C’est sous un soleil de plomb au Hellfest 2019 que j’ai recontré Werther et Ritch de Dagoba. Deux personnes très sympathiques et qui savent vous mettre à l’aise en quelques secondes. On les sent passionnés par ce qu’ils font et, malgré un passé douloureux, leurs envies se concentrent aujourd’hui sur le futur ! « Black Nova » est, pour eux, un nouveau départ vers de grandes choses.

Salut comment allez-vous? Que pensez-vous de jouer ici, au Hellfest?

– Werther
C’est un grand honneur ! C’est la cinquième fois pour Dagoba. C’est toujours un immense plaisir d’être ici et on a beaucoup d’affection pour ce festival parce qu’il a marqué notre carrière. C’est le premier avec Ritch et le nouveau line up du groupe. Il a déjà joué au Hellfest avec son autre groupe, Déluge, il y a deux ans mais c’est un nouveau challenge et une belle édition. On est très contents d’être là cette année et on va proposer un show un peu unique. On a hâte d’être sur scène.

– Ritch
Oui, ça fait énormément plaisir de revenir ici. Je ne suis pas venu l’année dernière et je vois que ça a encore beaucoup changé en deux ans. Les infrastructures sont incroyables. L’affiche est complètement dingue. Je pense que aujourd’hui ça va être fou. On revient d’une grosse tournée en Asie où on a fait la Chine et le Japon. On a eu 36 heures de repos pour le décalage horaire mais on est complètement remonté à bloc ! On a bien dormi, on va commencer l’apéritif tranquillement et puis on va essayer de retourner tout ça. Et puis ensuite, moi en tout cas, je vais rester pour profiter du week-end avec tous les copains. Et comme tu dis Werther : C’est un honneur de venir ici.

Sur votre page Facebook, vous définissez « Black Nova » comme étant l’album le plus fort que vous n’ayez jamais réalisé. Est-ce vis-à-vis de la musique ou des thèmes abordés dans vos textes?

– Werther
Les deux. Je pense que cet album est un énorme challenge pour le groupe de par le passé, de l’histoire du groupe et de par les scissions qu’il y a eu. C’est un challenge; pas dans le sens artistique à proprement parler où il n’y avait pas de panne de composition mais je pense qu’il y a eu des commentaires qui étaient plus que négatifs et non justifiés. On a complètement assumé ce qui s’est passé et on est fiers de remettre le groupe plus haut que ce qu’il était auparavant. Je crois que c’est la plus belle victoire mais c’est sans amertume ni regrets. Il faut avancer. Et puis surtout, on a vraiment pu faire ce qu’on voulait de A à Z que ça soit en prod scénique, sur album, en enregistrement et en mixage : sur toutes les étapes de l’album. On était enfin en raccord avec ce qu’on voulait vraiment faire et on a voulu prendre une nouvelle orientation : changer de typo, … C’est un nouveau départ !

– Ritch
Moi qui suis là depuis une bonne année et demie maintenant et qui écoutais Dagoba depuis le collège, c’est vrai que l’on voit vraiment qu’avec cet album il y a eu un pas en avant monstrueux comparés à ceux d’avant. Au niveau de la production comme dit Werther, de la typo, de la mise en scène, … il y a énormément de maturité dans cet album. La ligne directrice est vraiment la bonne et c’est énormément de bonnes choses pour l’avenir.

 

Est-ce dû à un événement vécu ou à une volonté autre?

– Werther
C’est conplètement un évènement vécu. Il y a des métaphores tout le long des textes de cet album. Des choses ont été dites publiquement et on a préféré ne pas en parler ou rentrer dans des choses futiles du style : « Qui a dit ça? Qui a dit ça? » La première phrase d’ « Inner Sun » c’est « Stabbed in the back », poignardé dans le dos. Nous, on dit ce qu’on a à dire par la musique et par des textes. Shawter l’exprime très bien. C’est aussi histoire de mettre un point final et de repartir vers d’autres choses. On n’est pas dans le passé et le passé est derrière nous. On a une vraie envie de positif et d’avenir sinon on n’aurait pas fait un album, on n’aurait pas fait tourner et on ne tournerait pas comme on tourne. On revient juste d’Asie donc je pense qu’on n’a jamais eu autant de portes ouvertes, de concerts, de tournées, d’opportunités et de festivals donc c’est derrière nous. Tout le monde a la banane et c’est ça qui est le principal !

Qu’avez-vous fait différemment sur cet album par rapport aux précédents? Avez-vous modifié votre manière de travailler?

– Werther
Pas tant que ça. Ritch n’était pas sur la composition de l’album mais on ne l’a pas tant changé puisque Shawter a un home studio. C’est juste qu’on a eu moins de problèmes pour faire un album tout simplement. Quand on s’entend bien avec tout le monde ça va plus vite.

Comment s’est passé la collaboration et la rencontre avec Jacob Hansen (Volbeat) pour le mixage et le mastering ainsi que Seth Siro Anton (Septic Flesh) pour l’artwork?

