À travers cette interview, le chanteur suédois Christian Eriksson (ex-Twilight Force) nous présente le nouveau groupe qu’il a formé avec le guitariste américain Bill Hudson (Trans-Siberian Orchestra, UDO, Savatage, …) : NorthTale. À ce moment-là, le groupe composé de musiciens connus et expérimentés s’apprêtait à sortir son premier album, « Welcome To Paradise », et à jouer sa première scène sous ce nouveau nom. Depuis, tout semble rouler pour eux !

Ma première question est très simple : « Welcome To Paradise » sort dans quelques jours… Alors, comment te sens-tu ?

Je commence à être un peu nerveux. Parce que pendant la période où nous avons lancé le projet et enregistré l’album, je n’ai même pas pensé qu’on le sortirait. Et maintenant, c’est dans une semaine… Je commence à sentir mes nerfs. Mais c’est pas grave. C’est beaucoup d’anticipation de ma part. La seule chose que nous pouvons faire maintenant est d’espérer que les gens l’aimeront !

Mais vous avez déjà eu beaucoup de retours sur votre premier single et ils semblent très positifs.

Oui, il y a beaucoup de positivité ! Bien sûr, nous en sommes très heureux. Nous avons également reçu beaucoup de reviews et la majorité d’entre elles nous donnent dix sur dix ou presque. On ne devrait pas se plaindre, je suppose. (rires)

Apparemment, Bill et toi vous êtes rencontrés lors d’un festival en Suède l’année dernière et c’est ainsi que le projet a commencé. À partir de là, peux-tu résumer la formation du groupe ?

Nous nous sommes rencontrés dans ma ville natale cet été-là, en 2017. Mais c’était juste une discussion, au début Bill voulait que je chante sur son album solo, mais j’ai refusé parce que j’étais trop occupé avec Twilight Force et qu’il était aussi trop occupé avec ses affaires. Et puis, après mon départ de Twilight Force, Bill m’a appelé et Patrick (batterie) aussi, parce que Patrick et moi sommes de la même ville et nous parlions de former un groupe depuis 10 ans, mais cela ne s’est jamais produit. Bill et Patrick m’ont donc appelé et m’ont dit la même chose indépendamment l’un de l’autre. Ils ont dit : quand tu seras de nouveau prêt, on fera ça, faisons-le pour de bon. Au début, j’étais tellement fatigué que je ne voulais plus continuer la musique. Mais j’y ai réfléchi et j’ai pensé que si nous pouvions écrire et enregistrer un album dont nous pouvions être fiers, que si nous avions 14 ans, nous aurions fait dans notre froc si nous l’avions entendu, nous devions le faire. C’était le but pour ce groupe. Nous avons donc décidé de le créer, mais nous avions besoin de membres. J’ai donc fait venir Mikael, le bassiste, et Bill a fait venir Jimmy (claviers) parce que nous les connaissions d’avant. Après ça, on avait besoin d’un nom, parce qu’on n’avait rien trouvé. Alors on s’est dit : essayons d’en faire un concours. Nous avons remarqué que nous avions des fans autour de ce groupe qui n’avait encore rien sorti. Nous avons donc annoncé un concours et nous avons pensé que nous pourrions peut-être recevoir 20 noms, mais nous avons reçu 1500 noms ! C’est à peu près comme ça qu’on a fini en tant que groupe et avec le nom NorthTale.

Comment avez-vous fait pour que votre premier album soit prêt si vite ? Pourriez-vous en résumer le processus de création?

En fait, avant-hier, j’ai reçu le CD du label, j’étais assis sur mon canapé et je l’ai tenu dans ma main et je me suis dit : comment on a réussi à faire ça en un an et demi, putain ? (rires) Mais d’une façon ou d’une autre nous l’avons fait ! Principalement, c’était Bill et moi qui écrivions toutes les chansons et nous nous envoyions le matériel en ligne. Le fait est que nous avons exactement la même vision de ce que nous voulons faire avec la musique. Donc, c’était super facile en fait, même si toutes les chances étaient contre nous puisqu’on vit de part et d’autre de la mer.

C’était une question pour Bill en fait, concernant les parties de guitare, mais tu peux peut-être répondre pour vous deux si tu le sais. Qu’est-ce qui vous a inspirés quand vous avez écrit cet album ?

En fait, j’ai aussi composé de la musique. Bill et moi avons écrit l’album et il y a quelques chansons sur lesquelles j’ai écrit toute la musique et toutes les paroles et quelques chansons sur lesquelles Bill a écrit toute la musique et aussi les paroles. Nous pouvons dire qu’il s’agit d’un travail à 50-50 et c’est ce que nous voulions. Si vous regardez le power metal d’il y a 20 ou 30 ans et si vous pensez au power metal aujourd’hui, notre metal peut être tellement de choses différentes. Mais nous voulions revenir à ce que nous, nous appelons le power metal. Je veux dire, cette époque de l’ancien Helloween, Gamma Ray, Stratovarius, mais aussi d’autres influences comme Judas Priest ou Yngwie Malmsteen. Nous voulions un album que nous voulions entendre, avec des éléments des groupes que nous aimons depuis des années.

