à savoir : « Outlaw Man » des Eagles et « A Thousand Miles From Nowhere ». Nous verrons si nous les ajoutons à notre setlist.


Quelles sont vos impressions concernant la réaction de vos fans à votre nouvel album ?

Eh bien, je pense que le public américain est très excité par qu’ils ont attendu que quelqu’un fasse ce genre de chose depuis quinze à vingt ans. Je veux dire, ils sont vraiment très excités.
Les publics européens et anglais doivent être éduqué à ce genre de style, au danger que cela représente pour un groupe d’heavy métal d’essayer ça. Nous avons décidé de prendre ce risque parce que je pense que DevilDriver était le groupe parfait pour essayer ça.
Notre fanbase aime vraiment bien les covers que nous avons faites que cela soit « Black Soul Choir » ou « Sail » ils ont vraiment appréciés. Donc je pense que les publics anglais et européens suivront. Je pense qu’ils aimeront cet album et qu’ils comprendront combien c’était dangereux de mettre ces deux choses ensemble et quand ils entendront ce que nous avons fait, je pense que cela sera applaudi.


Pensez-vous que vous allez créer une mode de mélanges de genres chez les musiciens de metal ?

Lee Ving a dit dans une interview : « Dez Fafara a déjà lancé deux genres : le nu et le groove métal ». L’an dernier, Spotify a ajouté le terme « groove métal » et nous a placé en haut de la liste de ce genre. Lee Ving, quant à lui, pense que j’ai peut-être encore lancé un nouveau genre. Donc, je ne sais pas, j’ai fait quelque chose qui m’était cher et maintenant je retiens juste mon souffle car c’est tellement différent et jamais vu. Je retiens mon souffle pendant que ça sort et on verra ce qu’il se passe.


Est-ce que vous espérez que d’autres groupes suivent votre chemin ?

J’ai reçu un sms d’un ami de Dallas au Texas. Il était à un nightclub et il a pris une photo d’un flyer qui disait : « groupe de heavy country, un cover heavy metal de country la semaine prochaine ». Donc c’est ce qui se produit pour le moment. Je vois que ça commence même avant la sortie de l’album. On verra si ça amène à la création du genre, j’aimerais voir cela se produire.


Quelles sont vos attentes par rapport à cet album ?

Mon but est que les gens voient que nous avons essayé de faire quelque chose d’unique, d’extrêmement difficile à faire et nous l’avons fait pour l’amour de la musique, l’amour de nos fans à qui nous voulions donner quelque chose de spécial. Nous voulions donner quelque chose de jamais vu auparavant à la communauté musicale. Je ne sais pas combien de gens peuvent dire ça maintenant.
Le heavy metal aux États-Unis est en très mauvais état, dans le sens où les groupes de heavy metal sont en train de sombrer. Vous savez, les gens vont à des concerts très très heavy donc les groupes vendent plus et deviennent des groupes de radio. Ils engagent des paroliers pour écrire leurs chansons. Certains des plus grands groupes de heavy metal n’en sont pas vraiment. Ce sont plutôt des groupes de rock très actifs et les gens pensent qu’ils sont heavy métal. Donc je veux quelque chose d’heavy, de brutal, différent vis-à-vis de de cette merde de metal pop qui passe à la radio, tous les groupes chantent des couplets heavy et des gros refrains clean pour vendre leur musique. Je ne suis pas intéressé par cela car c’est de l’art distordu. L’art qui se distord pour l’argent, le jeu monétaire, c’est l’art qu’on ne veut pas choisir, c’est de la merde.


Avez-vous des regrets à propos de cet album ?

J’ai appelé Danzig, c’était le premier mec que j’ai appelé et il a dit qu’il serait sur l’album mais il a été pris entre les concerts et l’enregistrement de ses autres chansons donc il n’a pu être présent. C’est mon plus grand regret. Pour le prochain j’essaierai absolument d’avoir Glenn dessus.


Quelle est la chose que vous avez le plus appréciée pendant cet enregistrement ?

Je pense que c’est collaborer avec Randy de Lamb Of God et enregistrer avec lui ou encore avec John Carter Cash et Ana Cash à la Cash Cabin, c’était absolument phénoménal.


Cet album a-t-il créé de nouvelles amitiés ?

La famille Fafara et la famille Cash sont devenues très très proches. Je parlais à John Carter Cash ce matin et c’était comme si nous allions monter un projet ensemble. Donc nous nous sommes fait de bons amis pendant cet enregistrement. Je me suis lié d’amitié avec Lee Ving qui était l’idole punk rock de ma jeunesse et je vais définitivement travailler avec John Carter Cash dans le futur et c’est tout bon.


Nous vous remercions pour vos réponses et nous voudrions vous laisser adresser un dernier mot à nos lecteurs.

Choisissez “Outlaws ‘Til The End”, mettez le volume sur 10, faites-le exploser aussi fort que vous le pouvez et appréciez quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant. Restez heavy, suivez DevilDriver et merci pour votre soutien.