– Werther
C’est une volonté de changer le son et d’avoir, comme pour la typo, quelque chose de neuf. Notamment par ses mix avec Volbeat mais aussi avec Epica, c’est quelqu’un qui est capable de gérer les parties symphoniques et les parties électroniques de manière assez pertinente. On voulait un oeil neuf par rapport à Logan Mader qui a fait du super boulot. On voulait quelque chose de neuf, de différent. Je pense que le son scandinave correspond bien aussi à Dagoba. Il y avait une envie d’avoir Jacob, de nouveaux sons et puis c’est une pointure aussi. Seth c’est quelqu’un avec qui on travaille depuis « Post Mortem Nihil Est » et qui a un univers; il est très noir. Nous, on lui demande des couleurs différentes d’où la cover de post-mortem qui est dans l’eau. On a toujours ce trait d’union avec l’eau : sur post mortem il y a de l’eau et sur Black Nova aussi.

– Ritch
Franchement je pense pas. Le groupe a, je pense, jamais été aussi haut dans la carrière de Dagoba. Donc il n’y aurait rien à refaire quoi. No Regrets! Et justement, comme je disais juste avant, la ligne directrice est là maintenant il faut la prendre et la peaufiner. Donc pour le prochain on va faire ça en mieux, pour celui d’après encore mieux et toujours aller plus haut et en mieux.

– Werther
Je pense que des erreurs on est obligé d’en faire. En fait c’est pas une erreur, c’est une prise de position et elle ne peut jamais être acceptée et comprise à 100% par tout le monde. Honnêtement, on assume à 2000% tout ce qu’on a fait. Si c’était à refaire, je referais la même chose. J’aurais même anticipé certaines choses. On est allé au bout de ce qu’on pouvait à un moment. Là maintenant, on lâche la bride.

Parmi vos albums, quelle est votre chanson préférée ? et pourquoi?

– Ritch
Alors moi, je suis un peu en décalage avec les vrais fans qui ont toujours adoré « What Hell Is About », « Post Mortem Nihil Est » ou « Black Nova ». Moi, mon préféré c’est l’album « Face the Colossus » que je trouvais, à l’époque, énormément avant-gardiste au niveau des samples, etc. C’est un album qui me parle et le morceau « Face the Colossus », le deuxième de l’album, est symphoniquement incroyable. Je trouve ça vraiment puissant !

– Werther
Au niveau composition, il y a quelque chose.

– Ritch
Ca part dans tous les sens; c’est ultra épique ! Je suis très fan de jeux vidéo, de films, de chevaliers et d’autres trucs.

– Werther
C’est marrant que tu parle de ça parce qu’en fait la pochette a été conçue par Cecil Kim qui était un concepteur de God of War. On était dans un trip très épique : on voulait mélanger du metal indus avec du metal très à l’ancienne façon Fear Factory, Machine Head, … Pour après s’ouvrir à quelque chose de symphonique. Le côté symphonique et épique venait du côté jeu vidéo et on a toujours eu un public qui est fan de jeux vidéo. Je vois, par exemple, que sur le dernier morceau « Stone Ocean » plein de gens font référence à Jojo. Donc on a toujours eu ce côté là. Il y a des geeks aussi dans le groupe. Et donc toi, ça serait « Face The Colossus ».

– Ritch
Moi ce serait plus celui là oui.

– Werther
Et moi je vais dire « Inner Sun ». Parce que c’est plus qu’un morceau, c’est un nouveau départ et c’est le premier de ce nouvel état d’esprit. C’est un truc qui nous a beaucoup touché, qui nous a beaucoup marqué. Les paroles sont assez fortes. Donc soit « When Winter… » qui est sur l’album « Post Mortem Nihil Est  » soit « Inner Sun » parce qu’il y a des refrains qu’on ne pouvait pas faire avant et que maintenant on peut faire.

Comment s’est passée votre tounée en Asie? C’était votre premier show en Chine, y-a-t-il une grande différence entre le public chinois et celui des autres pays asiatiques?

– Ritch
Oui honnêtement ça a été pour tout le monde. On avait notre guide du routard de l’enfer genre 1950 où tu t’attends à avoir des mecs en tuk-tuk qui viennent te chercher avec des rizières et tout. On est arrivé et on a tous pris une branlée. Pourquoi est ce qu’il n’y a que des tours de 700 mètres. Qu’est ce qui est en train de se passer ?

– Werther
Globalement, ça a été une branlée. Et ça n’a rien à voir avec tout ce qu’on peut comprendre du metal du monde occidental, du côté européen. C’est un nouveau marché en développement et ça n’a rien à voir aussi avec le Japon. C’est quelque chose de nouveau. Là ils sont ouverts depuis apparemment peu d’années… on a rencontré des expatriés français qui nous disaient : « Voilà ça fait seulement quelques années que le metal se développe un peu en Chine, vraiment accueillir des groupes un peu extérieur etc. » Je pense que c’est vraiment une carte à jouer sur l’avenir parce que c’est devenu la deuxième puissance mondiale. On s’en rend pas compte mais c’est vraiment incroyable ! Ils sont des
milliards. Les concerts c’était la folie. Les gens sont cinglés; ils sont heureux de voir ça. C’était vraiment incroyable!