Concernant ce que tu viens de dire, est-ce que tu trouves que le power metal est moins riche ou moins intéressant de nos jours ?

Non, pas du tout. Je ne sais pas comment dire ça sans avoir l’air grossier ! (rires) Mais je pense qu’aujourd’hui, beaucoup de groupes essaient de passer à la vitesse supérieure, de s’habiller en costumes, de mettre des tas de trucs sur scène, ou peu importe, mais de tout faire monter en puissance. Mais à mon avis, le sommet a déjà été atteint et pour nous, je pense que nous voulions juste nous concentrer sur de bonnes chansons et non sur du superflu ou… Nous voulons juste jouer de la musique. Je ne dis pas que les autres groupes ne font pas de la bonne musique. Nous n’essayons pas de réinventer la roue parce que nous savons que cela a déjà été fait, mais nous espérons pouvoir saisir l’essence de ce qu’est NorthTale et créer quelque chose de personnel.

Si tu me permets un commentaire personnel, j’ai été vraiment surprise par l’album parce que je m’attendais à une sorte de cliché de power metal, si tu vois ce que je veux dire. Mais la musique est vraiment riche, les guitares sont vraiment folles et les refrains sont incroyables. Tout est très puissant.

Merci, nous apprécions beaucoup cela. C’est exactement ce que nous voulions faire avec cet album. Et si vous écoutez l’album, vous pouvez entendre que c’est un album très diversifié. Nous prenons beaucoup de directions différentes parce que nous ne voulions pas écrire des chansons comme ça ou comme ça, nous voulions explorer et le ciel était la limite. Parce que si vous écoutez des groupes des années 70, il y a une énorme variété dans les chansons, elles ne suivent pas un certain modèle. Et c’est sur cela que nous voulions nous concentrer.

D’autre part, a-t-il été difficile de convaincre Nuclear Blast de vous signer avec ce nouveau projet ?

Non… (rires) C’était aussi un peu surréaliste, parce qu’au début on avait dit qu’on sortirait l’album par nous-mêmes. Parce que, au départ, nous avons écrit un EP et nous l’avons enregistré. Alors on s’est dit : on va le sortir seuls. Mais nous avons commencé à recevoir des offres de petits labels indépendants qui voulaient nous signer sans même entendre un mot ou une note… Nous avons alors réalisé que nous avions de bonnes relations avec Nuclear Blast. Nous avons donc décidé d’essayer. Mais nous ne nous attendions pas à ce qu’ils nous signent, nous n’étions personne, nous sommes un nouveau groupe et nous n’avons rien sorti. Mais ils se sont montrés super intéressés tout de suite. C’était une expérience vraiment cool ! Ensuite, nous avons dû continuer à travailler sur un album complet. Je ne dis pas que cela n’a pas pris de temps, mais nous n’avons pas eu à nous mettre à genoux pour supplier. On se présentait, on leur demandait s’ils voulaient travailler avec nous et ils ont dit oui. Donc oui, nous avons été surpris et très heureux.

Tu en as parlé un peu tout à l’heure, mais si ça n’a pas été si difficile avec la maison de disques, qu’en est-il du public ? Parce que, comme tu l’as dit, c’est un nouveau groupe. Alors, est-ce difficile de démarrer un tout nouveau groupe, surtout de nos jours, et de se construire une nouvelle fanbase ?

Je ne sais pas, en fait. Comme je l’ai dit plus tôt avec le nom et le concours, nous avons vu que nous avions des followers dès le début. Il y a beaucoup de fans et d’amis de longue date, de Twilight Force, et beaucoup de fans du côté de Bill, d’UDO, du Trans-Siberian Orchestra et aussi de Patrick avec Yngwie Malmsteen. Donc nous les avons réunis en quelque sorte et les gens ont commencé à montrer de l’intérêt à nous voir juste ensemble. Mais c’est super bizarre parce que je ne sais pas comment c’est arrivé. Maintenant le single « Higher » a atteint 60 000 vues sur YouTube ou quelque chose comme ça et c’est de bon augure pour l’album.

Justement, l’album s’appelle « Welcome To Paradise », mais la pochette a l’air un peu sombre et froide, ce qui ne représente pas l’idée que nous nous faisons du paradis, ou du moins pour moi… As-tu un commentaire à faire à ce sujet ?

Ouais, c’est exactement ce qu’on voulait ! Je veux dire, qu’est-ce que le paradis pour toi ? Qu’est-ce que le paradis pour moi ? Nous espérons que les gens y réfléchissent. Parce que mon paradis, j’en suis sûr, n’est pas le même que le tien. Le paradis peut être n’importe quoi. Et ce titre est tiré du morceau d’ouverture de l’album où le paradis représente quelque chose de vraiment mauvais selon moi, parce que cette chanson parle de ce que j’appelle une secte dans laquelle j’ai grandi. Mais pour ceux qui s’y trouvaient et qui la dirigeaient, ils y voyaient un paradis parfait. C’est pourquoi nous voulions appeler l’album « Welcome To Paradise », on remarque tout de suite que ce n’est pas le paradis mais ça pourrait l’être pour certaines personnes.

