Fin octobre, à l’occasion de la sortie de “Are You Ready”, quatrième single de leur album à venir, je vous avais déjà rapidement parlé de Shaârghot, ce groupe de metal indus parisien (si tu as raté l’info, elle est dispo ici). J’étais alors ravie d’apprendre que leur tournée en cours passerait par Lille (plus précisément, Wasquehal), pas très loin de chez moi. Ni une ni deux, ma soirée du 4 novembre venait de s’annoncer au Black Lab.

A la base, ce concert faisait partie de la tournée d’adieu de Punish Yourself, un groupe de metal indus toulousain formé en 1993. Une dizaine de dates à travers toute la France étaient prévues pour le dernier trimestre 2023, dont une grosse partie avec Carbon Killer et Shaârghot. Oui, mais voilà … Le 12 octobre, Punish Yourself annonce l’arrêt définitif prématuré de leur activité. Un communiqué officiel est paru la veille, mettant en lumière des témoignages sur les comportements déviants du groupe au début des années 2000. A peine commencée, cette tournée d’adieu s’arrête donc brutalement pour Punish Yourself.
On imagine bien que c’est le branle-bas-de-combat dans les organisations. Pour certaines dates, le groupe We Are Magonia prend la relève, pour d’autres, comme au Black Lab, seuls Carbon Killer et Shaârghot se produiront.
Les personnes ayant déjà acheté leur billet peuvent se faire rembourser. En revanche, aucune contrepartie n’est proposée pour ceux qui souhaitent tout de même se rendre au concert et, le prix des billets reste le même (quasiment trente euros).

4 novembre, 20 heures. Nous voilà au Black Lab à Wasquehal, près de Lille, pour l’avant-dernière date de la tournée ShaârghotCarbon Killer. C’est la première fois que je me rends dans cette salle rapidement devenue mythique dans la région. J’en ai entendu beaucoup de bien et j’ai hâte de voir de mes propres yeux.

C’est Carbon Killer qui ouvre la soirée avec un DJ set d’environ une heure. Alors clairement, je n’ai pas vraiment réussi à rentrer dedans. Disons qu’une heure, c’était peut-être beaucoup, surtout en première partie. J’imagine qu’il y a bon nombre d’heures de travail pour fournir une prestation de la sorte mais voilà … le DJ reste seul derrière ses platines et hormis les effets de lumière plutôt sympa, on a vite fait le tour. Le public reste attentif et participatif mais on sent bien que la suite se fait attendre. La veille, pour le concert à Paris, Carbon Killer avait sorti sa guitare, mais nous n’y aurons pas droit cette fois-ci. Dommage …

Fin du DJ set, les lumières se rallument et nous voilà accosté par une créature qui nous enduit le visage de peinture noire. N’ayant découvert Shaârghot que très récemment, je ne connaissais pas encore leurs coutumes. A l’image du reste de la foule, je joue le jeu avec grand plaisir.

Extinction des feux, les premières notes de l’intro de Shaârghot résonnent. A cet instant, je comprends que je vais assister à bien plus qu’un simple concert. C’est un véritable spectacle visuel qui m’attend. Les musiciens entrent en scène à tour de rôle sur un thème qui sent bon l’indus : répétitif, marqué, puissant, bref, un truc qui t’annonce la couleur pour la suite. Et c’est parti pour une heure de show dans un univers post-apocalyptique. L’accès à la mezzanine étant limité aux trois premiers titres, c’est là que je commence le concert, ce qui me laisse une vue imprenable sur le public délirant dès les premières minutes. En une dizaine d’années d’existence, les parisiens ont visiblement su former une véritable petite communauté pleinement admirative. Il y a un réel échange entre les musiciens et les spectateurs.

Shaârghot
Shaârghot

Le troisième album du groupe, intitulé “Vol III – Let Me Out”, est annoncé pour le 1er décembre. Cinq singles sont déjà parus ces deux derniers mois. Les quatre premiers (“Life And Choices”, “Great Eye”, “Red Light District” et l’hymne “Are You Ready”) sont parsemés dans la setlist de ce soir. Seul “Something In My Head” dévoilé au tout début novembre, en est absent. Des titres phares des deux albums précédents viennent compléter le répertoire, on notera notamment “Traders Must Die” avec un jet d’étincelles depuis la guitare, “Break Your Body”, ou encore “Shadows” qui clôture le concert en apothéose. Après un peu plus d’une heure de pure folie, Shaârghot quitte la scène sous une ovation.
Alors oui, j’ai été pas mal chahutée lorsque je me suis aventurée près de la scène pour prendre quelques photos. Le Black Lab ne dispose pas d’un photo pit, il a donc fallu se frayer un chemin parmi l’armée de “Shadows” en délire pour pouvoir s’approcher du Shaârghot et de ses acolytes. Ils étaient chaud bouillant là-dedans, je peux te dire que ça remuait. Tu vois un peu ta chaussette dans la machine à laver au moment de l’essorage ? Et bien voilà, j’étais cette chaussette que tu vois tournoyer à travers le hublot. Même si ça m’a fait galérer un instant et que j’ai pu craindre un instant pour mon matériel (enfin surtout pour les personnes qui auraient pu se prendre mon objectif dans le coin du nez), j’étais terriblement amusée par cette horde de gens déchaînés avec de l’huile noire étalée un peu partout sur le corps.

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Shaârghot

Je pense que Shâarghot restera pour moi l’une des meilleures découvertes de cette année. Je ne m’attendais vraiment pas à un show de cette ampleur et pourtant, de ce que j’ai pu voir comme photos/vidéos du concert de Paris qui avait lieu la veille, il manquait certains éléments sur scène, certainement par souci de place. Une chose est sûre, on me reverra très certainement parmi les “Shadows” un de ces jours.

Il reste un concert sur la tournée, ça se passe à Rennes le 25 novembre, toujours avec Carbon Killer et We Are Magonia (les infos ici). Si tu es dans le coin, n’hésite plus, prend ton billet, je te garantie que tu passeras un excellent moment.

Je remercie vivement Where The Promo Is et Base Productions pour l’accréditation. C’était un réel plaisir de shooter ce concert remarquable.