– Moi
Qu’est ce qu’on a raté toutes ces années?

– Werther
Il y a un peu de ça mais en même temps je pense qu’ils n’étaient pas prêt avant.

– Ritch
En même temps j’aimerais bien être à leur place. Ça doit être génial de redécouvrir tout ce qui s’est passé en fait. Tu sais que t’as 50 ans de metal à rattraper. Avec Internet, tous les jours sont une découverte. Franchement, en y repensant, ça doit être très agréable d’être à leur place.

Vous avez visité la muraille de Chine, avez-vous eu le temps de visiter d’autres lieux/monuments?

– Ritch
Qu’est ce qu’on a vu à Wuhan ? Le temple du crâne jaune je crois. C’est un truc apparemment mythique. C’était incroyable tu avais une vue sur la ville… enfin la ville, sur l’espèce de mégalopole gigantesque de millions d’habitants. Tu sais la ville dont on n’avait jamais entendu parler et tu vois que c’est aussi grand que New York et tu fais : « Bon ok… »

– Werther
On a fait que des villes dont on avait jamais entendu parler ou alors on ne s’était pas intéressé à la Chine mais c’était quand même quelque chose de très très impressionnant. Ça a été une claque culturelle, musicale et ça nous a réappris ce qu’est le départ d’un truc quand tu commences une aventure musicale. Là c’était vraiment les prémices. Tout était à découvrir ou à redécouvrir. Pourtant, on avait notre équipe et deux gars du crew mais c’était quelque chose à faire ! Je resigne à 200% pour le refaire !

– Ritch
De même.

– Werther
Après le Japon, c’est très différent. On l’avait fait il y a deux ans. On y a déjà une fanbase, il y a déjà des gens qui viennent nous voir. C’est très différent.

Avez-vous des anecdotes insolites ou drôles à propos de cette tournée?

– Les deux
On peut pas les dire!

– Werther
On va dire qu’on a beaucoup mangé de spasfon et l’imodium a fonctionné à plein tube. Sinon le hot pot on va dire ! Le hot pot : on pose une énorme marmite avec de la mélasse épicée épicée épicée. On te dit que c’est le truc vraiment bas de gamme épicé c’est-à-dire le premier level et rien que le premier level tu es déjà mort. C’était quelque chose quoi !

– Ritch
Je ne veux plus en entendre parler ! (Rires)

– Werther
Après pendant quatre jours t’as tout le monde qui dit : « Plus jamais de trucs épicés de notre vie! Fini ! C’est terminé! »

Que pouvez-vous nous dire sur l’avenir de Dagoba?

– Werther
Alala, si on pouvait prédire l’avenir ! On est pas fatigué en tout cas ! Encore beaucoup de dates avant d’annoncer des albums ou des trucs comme ça. On a encore énormément de dates puisqu’on a des dates qui sont bloquées jusqu’à juin de l’année prochaine. On a beaucoup de festivals d’été en Août. Puis à partir de septembre on repart en France, Allemagne, … Il y a quelques dates intéressantes, des festivals, du indoor. On sait où on va, ça clairement ! Le gros avantage c’est que cette tournée « Warm Up » en partenariat avec le Hellfest a fait beaucoup de bien au groupe. Cela a ramené beaucoup de gens qui venaient plus voir Dagoba et qui se sont rendu compte que c’était cool et qu’on est toujours vivants.

– Ritch
Et en forme plus que jamais !

– Werther
C’était un beau partenariat et on a rencontré des belles personnes aussi. Il ne faut pas croire que le Hellfest n’est qu’un festival immense, c’est aussi une très très grande famille et la preuve c’était qu’on était 22 sur la route en avril et qu’on a passé 15 jours magnifiques. C’était une colonie de vacances. On tombe tous les uns dans les autres dans les bras.

Nous arrivons à la fin de cette interview et comme toujours, nous vous laissons les derniers mots de celle-ci.

– Ritch
En espérant vous voir nombreux parce que nous, en tout cas, on est bien chaud. On a plein de choses à faire, plein de choses à dire encore. La musique ça reste toujours un plaisir, un partage. Donc écoutez, chers lecteurs, on vous accueille avec plaisir les bras ouverts et les canettes ouvertes aussi.

– Werther
On se voit très bientôt en concert sur le Hellfest. On espère que vous allez passer un moment magique comme nous on va en passer un. On vous a préparé un show unique et on a hâte de se rencontrer et qu’on vous voit dans le pit. Et puis surtout kiffez la vie ! Tout simplement!


Vous voulez en savoir plus sur Dagoba?