NorthTale Cover

Donc, quand tu écris des paroles, tu t’inspires toujours d’événements ou d’expériences personnels ?

Ouais, toujours. Les sujets font partie de la vie. Par exemple, « Time To Rise », c’est comme si je chantais pour moi-même quand j’étais enfant parce que j’ai été harcelé à l’école pendant un certain temps. Et le message avec cette chanson est qu’il est temps de se lever, ce ne sera pas toujours comme ça. Il y a un avenir meilleur qui se prépare. « Siren’s Fall » parle de la façon dont je vis les crises d’angoisse, parce que j’en ai depuis que je suis enfant et que je peux les gérer aujourd’hui. Mais je voulais aussi mettre cela en parole parce que je crois que si je chante sur quelque chose qui me tient à cœur, c’est émotionnel, je chante mieux, j’espère. (rires)

C’est vraiment intéressant parce que quand on entend les chansons pour la première fois, on ne fait pas particulièrement attention aux sujets. Je le ferai la prochaine fois que j’écouterai l’album. Mais maintenant, tu sais de quoi parlent les chansons de Bill ?

« If Angels Are Real », par exemple, cette chanson est dédiée à son ami décédé. Ils ont joué ensemble dans Circle II Circle et il lui rend hommage. Il s’agit donc d’expériences de la vie réelle. C’est aussi une chose dont nous voulons nous éloigner, nous ne sommes pas un groupe de fantasy. Je respecte les gars qui font ça, mais on veut essayer d’écrire sur des trucs réels.

Et c’est aussi quelque chose qui ne fait pas passer le groupe pour un cliché, en fait. C’est vraiment intéressant. Maintenant voici une question que la plupart des artistes détestent : as-tu une chanson préférée sur cet album ?

En fait, cela dépend beaucoup de mon humeur du jour. C’est dur, mais les chansons que j’écoute le plus sont « Bring Down The Mountain » et « The Rhythm Of Life ». Toutes les chansons sont personnelles, donc c’est très difficile de choisir une chanson préférée mais pour moi aujourd’hui, ce serait « The Rhythm Of Life ».

Vous allez jouer quelques festivals en août et surtout le Sabaton Open Air. Alors comment avez-vous eu l’opportunité d’y jouer ? J’ai eu une interview avec le bassiste de Sabaton il y a quelques semaines qui disait qu’il est très important pour lui de soutenir de nouveaux groupes pour garder la scène vivante.

Sabaton et moi avons grandi dans la même ville, j’ai même chanté avec Sabaton à l’époque. Nous avons toujours été amis. Ils ont créé quelque chose, Sabaton est un groupe unique, il y a quelque chose de spécial avec eux. Ils ont créé un grand festival et ils ont toujours voulu travailler avec des produits locaux, de la nourriture locale aux groupes locaux. C’est formidable pour nous qu’ils croient en nous et qu’ils aient voulu nous accueillir pour notre première mondiale.

Alors, comment vous préparez-vous pour ce premier show ?

Tout d’abord, ça commence à devenir réel : on va vraiment jouer ce premier concert ! Nous étions dans cette bulle où on se disait que nous allions jouer en live plus tard… Et là, c’est déjà dans trois semaines ! (rires) Maintenant, nous devons commencer à répéter pour de bon, tout le monde répète à la maison pour l’instant, puis nous nous retrouverons une semaine avant le festival pour quelques répétitions de production. Et j’espère qu’on ne sera pas merdiques ! (rires)

Au fait, penses-tu qu’on peut vous qualifier de super groupe ?

Non ! (rires) Je sais que nous avons été étiquetés comme un super groupe. Mais le fait est que nous ne nous sommes jamais définis comme super groupe et nous ne le ferons jamais. Mais qu’est-ce qu’un super groupe ? On est juste cinq gars qui aiment la même musique et qui travaillent ensemble.

Donc, après quelques festivals que vous allez jouer le mois prochain. Avez-vous déjà des projets de tournée après la saison ?

Oui, on y travaille. Je peux dire que nous avons une agence de booking qui veut travailler avec nous, mais je ne peux pas mentionner les noms pour le moment. Mais les choses s’annoncent bien !

J’en ai maintenant terminé avec mes questions, alors je te laisse le mot de la fin pour nos lecteurs…

La seule chose que je peux dire, c’est que j’espère vraiment que vous allez aimer l’album. Et j’espère vous voir bientôt ! Notre travail est terminé. Maintenant, nous ne pouvons qu’espérer. Je ne vais pas dire « si vous nous aimez faites ceci ou cela blablabla… » Jetez-y juste une oreille si ça vous dit de le faire !


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